72 CHAP. m. — FORMATION ET DÉVELOPPEMENT DES DIVERSES PARTIES,
dit, simultanément vers le même point et à une distance relativement assez considérable
(trois à cinq millimètres) de l’extrémité de la racine et bien avant d'atteindre
la limite d’exfoliation de la piléorhize. Mais si la racine est vieille et qu’avec l’âge le
tissu lâclie de la piléorhize se soit détruit, le faisceau fibro-vasculaire et les fibrilles
radicellaires arrivent alors tout contre cette oxlrérailé dénudée (pl. I I , lîg. 24). Cette
corrélation intime démontre une fois de plus le rapport étroit que Link avait supposé
entre les fonctions des vaisseaux et celles des fibrilles, organes d’absorption. On voit
en même temps que l’extrémité de la racine ne devient propre à l’absorption que
quand elle est dépouillée do la piléorhize, et que cette fonction ne peut s’exercer,
lorsque cette région est recouverte par un tissu dont les couclies extérieures sont
vieillies, disloquées et enduites du mucilage visqueux qui semble résulter de leur
décomposition et, en tout cas, s’oppose à tout acte d’absorption par la région qu’il
recouvre. Les véritables organes d’absorption sont les fibrilles, d’autant plus nombreuses,
plus courtes et plus fortes, que l’espèce croît dans un terrain moins humide;
diminuant en nombre et s’allongeant aux dépens de la force sur les racines des espèces
aquatiques (E. limosum ,p \. I I , fig. 25). Je n’en ai point vu sur les cellules extérieures
de la piléorhize comme MM. Carreau et Brauwers l’ont vu sur la couche exfoliable du
Sinapis nigra L. {Aoc. rad., p. 189). La piléorhize paraît n’être qu’un organe protecteur,
suppléant, sur ces racines, les gaînes qui, sur les rhizomes, recouvrent et protègent
les cellules délicates du sommet végétatif.
La dissection d’un bourgeon de racine naissant et réduit à ses premières cellules
ne m’a permis de voir qu’un amas confus de cellules, dans lequel il m’a été impossible
de me reconnaître. A un état plus avancé, alors que la poinle du bourgeon a déjà
soulevé l’épiderme du rhizome sans l ’avoir disloqué, j’ai pu distinguer nettement une
piléorhize bien constituée, mais je ne l’ai point vue entourée de matière mucilagineuse,
non plus que sur des racines ayant quelques millimètres de long el dont la piléorhize
ne commence pas encore à s’exfolier. L ’apparition de ce mucilage accompagne donc
l’exfoliation des premières cellules sur des racines ayant au moins six millimètres.
Il contient toujours des fragments de cellules et de très-petits granules mis
en liberté par la désorganisation des cellules. Il résulte d’abord de tout cela que cette
matière mucilagineuse, regardée par plusieurs auteurs comme une excrétion, paraît
provenir de la décomposition des cellules extérieures de la piléorhize; que, au lieu de
considérer avec Link les cellules isolées qu’elle contient comme des organes en voie
de formation, il convient de les regarder comme des cellules désagrégées en voie de
• décomposition, et qu’enfin ce n’est point à l’extrémité absolue de la racine qu’il faut
chercher le point de formation et de multiplication de ses tissus.
Mais, par cela seul que capoiiit de végétation n’est pas terminal comme à l’extrémité
d’une tige, sa détermination exacte et celle du mode de multiplication devient d’une
§ 3. — D E S R .A C IN E S . 73
difficulté extrême. Les cellules de celte région sont très-petites, très-serrées, à parois
confuses et comme mal déterminées, toutes chargées de granules amylacés soit uniformément
épars, soit plus souvent agglomérés en plusieurs amas et qui, en tout cas,
interceptent le passage de la lumière. Elles renferment de grandes vésicules nucléaires,
ou quelquefois des espaces sans granules, qui'simulent des nucléus ; et jamais je n’ai
pu parvenir à voir distinctement dans la cellule ou les cellules centrales, une disposition
déterminée des vésicules nucléaires qui en commencent la multiplication. Aussi
me bornerai-je à décrire et à figurer les apparences qu’offrent les coupes d’une
extrémité de racine bien développée, à constater ainsi ce qui est fait, sans avoir vu
comment cela s’est fait.
Les fig. 21 et 22 de la pl. I I , très-fidèlement copiées au moyen de la chambre
claire, nous offrent deux séries de couches cellulaires bien distinctes en ce que les
courbes qu’elles forment sont en sens opposé : les unes, plus intérieures, ayant leur
convexité vers les tissus du corps de la racine; les autres, plus extérieures, vers la
pointe. Ces dernières, par leur aspect hyalin , leurs plus grandes dimensions surtout
en longueur, se distinguent au premier coup d’oeil des couches plus intérieures;
toutefois cela n’est exactement vrai que pour les plus extérieures; à mesure qu’elles
se rapprochent de l’intérieur, leur dimension et leur transparence diminuent, elles
ressemblent aux autres, et la différence dans la direction des couches permet seule
de les distinguer. De plus, sur une racine en bon état de développement, 1 union du
tissu intérieur et de la piléorhize est si intime que cclle-ei ne saurait se détacher corn,
plétement et nettement, sans enlever quelques cellules de l’extrémité sous-jacente
ou sans y laisser adhérentes quelques-unes de ses plus intérieures. C’est donc incontestablement
à ce point d’union intime, centre des courbes opposées, que se trouve
le foyer de multiplication, le point végétatif, où prennent naissance, pour se développer
en sens inverse, d’une part, les tissus permanents de la racine, d’autre part, fenve-
loppe qui les protège en se renouvelant constamment.
Les cellules qui naissent vers la racine constituent son accroissement en longueur
par leur multiplication ultérieure et par des modifications analogues à celles que
nous avons constatées ailleurs ; elles aboutissent à constituer les tissus de 1 épiderme
et ceux du faisceau fibro-vascuIaire.
Celles qui naissent vers l’extérieur, ou mieux vers la pointe , sont refoulées en avant
et latéralement par les multiplications qui s’opèrent incessamment au centre végétatif.
A mesure qu’elles s’en éloignent, elles s’accroissent en tout sens; impropres à tirer
du dehors leurs éléments nutritifs, elles absorbent les granules qui les remplissaient
et deviennent plus transparentes. Celles d’entre elles qui sont latérales et appliquées
contre l’épiderme (pl. I I , % . 22 c’) s’allongent considérablement, et d'aulant plus
qu’elles sont plus éloignées de l’extrémité absolue, soit par l’effet de leur propre