Elles ont le plus souvent la surface parsemée de ces granules moléculaires mentionnés
tant de fois. M. Hofmeister dit que leur surface est finement granulée, «feingekôr-
nelti (Vergl. Outers., p. 99); malgré mes efforts je n’ai rien pu voir de semblable.
Ainsi que le fait observer M. J. Henderson {Reprod. Eq., p. 574), les spores très-
mûres et non humides ont la surface comme un peu ridée ; humectée d’une goutte
d’eau, la spore redevient lisse et unie, et, en même temps, se gonfle jusqu’à dépasser
d’un quart son diamètre à Tétat sec.
Hedwig non-seulement avait affirmé que les spores ont un stigmate en forme de
papille «stigmate apiculala,» mais il avait figuré ce prétendu stigmate (Theor. gen.,
p. 33, tab. 1). Biscliofif reproduisit la même assertion et le même dessin {Krypt, Gew.,
p. 32; pl. IV, fig. 16, 1828), tout en faisant remarquer tq u e ce petit bouton obtus est
« à peine sensible, mil einem kaum bemerkbaren slumpfen Knôpfchen. » Plus tard,
dans ses Remarques sur le développement des Equisetum (1853), ce consciencieux
savant exposa que, par suite de la faiblesse de son microscope, il s’était fié aux figures
données par Hedwig, mais que depuis, avec un excellent microscope moderne, il
avait reconnu que les spores sont exactement globuleuses et ne présentent pas d’émi-
nence {Bemerk. Eq., p. 105).
Le même botaniste avait également décrit et figuré «Tépiderme des spores écrasées •
comme se déchirant suivant la direction d’une ou de plusieurs stries qui aboutissent
à une tache transparente, limitée par des lignes sombres ; ces stries paraissaient dessiner
les parois des cellules dont Tépiderme des spores est composé» {Krypt. Gew.,
p. 40, pl. IV, fig. 18); mais dans son travail de 1853, cité plus haut, il reconnaît
encore que Tépiderme des spores n'est pas composé de cellules comme il l’avait
d’abord pensé'.
En effet, la membrane de la spore est, d’une part, sans aucune éminence, et de
Tautre, non composée de cellules; mais elle n’est pas unique, et il y a, au contraire,
deux membranes superposées. Comme toutes deux sont parfaitement unies et incolores,
il est impossible d’en constater, l’existence par le simple écrasement d’une
spore. Pour y arriver avec certitude, j ’emploie les moyens suivants. Sur une plaque
très-mince de mica j ’étends une goutte de solution potassique (une partie de potasse
caustique, cinq parties d’eau) et j ’y secoue le contenu d’un sporange. Aussitôt chaque
spore prend une teinte bistrée uniforme, sans que les deux membranes se distinguent
bien nettement. J ’ajoute alors deux ou trois gouttes de la solution potassique et je
place la plaque de mica au-dessus de la flamme d’une lampe à alcool, de manière à
déterminer une légère ébullition. J ’ajoute ensuite de Teau sur la plaque de mica, et
' Les figures que M. K. MuUer a données des spores des Equisetum et dcleur premier développement (EerP/Zansensiaa/,
p. 334, 1861) sont tout à fait fautives. Quiques-unes (6, c , d , e) représentent des spores hérissées! La fig. doit même
ne pas appartenir aux Equisetum.
la masse des spores agitée dans cette eau reprend aussitôt, à la vue simple, sa couleur
verte; au microscope on voit la membrane extérieure très-distendue, formant une
zone d’un rose pâle et un peu bistré, au dedans de laquelle nage très-distinctement
la membrane intérieure enveloppant la matière verte (pl. IX , fig. 1). Quelques-unes
des spores se gonflent si prodigieusement que leur diamètre est plus que doublé
(pl. IX , fig. 2). H n’est pas rare de voir, après quelques minutes, la membrane intérieure
se fendre et répandre son contenu vert (pl. IX , fig. 3), ou la membrane extérieure
se briser et se détacher en fragments ou calottes sphériques (pl. IX , fig. 4); on
reconnaît alors avec la plus parfaite netteté que la surface en est absolument lisse. Si
parmi les spores ainsi traitées il s’en trouve d’abortives ou d’infécondes, sans matière
verte à Tintérieur, elles demeurent plus petites dans leur ensemble. On voit très-
neltement qu’elles se composent d’une membrane extérieure, qui se distend beaucoup
moins autour de la sphère intérieure, et que celle-ci présente à sa périphérie deux
cercles concentriques, ou, pour parler plus exactement, une membrane double
(pl. IX , fig. 5). .
Lorsqu’on traite le? spores par Tacide sulfurique concentré, et comme je vais le dire,
la distinction des membranes se manifeste, non avec plus d’évidence, mais d’une
manière plus saisissante.
Une goutte de cet acide étant placée sur une lame mince de mica, on met des
spores sur une autre lame que Ton renverse sur la première, et on place le tout rapidement
au foyer dur microscope. On ne voit déjà plus d’élatères; ils ont été brisés en
fragments infiniment petits, qui se sont rangés vers les bords de la goutte d’acide,
mais on voit la couleur des spores changer en allant de la périphérie au centre, de
telle sorte que chaque spore présente un disque central, terminé par une ligne irisée,
se rétrécissant assez rapidement jusqu’à ce que toute la spore soit d un vert jaunâtre
obscur. Alors, sur un point, ou sur tout le pourtour, on voit la membrane extérieure
se dilater et former autour de la membrane intérieure une auréole faiblement bistrée,
unie, si elle se dilate en liberté, mais plissée et irrégulière, si elle est comprimée parla
plaque supérieure de mica (pl. IX , fig. 6). Après l’introduction d’un peu d’eau entre
les deux plaques, et sans doute par l’effet de la chaleur qui en résulte, on voit au bout
de quelques instants les membranes se briser et se détacher en calottes sphériques ; el
l’effet est général, si on le facilite en pressant légèrement avec un objet obtus les
plaques de mica et en les faisant un peu glisser Tune sur Tautre. Toutes les membranes
extérieures se brisent alors (pl. IX , fig. 4) et laissent échapper les sphères intérieures;
celles-ci se colorent subitement en vert tendre un peu azuré, puis bientôt après en
rouge brun.
Le contenu des spores est un liquide d’un beau vert jaunâtre, sur le bord duquel
se montrent souvent quelques gouttelettes d’huile, quand les spores se brisent dans