l'épiderme ou dans la carapace avec l’acide silicique » (Epid. ti. Spalt. Eq., p. 397). 11
se pourrait aussi que l ’effet observé fût dû simplement à la présence sur la surface
rugueuse des Equisetum de quelques grains de poussière calcaire ; car l’effervescence,
quand elle a lieu, cesse de suite, et, d’autre part, il m’a été impossible d’en constater
la moindre trace sur Tépiderme de jeunes sujets élevés sous cloche.
Cet encroûtement siliceux n’est jamais, comme la cuticule, d’une épaisseur uniforme;
néanmoins je n’ai pu y découvrir aucun signe de structure organique proprement
dite. Quand on Tisole par une longue macération, par Tincinéralion de Tépiderme,
ou parTébullition dans Tacide sulfurique, on y constate les modifications
suivantes. La surface intérieure porte le plus souvent, mais non toujours, l ’empreinte
des parois ondulées des cellules et des stomates. La surface extérieure n’est que rarement
unie; le plus ordinairement elle est toute parsemée de petits mamelons obtus
répandus sans ordre sur toute la surface [E. arvense), ou situés au-dessus des sinuosités
des parois latérales des cellules (E. arvense, littorale, limosum, palustre ; ph III ,
fig. 2, 7). Ils forment aussi des lignes transversales peu régulières (B. arvense, pa lustre);
ou bien ils sont disposés concentriquement soit autour de plus gros mamelons
très-saillants (B. sylvaticum, pl. I I I , fig. 7 ) ,soit autour de certains espaces circulaires
dépourvus de points (B. arvense, pl. I l l , fig. 3, 15); soit autour des stomates
et sur eux (pl. I I I , fig. 3); ou bien encore il n’y a presque pas de points en saillie et
ces espaces circulaires sont si minces et si transparents qu’ils simulent des lacunes
(B. arvense, palustre, limosum, littorale etc.). Ces espaces circulaires sont toujours
vers les extrémité des cellules épidermiques et exactement au-dessus de leur surface
externe, jamais au-dessus des cloisons de séparation (B. arvense, pl. I I I , fig. 3 , 15).
I l est difficile de ne pas reconnaître dans ces mamelons arrondis et dans leur disposition
en cercles concentriques la tendance de la silice à se déposer en zones concentriques.
On trouve des dispositions tout à fait analogues dans les couches siliceuses
qui ont pénétré le test des coquilles fossiles*.
Les Equisetum du troisième groupe ont souvent sur les côtes des saillies siliceuses
contiguës disposées en lignes transversales ; mais c’est surtout dans le groupe des
Hyemalia que ces saillies transversales prennent sur les côtes une épaisseur très-considérable.
Elles y constituent de véritables gibbosités coniques, à sommet émoussé
(pl. I l l , fig. 10 bis), visibles à Toeil nu, et elles donnent aux espèces de ce groupe
celte rudesse toute particulière qui les rend un objet de commerce. Souvent sur les
B. hyemale et trachyodon cet encroûtement n’est pas seulement superficiel, mais à
certains points il pénètre à l’intérieur de la tige, entre les tissus. Ces points sont lou-
' Voy. Alex. Brongniart, art. Silex du D ic t. sc. n a l. de Levrault, tom. X L IX , p. 169 et suiv. ; pl. V I , VU d. minéral.,
59« cah., et aussi A m i . sc . n a l . , tom. X X I I I , p. 166 , pl. V I , f. 1-3; pl. V I I , fig. 1 , 2 , 4 ; J . Duval-Jouve, D é lem n ite s
de s B a s s e s -A lp e s , p. 25.
jours reconnaissables sur les vieilles liges à ce qu’ils sont noirs à Textérieur et indiquent
une lésion. Si sur ces points on dissèque le sujet, on y trouve un cône siliceux,
irrégulier, dont la base adhère à la croûte antérieure et dont la poinle est dirigée
vers l’intérieur. Il parait qu’à la suite d’une lésion les parois cellulaires disloquées ou
mises à nu ont été le siège d’une sécrétion plus abondante, mais que Tinduration de
la croûte siliceuse précédemment sécrétée n’a pas permis Tissue à Textérieur de la
nouvelle sécrétion, refoulée ainsi vers l ’intérieur entre les cellules. J ’ai fréquemment
obtenu de ces cônes siliceux ayant plus d’un millimètre et demi dans chacune de
leurs dimensions. Ce fait si constant el si facile à reproduire à volonté, en meurtrissant
sur un point les cellules de Tépiderme, ou en les disloquant par une brusque
courbure, ne m’a pas permis un doute sur la nature de cet encroûtement, comme
dépôt de substance sécrétée par les cellules épidermiques. Je crois donc que la silice
entre dans la plante à Tétat d.’acide libre, dissoute dans Teau de végétation ; qu’elle se
dépose à la surface externe des cellules de Tépiderme et s’y accumule avec Tâge, par
suite de l’évaporation dont Tépiderme est le siège. M. C. Sanio, après avoir rappelé
quelques-unes des particularités d'aspect que présente la «carapace siliceuse », ainsi
que les empreintes des cellules épidermiques sur cette carapace, ajoute : «Tout cela
paraît prouver que Tacide silicique n’estpas simplement sécrété à lasurface des cellules,
mais qu’au contraire celte substance s’est déposée dans la paroi la plus extérieure des
cellules de Tépiderme, après quoi la substance organique paraît avoir disparu plus
tard» (Epid. u. Spalt. Eq., p. 400). Il me semble que les empreintes des cellules sont
une simple conséquence de ce fait que Tacide silicique s’est moulé sur les cellules en
se solidifiant. D’autre part, les innombrables modifications que présente cet encroûtement,
variables avec son épaisseur, mais toujours en rapport avec les formes générales
qu’affectent les dépôts de silice, semblent prouver avec la plus complète évidence
qu’il y a là simple sécrétion, encroûtement avec modifications se rattachant aux lois
générales des dépôts siliceux.
Un motif de croire que cette croûte siliceuse n’est qu’une sécrétion qui se dépose
et s’accumule par effet d’évaporation à la surface libre des cellules, se trouve pour
moi dans le fait suivant. Les cellules des stomates n’ont que leur partie centrale à
Tair libre; à leur pourtour elles s’enfoncent plus ou moins sous les cellules épidermiques
contiguës. Or la croûte siliceuse, qui recouvre les stomates, n’en recouvre
que la partie libre et ne pénètre point entre eux et les cellules contiguës* ; mais elle
s’étend, sous forme de plaque mince hérissée de saillies plus ou moins fortes, dans ia
fente longitudinale qui constitue l’ostiole des stomates. Ce fait, constaté par M. C.
’ A moins que, par exception, les cellules épidermiques ne se soulèvent un peu et ne laissent de l ’air entre elles et les
cellules stomaliques, comme dans les cas que M. C. Sanio cite ^ur V E . p r a te n s e (E p id . u . S p a ll. E q - , p. 405).