C H A P . IV . — H E PH O D U C T IO N .
radicelles simples et transparentes du sporophyme. Comme les racines ordinaires
des rhizomes, elle se compose d’un épiderme très-distinct, à cellules longues,
tétragonales, à parois lisses et brunâtres, donnant naissance à des radicelles plus
nombreuses et plus petites que les radicelles ordinaires des sporophymes (pl. X ,
fig. i d). Au-dessous de l’épiderme est un cylindre de cellules moins fortes, moins’
longues, au milieu desquelles s’étend, mais non jusqu’à l ’extrémité, un faisceau de
vaisseaux spiro-annulaires, toujours incomplètement formés, dont les anneaux vont
en s’espaçant de plus en plus et finissent par disparaître en se rapprochant de l’extrémité
inférieure, laquelle est recouverte d’une piléorhize. Il y a donc, à tous égards,
identité entre cette racine et les racines ordinaires des rhizomes.
Le sommet végétatif du rejeton latéral ressemble également de très-honne heure,
tant par sa forme que par sa loi de multiplication, au sommet végétatif d’une tige
d’Equisetum adulte. On y distingue avec netteté la grande cellule terminale et le mode
de division qui détermine l’agencement des cellules de second degré en ceintures circulaires
superposées. E t aussi de la même manière que sur les bourgeons naissants
des plantes adultes, il apparaît au-dessous de la petite masse cellulaire terminale un
bourrelet annulaire de deux couches de cellules, et sur ce bourrelet se montrent trois
inégalités, lesquelles sont le point de départ des dents de la première gaîne dont le
bourrelet était la première apparition (pi, X , fig. 10 b). Cette première gaîne n’est
qu une game basilaire, ainsi qu’on peut le reconnaître plus tard à ses dimensions
définitives, à sa contexture et à sa couleur (pl. X , fig. 1 f) . E l enfin les mêmes lois
dévolution président à l ’apparition des autres entre-noeuds de la Jeune plante
I l est très-facile de suivre sur les jeunes plantes de quelques millimètres de long
la formation des vaisseaux, et de voir dans les cellules apparaître des anneaux isolés
et espaces, entre lesquels il s’en développe d’autres, jusqu’à ce qu’après la résorption
des extrémités des cellules ils constituent un tout régulièrement espacé. La petite
tige, constamment formée d’entre-noeuds à trois côtes et dès lors de gaines à trois
dents, contient trois faisceaux vasculaires, dont la position répond à celle qu’ils
occupent dans les plantes adultes. La jeune racine, comme la racine des sujets
adultes, n en présente qu’un seul, central et composé de deux ou trois vaisseaux inégaux
en grosseur.
Il m’a paru important d’opérer des coupes pour reconnaître le mode de transition
es faisceaux vasculaires de la jeune tige au faisceau de la racine, et ces coupes m’ont
permis de constater qu’à la région où cessent les faisceaux de la tige et où commence
celui de la racine, il n’y a pas continuité des premiers au dernier, mais bien une
interruption constituée, comme dans les noeuds d’une plante adulte, par un petit
plan de courtes cellules rayées ou spiralées (pl. X , fig. 12). Ce plan est oblique, et
son obliquité repond à celle qu’a dû prendre le pseudembryon.
L ’ensemble de ces faits nous révèle :
1“ Que la disparition du pseudembryon ou axe primitif n’est pas si complète qu’elle
le semble d’abord ;
2“ Que ce qui a complètement cessé d’exister est seulement le sommet végétatif
de cet axe primitif, mais que le développement de sa masse cellulaire centrale et de
sa moitié inférieure a constitué un véritable noeud, offrant, coirime'oeux'd’une plante
adulte, de courtes cellules rayées;
3" Que de ce noeud persistant sont issus deux appendices latéraux ; d’une part, un
rameau qui a été la première tige, et, de Taulre, la première racine;
4» Que ces deux parties, la petite tige et la première racine, ne sont pas des parties
d’un seul et même verticille.
En effet, comme nous Tavons vu p. 4,10 et 70, les racines de la plante adulte,
quelle que soit la région où elles apparaissent, rhizome ou partie inférieure des tiges
aériennes, n’occupent jamais la place des rameaux articulés ni celle des tubercules,
mais elles émergent un peu au-dessous, constituant ainsi aux noeuds un double
verticille d’appendices latéraux. La première petite tige n’est qu’un des rameaux du
premier verticille, qui doit se développer au noeud primaire que constitue la partie
centrale du pseudembryon, et la racine, en apparence opposée, est la première du
verticille de racines infraposé. Comme la première tige prend la direction verticale
ascendante, en même temps que la première racine prend la direction verticale descendante,
la masse du pseudembryon, cédant à cette double traction, s’incline
presque horizontalement, et son noeud central prend une direction rapprochée de la
verticale. Il suit de là ;
1“ Que lorsque plus tard naîtront du même noeud des bourgeons adventifs, appartenant
au même verticille, ceux qui apparaîtront à côté de la première tige seront
forcés de prendre une direction plus ou moins horizontale;
2» Que celui qui sera opposé à la première tige et superposé à la première racine
sera forcé de prendre sa direction et son extension plus ou moins au-dessous de la
surface du sol, sinon tout droit en bas. I l formera ainsi le premier rhizome qui
assure la pérennité de la plante. C’est aussi ce qui arrive; et tout rejeton latéral,
souterrain ou aérien, qui succède au premier, est ordinairement plus vigoureux
que lui.
Bischoff, dans son excellent mémoire Sur le développement des Equisetum provenant
des spores, avait remarqué la production des tiges nouvelles autour de
la première tige, et la différence de grosseur «entre ces nouveaux rejetons qui
se dirigent vers le sol et la première tige qui reste toujours grêle dans son développement
» (Entw. Eq., p. 790). Mais de ce que ces tiges prennent quelquefois
une direction assez inclinée pour paraître s’enfoncer verticalement dans le
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