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ll.\és sur le poiiil de savoir s’ils doivent les ranger parmi les phanérogames ou parmi
les cryptogames (Reprod. Eq., p. 507).
Depuis celte époque les doutes ont bien diminué, si non cessé, et les Equisetum se
placent au nombre des Cryptogames vasculaires, et, comme famille à part, dans le
voisinage des Fougères. Koch (Syn. fl.. germ.) et M. Ad. Brongniart (Énum. gen.,
J). 51, 1850) les on séparent par les Marsüeacem et les Lycopodiacea; M, Grenier
(Fl. Fr.) et M. Hofmeister [Vergl. Unlers., p. vu et 89) les placent entre les Fougères
et les Rhizocarpées; Aeh. Richard (Préc. hol., R , p. 50), M. Bernoulli [Gef. Krypt.
Schw., p. 04), M. Dôll (Fl. Bad., p. 53), ainsi que M. Milde (Gef. Crypt. Schl., p. 386),
enlre les Fougères el les Lycopodiacées.
On semble donc d’accord aujourd’hui pour placer cette famille à côté des Fougères,
et, à mon avis, avec pleine raison. Le mode général de reproduction s’opérant,
comme celui des Fougères, au moyen de spores qui se développent en sporophymes
ol sur lesquels apparaissent les deux organes de fécondation, ainsi que le pseudembryon
ou nouvelle plante, on ne voit pas bien ce qui peut s’opposer au rapprochement
des Equisetum et des Fougères.
Si l’on compare une tige d'Equisetum avec une fronde de Fougère, on trouvera à
première vue que l’apparence extérieure, aussi bien que la structure intérieure,
semblent ne présenter que des différences. En effet, 1» une fronde de Fougère est un
appendice latéral dont le pétiole et l’expansion foliacée, symétriques, il est vrai, par rapport
à leur ligne médiane, ont une face supérieure et une inférieure très-dissemblables,
et elle ne présente point, comme les Equisetum, un axe central autour duquel toutes
les parties de l’organisation s’ordonnent circulairement; de plus on remarque que
tout est verlicillé sur les Equisetum, disposilion qui semble ne pas appartenir aux
Fougères; 2” enfin, les sporanges sont ordinairement placés à la face inférieure des
frondes de Fougères, et, sur les Equiselum, rien ne semble rappeler cette disposition.
Mais ces différences sont-elles aussi réelles et aussi essentielles qu’elles paraissent
d’abord évidentes?
i° Si la fronde d’une Fougère est évidemment un organe latéral, il ne convient
point de la comparer avec la tige complète d’un Equisetum; la comparaison n’est
permise qu’entre doux organes latéraux, par exemple entre une fronde et Tune des
divisions de la gaîne, ou entre deux tiges ou axes principaux, par exemple entre une
lige d’Equiselum et une lige complète de Fougère. Or, en faisant celte dernière comparaison,
on est trop porté, ce semble, à attribuer aux Fougères un rhizome traçant
ou rampant. Même sous notre climat de France, vingt-neuf espèces sur un total de
quarante-trois mentionnées dans la Flore de MM. Grenier et Godron, c’est-à-dire une
Irès-forle majorité de vingt-neuf contre quatorze, u’ont point de rhizome traçant à
pétioles simplement alternes et espacés, mais bien des tiges déterminées, où les pétioles
sont, avec un ordre rigoureux et selon des nombres invariables, régulièrement disposés
en lignes spirales, lesquelles ne sont après tout que (des verticilles étendus en
spires (voir G. Ogilvie, Struct, fern., p. 401 et suiv.). Ces Liges sont courtes, il est
vrai, bien que sur les Polystichum filix mas, spinulosum, Oreopteris, elles atteignent
quelquefois vingt à vingt-cinq cenlimètres au-dessus de la surface du sol; mais l’organisation
est indépendante des dimensions. R serait done plus exact d’attribuer aux
Fougères de notre climat des tiges verticales, el, par exception, des rhizomes traçants,
que de leur attribuer uniquement des rhizomes traçants, et aux exotiques, par
exception encore, une tige verticale. Le rhizome lui-même est une lige autour de
laquelle les cycles ou verticilles ne peuvent se développer en spires régulières à cause
de la contiguité du sol, et, pour cette raison, ils s’y espacent en alternant avec plus
ou moins de régularité, suivant que le rhizome est tout à fait conligu au sol ou tout
à fait souterrain. Nous on voyons des exemples sur les Rubiacées, les Labiées etc.,
où les stolons ont des feuilles alternes, et les tiges des feuilles verticillées; et, pour les
Fougères, le Struthiopteris germanica nous en fournit un exemple remarquable. En
effet, sur les tiges de cette admirable espèce nous voyons se détacher des rhizomes
traçants, des stolons, qui demeurent grêles, et portent latéralement des rudiments de
pétioles alternes, tant qu’ils ne trouvent près de la tige-mère qu’un terrain épuisé ou
appauvri par elle, mais qui, à une distance propice, s’arrêtent et s’élèvent en une
nouvelle tige dépassant souvent vingt-cinq centimètres de long, et sur laquelle les
pétioles s’ordonnent en belles spirales’. R y a plus; on trouve même sur des Fougères
exo tiques « des pétioles ordonnés en cercles superposés et des stipes creux à leu r partie
«centrale)) (Ach. Richard, Préc. bot., p. 7-1, 1852; Ad. Brongniart, Ilist. vég. foss.,
I , pl. X L R I , fig. 1 et 2, et pl. X LIV, fig. 5 et 6). Sur nos Fougères indigènes la tige
n’est pas creuse; mais on peut voir déjà, dans les portions les plus vieilles, que le tissu
cellulaire central est le premier à disparaître (G. Ogilvie, Struct, fern., p. 409). Ainsi
il n’y a point entre les Fougères et les Equisetum cette différence fondamentale que
ceux-ci auraient un axe principal régulier avec des verticilles d’organes latéraux, et
que celles-là n’offriraient point cette disposition.
D’où cette conséquence immédiate que si l’on veut opérer des coupes de comparaison
entre les Equiselum et les Fougères, c’est sur les tiges de ces dernières qu’il
faut opérer ces coupes,et non sur des appendices latéraux, sur les pétioles, quo la
négligence ou la paresse introduit seuls dans nos herbiers, en les mutilant même le
plus souvent.
Or, sur de semblables sections on remarque au premier coup d’oeil qu’au lieu d’of-
‘ J . Duv. J . , V é l. F o u g ., p, 19, pl. H , fig. 21, el Hctt., S e ite iik n . F a r d ., p. 62S.