leurs rameaux; mais ces archégones m’ont tous paru stériles. M. le docteur Milde a
constaté aussi que les cas de dioecie sont les plus ordinaires {Entw. Eq., p. 638).
M. Hofmeister, qui avait remarqué des archégones sur un sujet chargé d’anthéridies !
a constaté et expliqué le fait en ces termes : «Les prothallium de YE. arvense montrent
une tendance tout à fait marquée vers la dioecie. Les individus qui portent des anthé-
ridies en sont richement pourvus; ils n’ont point d’archégones ou n’en ont que très-
tard et isolément sur des rejetons qui paraissent après coup sur les vieilles parties du
prothallium, el qu’il est permis de considérer comme des individus propres» {Keim
By., 1852, p. 387). J ’ai pu moi-même constater plusieurs fois celte différence d’âge
évidente entre l’ensemble d’un sporophyme el un rameau de même sexe ou de sexe
différent. Ces rameaux, qui naissent tardivement sur de vieux sujets dont la partie
inférieure et conliguë au sol est à moitié détruite, sont tout à fait analogues à ces
expansions cellulaires qui naissent aux bords des vieux sporophymes de Fougères. On
peut bien « les considérer comme des individus nouveaux» (Hofmeister, Kenntn. Gef.
Crypt., p. 170); mais il est moins facile de s’expliquer comment ils sont d’un sexe
différent'.
Le voisinage immédiat ou l’entrelacement des rameaux de sporophymes de sexe
différent, conséquence de la réunion ordinaire des spores par l’enchevêtrement de
leurs elateres, remédie à l ’obstacle que la dioecie semblerait apporter à la fécondation
des archégones par les spermatozoïdes. Grâce â cette intimité de voisinage, une goutte
de pluie ou de rosée permet aux spermatozoïdes de gagner par leur mouvement de
natation les archégones qu’ils ont à féconder, et le rapprochement est encore facilité
par la force d’éjaculalion qui les lance, même sur le porte-objet, jusqu’à deux millimètres
de Tanthéridie.
Maintenant comment les spermatozoïdes pénètrent-ils dans Tarchégone pour y
exercer la mystérieuse influence fécondatrice? C’est ce que je n’ai pu voir. Je les ai
bien vus sortir des anthèridies avec plus de vigueur et de spontanéité le matin et le
soir, aux heures de la rosée nécessaire à leurs mouvements de translation, rosée que
je remplaçais par une goutte d’eau; j ’en ai vu un grand nombre se présenter à Torifice
évasé de Tarchégone et s’y attacher par leur extrémité filiforme; j ’en ai trouvé de morts
’ M. Hofmeister, après avoir constaté les différences de vigueur et de couleur qui permettent à un oeil exercé de distinguer
du premier coup les sporophymes mùles des sporophymes à archégones, expose qu’il «y a identité de grosseur
entre les spores d’où naissent des prothallium mâles et celles qui se développent en prothallium femelles. » Puis le
meme savant ajoute : . Les influences extérieures me paraissent avoir une certaine action sur le sexe du prothallium
en voie de germination. Un lieu plus sec, plus éclaire paraît sur l ’E . a rv en se favoriser le développement d ’anthé-
ndies. {K e n n tn . Gef. C r y p t., p. 171). L ’observation ne m’a rien appris sur ce point; j ’incline volontiers à croire
que l’action des circonstances extérieures se borne à arrêter ou à favoriser le développement des sporophymes de l’un
ou de l ’autre sexe, dont la vigueur est d’ailleurs si différente, sans aller jusqu’à une influence de détenninalion de
sexe sur un sporophyme en végétation.
: . L L ,
dans le canal du col, mais je n’en ai jamais vu au moment de leur entrée ni observé
de vivants dans le canal qui conduit à la cellule reproductive.
Les premières modifications qui suivent la fécondation consistent : 1" en une augmentation
du volume de la cellule reproductive; 2» dans la disparition de son
nucléus; 3” dans la multiplication des cellules du tissu qui Tenveloppe, multiplication
qui rend ce tissu plus serré et amène Tocclusion de la base du canal du col. A ces
changements succèdent ceux de la cellule elle-même. Elle contient trois ou quatre
nucléus (pl. X , fig. 7), qui aboutissent presque simultanément à sa division en trois
ou quatre cellules, dont une supérieure séparée par une cloison qui paraît plus ou
moins oblique sur Taxe de Tarchégone, et deux ou trois inférieures séparées au moyen
de cloisons presque perpendiculaires à la première (pl. X , flg. 8 et 9).
Quand le développement de la cellule reproductive est normalement établi, le col
de Tarchégone paraît frappé de mort, et les parois de son canal prennent la couleur
feuille-morte ou roux brun qui distingue sur les sporophymes les organes qui ne fonctionnent
plus, comme les anthèridies vides et toutes les cellules où la vie s’est arrêtée.
Les quatre cellules terminales, longues et recourbées, deviennent flasques, se
détachent des autres et tombent'; le col entier s’affaisse, se déforme plus ou moins
et se colore légèrement en brun aux commissures de ses cellules.
Les archégones non fécondés, et ce sont de beaucoup les plus nombreux, se déforment
moins, mais ils subissent dans leur aspect des changements de coloration
plus prononcés encore. La cellule ventrale et son contenu, la paroi des cellules du
tissu ambiant qui forme le ventricule, le canal du col se colorent en roux très-foncé ;
les longues cellules terminales tombent Tune après Tautre, et les faces supérieures
des quatre cellules du col qui les supportaient, se colorant en roux très-foncé, offrent
ainsi Taspect d’une rosace quadrilobée. Cet ensemble de parties colorées constitue ces
petits matras si reconnaissables que j ’ai dû commencer par décrire, parce que ce sont
eux que Ton voit d’abord le plus facilement, et que, je le répète, ils indiquent la
région où Ton doit chercher les archégones en voie de formation, toujours beaucoup
moins apparents.
Dans sa Description des archégones de TE. Telmateia, M. Milde place ces organes
(isur le bord d’une excroissance à petites cellules, moins divisée, mais plus foliacée
que le proembryon à anthèridies, » et les décrit comme composés « à Tétat parfait de
huit cellules» (Arch. Eq. Telm., p. 497 et suiv.). Ces expressions et les figures à
l ’appui pourraient faire croire d’abord que la forme des archégones varie notablement
• La chute de ces cellules terminales offre une remarquable analogie arec ce qui se passe sur les anthéndies et si
les archégones d’autres cryptogames. . Au moment où l'ovule (de Panlhéridie) se rompt pour chasser son contenu, o
“ voit des cellules se détacher de l’orifice nouvellei . etc. (W. Ph. Schimper, S p h a g ., p. 42) Les cellules
«du sommet (des archégones) se gonflent.... quelques-unes se détachent complètement et tombent» (o. c., p. 48).