-14G C I IA P . V. — D E Q U E L Q U E S O P IN IO N S M O R PH O LO G IQ U E S E T D E S .A NOM AL IES ,
à rameaux se développent immédiatement au noeud le plus rapproché de la niulilalion.
Le même fait se reproduit sur les tiges de l'E. trachyodon et sur celles de l'B. variegalum.
Si ces dernières sont atteintes à leur sommet par imo gelée tardive, elles produisent
immédiatement quelques rameaux. Les tiges d’B , ramosissimum coupées dans
les prés au mois de mai produisent, dos le mois suivant, aux noeuds inférieurs subsistants
une grande quantité de rameaux longs et grêles, qui ont un aspect cespiteux et
ont été pris plus d’une fois pour TB. variegatum'. Sur ces espèces ces rameaux
tardifs portent quelquefois des épis.
4" Tiges spicifères propres devenant rameuses vers le bas. — Ordinairement après
la sporose les tiges spicifères propres des B. arvense et maximum ne tardent pas à se
flétrir et à disparaître. Mais il arrive aussi que dans des lieux qui ont été inondés pendant
le premier printemps, la partie supérieure des tiges de la première espèce est seule
à se faner un peu; la moitié inférieure persiste en se courbant quelquefois légèrement.
Alors les bourgeons à rameaux qui, à Tétat expectant, existaient aux noeud.s inférieurs
se développent en rameaux de quelques cenlimètres de long. En même temps les
côles deviennent plus prononcées, et les stomates so développent dans les sillons qui
se colorent en vert. Les stomates sont disposés comme sur les tiges stériles ordinaires,
mais les cellules à chlorophylle ne conservent pas exactement la position qu’elles
occupent sur ces liges, et elles pénètrent irrégulièrement et quelquefois très-profondément
vers Tintérieur. J ’ai déterminé artificiellement la production de cette anomalie
®, et je Tai trouvée quelquefois aussi sur TB. arvense dans des prés d’Alsace;
elle est très-commune dans certaines localités d’Europe (Milde, Gef. Crypt. Schl.,
p. 422), mais comme elle dépend des circonstances extérieures, elle ne se produit
pas tous les ans dans les mêmes localilés. Quelquefois même elle existe sur un même
rhizome à côte d’une tige spicifère normale. Bischoff, qui, le premier, je crois®, a nettement
signalé et décrit cette forme (Krypt. Gew., p. 46), avait done eu raison de ne
la considérer que comme un état exceptionnel et accidentel. M. Milde (o. c., p. 421)
ne la regarde également que comme une forme passagère et non comme une variété.
■ On produit le fait à volonté sur toutes les espèces du groupe U y em a lia , en coupant la partie supérieure de tiges
placées dans un vase rempli d’eau. En 1856 j ’cn avais mis dans une belle d’herborisation avec de la mousse humide c l ,
après en avoir étudié quelques-unes, j ’oubliai les antres. Du 24 février au 27 mars elles produisirent des rameaux do
vingt à vingt-deux raillimètres. Je les mis alors dans un vase avec de l’eau, et en juin ces rameaux atteigiiaieut quinze
à dix-huit centimètres.
* Je prenais de bonne heure, et avant l’émission des spores, une tige spicifère d’£ . a rv en se avec son rhizome, et,
après avoir enlevé l’épi avec précaution et sans meurtrir les tissus de la partie inférieure, je plaçais cette partie et le
rliizome iodilïéremment dans de la mousse mouillée, ou dans de la terre très-humcclée, ou dans un vase ayant quatre
ou cinq centimètres d’eau, et au bout de vingt à vingt-cinq jours dos rameaux se montraient aux noeuds inférieurs.
L ’expérience ii’a jamais manqué.
■ Lcysser {H . /M . , n" 1019J el RoUi (T a it . ¡1. g e rm ., IV, p. 6) sembloiil bien mcnliouncr cette forme; mais leurs
expressions ne sont pas assez précises pour permettre une anirmatioii.
Elle a pourtant figuré comme telle plus d’une fois, sous les noms d ’irrigumi et de
frondescens. C’est à cette forme que M. Milde, après comparaison des éciianlillons
originaux (Gef Crypt. Schl.., p. 422), rapporte VE. riparüm Fries (voy. Dôll, Fl.
Bad., p. 58).
Sur TB. maximum la même anomalie se réduit à Tapparilion des rameaux, et les
entre-noeuds de la tige demeurent toujours sans stomates et sans chlorophylle. Elle
est très-rare sur cette espèce, du moins en France, car dans quelques contrées
d’outre-Rhin elle est si fréquente qit’elle semble la forme normale, et que c’est elle
que Roth etSclircber ont décrite sous lo nom d’B , eburneimi. M. Al. Braun Ta signalée
en J843 comme variété qu’il a nommée frondescens.
Cette anomalie se complique, mais très-rarement, d’une autre, consistant en ce
que ces rameaux anormaux se terminent eux-mêmes par de petits épis.
On conçoit facilement que cette anomalie ne se constate d’une manière bien tranchée
que sur les tiges spicifères propres des deux espèces précitées, attendu que ces
tiges sont ordinairement nues; mais le principe auquel elle se rattache, savoir le
développement des bourgeons qui se trouvent à Tétat expectant sous tous les noeuds,
occasionne à tout instant, sans qu’on les remarque, les mêmes faits sur les B . limosum,
palustre et ramosissimum.
Ce développement est même un fait constant et une loi sur deux de nos espèces,
B. sylvaticum et E. pratense; et, malgré cela, il détermine encore une anomalie sur
la première des deux, savoir l’apparition de rameaux immédiatement au-dessous de
Tanneau. Anomalie assez rare eu France, mais qui doit être bien plus fréquente en
Suisse, puisque M. Bernoulli, toujours si exact, mentionne la présence de rameaux
au-dessous de Tanneau comme un caractère distinctif de l’B. sylvaticum (Gef. Krypt,
Schw., p. 69).
5' Tiges ordinairement stériles devenant spicifères. — L ’anomalie précédente consiste
en ce que les tiges spicifères propres des B. arvense et maximum se revêtent,
contre Tordinaire, de verlicilles de rameaux. Celle-ci est précisément Tinverse, c’est-à-
dire que quelques-unes des tiges stériles des mêmes espèces, vertes, richement ramifiées
et d’une structure tout à fait normale, au lieu de demeurer stériles comme à
Tordinaire «sont terminées par des épis très-bien formés qui donnent des graines
«fécondes Quelquefois elles ont de plus leurs rameaux pourvus d’épis plus petits
«et fructifères» (Vaucher, Mon. Prêl., p. 364). Cet auteur n’avait vu cette anomalie
que sur des tiges d’B. maximum recueillies près de Berne. Je Tai trouvée sur l'B.
arvense près de Sclilestadt et de Strasbourg, et sur TB. maximum près de Lisieux.
Elle ne me paraît pas très-fréquente; quand elle se montre, elle est rarement aussi
simple que dans la description qui précède, et le plus souvent Tépi de la tige et ceux
des rameaux présentent encore les anomalies suivantes n“ 0 et 7,
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