premières anthèridies ont para, il convient d'arroser Irès-légèrcmcnt matin et soir lo
vase mléneur, alin de remplacer l’eflet de la rosée qui permet aux spermatozoïdes de
pgnor par leurs mouvements de natation les archégones qu’ils ont à féconder. Comme
a partir de l’arrosage direct les cryptogames paraîtront en abondance, il est bon de
les enlever de temps en temps au moyen d’une loupe et de pinces très-fines, en ayant
soin de ne pas ébranler les sporopliymes, car il vaut mieux laisser les plantes étrangères
que de déraciner les sporopliymes en enlevant le reste. M. Hofmeister fait connaître
qu’il a employé avec succès des arrosages d'eau froide longtemps prolongés pour
debarrasser ses semis de l ’envaliissement des algues (Kenntn. Gef. Krypt., p. 169).
I l est bon de semer les spores assez dru. Semées clair, elles se développent bien,
mais dessporopliymes isolés risquent de ne pas être fécondés, parce que les sperma:
fozoïdes ne peuvent pas aller sur des pieds que ne couvrirait pas une même goutte de
rosee. Le rapprocliement forcé des spores par l’enchevêtrement de leurs élatères au
moment de l ’émission indique assez d'ailleurs qu’il est dans leur nature d’être
semées dru.
H faut faire remarquer ici quelques différences entre le développement des spores
semées sur l’eau et celui des spores semées sur la terre. Le développement des premières
est plus rapide, et des spores â'E. palustre, semées sur l’eau le 8 septembre 1859, avaient
déjà vingt-quatre lieures après une radicelle égalant la longueur des cellules. Le troi- '
sieme jour, le plus grand nombre des sporophymes offraient deux cellules presque
cote a cote (pl. IX , fig. 14 hs), et une très-longue radicelle; ceux qui s’étaient développés
au fond de l’eau, ne se distinguaient des autres que par la direction oblique
de leur longue radicelle. Les spores du même épi, semées sur terre au même moment,
se développèrent moins rapidement, et le plus souvent elles se multipliaient
en deux ou trois cellules avant d’émettre une seule radicelle. Rarement elles débutent
par la forme citée ci-dessus, mais elles offrent des cellules disposées en ligne les
unes au-dessus des autres (pl. IX , fig. 14 a, b, c, d). La seconde cellule, je veux
dire celle superposée à la cellule d’où sort la radicelle, est ordinairement plus longue
que les autres et moins chargée de chlorophylle.
Le développement ultérieur présente des différences plus considérables, en ce sens
que les semis sur terre produisent des sporophymes à expansions foliacées décrits
p. 96 à 99 et figurés pl. IX , fig. 17; tandis que les semis sur l ’eau ne donnent guère
que des sporophymes grêles, filiformes, à ramifications composées de un ou de deux
rangs de cellules. Ils sont aussi très-irréguliers, couchés, courbés à angle droit etc
(voy. pl. IX , fig. 18).
Lorsque mes jeunes plantes ont acquis deux ou trois centimètres de long, je les
transplante dans un petit pot que je renferme toujours dans un plus grand, et je les
laisse passer l’hiver dehors à la neige el à la gelée, ce qui ne paraît les gêner en rien.
car dès le mois do février les jeunes pousses se montrent déjà. Du 15 avril au 1 " mai
je les mets dans des vases plus grands et plus profonds, de manière à ce que plus
tard, en enlevant un peu de terre sur les côtés de la masse isolée par le renversement
du vase, on puisse observer à faise la direction descendante des tiges souterraines ou
rhizomes, la production des tubercules, l ’extrémité des racines etc. Au mois de juillet
ils ont des centaines de petites et de grosses tiges, je les mets alors en pleine terre.
Je donne ci-dessous les dates auxquelles m’ont apparu les principales phases d’évolution,
à Strasbourg, en 1859. Les dates des autres années ne diffèrent pas sensiblement.
l " mai. Semis des spores de l’B . arvense.
5 juin. Apparition de grosses cellules terminales.
8 » Division en cellules longitudinales.
16 » Apparition de petites cellules cubiques.
20 » Des globules libres apparaissent dans les anthèridies.
25 » Vu une émission de spermatozoïdes.
Jusqu’au 13 août revu sans interruption la reproduction des phénomènes
précédents.
6 juillet. Vu le premier archégone de ce semis; il était déjà trop avancé.
18 » Vu la première jeune plante.
Jusqu’au septembre revu des archégones.
22 et 23 septembre. Revu des spermatozoïdes sur un sporophyme tardif du même
semis.
Les jeunes tiges se sont fanées le 8 novembre; elles avaient de huit à douze centimètres
de long.
§ 6 . Historique
11 est inutile de chercher les traces d’une théorie de la reproduction des Equisetum
dans les ouvrages des anciens botanistes. Ne connaissant pas encore le mode de fécondation
des végétaux phanérogames, ils se préoccupaient peu de la génération de ceux
que Linné appelait plus tard cryptogames, par cette seule raison, toujours valable,
que « eorum fructificationes oculis nostris se substrahunt et structura ab aliis diversa
«gaudent» (Gen. plant, post tilulum clas. XXIV).
Cependant dès 1583, Cesalpino, dans son traité De plantis, avait écrit les lignes
suivantes en tête du chapitre consacré au genre Equisetum : « Equiseti genera, quam
«vulgo Asprellam vocant, peculiarem constitutionem sorlita sunt.... Pleraque sine
«fructu sunt.... quæ fruetum ferunt, in cacumine capilulis oblongis congeslum
«habent, granis nigris, asperis et farctis constantem, sine ullo flore» (lib. X\T,
cap. 15, p, 598).