immédialemetit sous l’épi devient large, évasée, plus colorée et plus membraneuse, et,
depuis cette gaîne jusqu’à l’épi, la tige perd entièrement ses aspérités, ses stomates,
sa chlorophylle, et prend la couleur blanche ou rose pâle, la surface lisse et la consistance
molle des tiges spicifères propres. Il est impossible de ne pas reconnaître une
analogie évidente entre ces diverses modifications et celles qui, chez certains phanérogames,
e.xistent vers les extrémités de leurs tiges, dans la forme et la couleur des
feuilles voisines des rameaux florifères. L ’organisation des tiges spicifères propres,
ainsi que celle des entre-noeuds contigus à l’épi, est évidemment une préparation à
l'apparition des organes reproducteurs; seulement, sur les premières, celte constilu-
tion préparatoire envahit toute l’étendue de la tige, tandis que, sur les autres, elle se
réduit aux enlre-noeuds supérieurs.
La poriion de la tige ou des rameaux spicifères quis’étend entre la plus haute gaine
et lépi simule un pédoncule et en a quelquefois improprement reçu le nom. Cette
partie qui, je le répète, est toujours de consistance molle et de couleur pâle, est quelquefois
tres-loiigue sur les tiges spicifères propres, et d’autres fois, sur les liges spicifères
conformes, tellement courte qu’elle reste comme cachée dans la dernière gaîne
Sur cette même partie, au-dessous de l’épi, et à une distance variable, se trouve une
saillie circulaire, et qui semble les derniers vestiges d'une gaîne modifiée; on l’appelle
Vamieau. Au moment où l’épi sort de la dernière gaîne, l ’anneau est étroitement
applique contre lu i , et son tissu de consistance molle présente des saillies moulées
sur les inégalités du verticille inférieur de l ’épi, et simulant des lobes qui s’effacent
bientôt. Souvent sur l’B. maximum, et quelquefois sur TB. arvense, H y a deux an-
neaux. L epi est subcylindrique, un peu atténué aux deux extrémités et quelquefois
ovoide. Bischoff a fait remarquer que la longueur de l’épi est toujours avec celle du
pédoncule dans une relation toile que si l’un s’étend ou se réduit, l ’autre s’allonge
ou se raccourcit de même, et que, plus le pédoncule est long, plus il est de consistance
molle et prompt à se faner (Krypt. Gew., p. 31). Sur les trois premiers
groupes, I epi est obtus; sur le groupe des Hyemalia il est apiculé.
Ce point excepté, les épis, quels que soient les liges ou les rameaux qui les supportent,
offrent sur toutes les espèces la même organisation essentielle et ne diffèrent
guère que par les dimensions. Ils se composent donc invariablement de plusieurs
verticilles rapprochés et superposés de pédicelles horizontaux, épanouis à leur extrémité
en une expansion charnue et peltiforme, parallèle à l ’axe principal, et que,pour
abroger , j appellerai olypéole (pl. V II, fig. 18 c). Le nombre des verticilles et celui
es pedicelles est un peu variable sur une même espèce et très-variable d’une es-
pece a I autre; sur l ’B . maximum ou compte jusqu’à 35 verticilles et une moyenne
15 pedicelles a chacun ; 1 E. vanegatum n’a souvent que 6 verticilles de 6 pédicelles
Le pedicelle est, comme l ’axe principal de l’épi, d’un blanc pâle ou rosé; la surface
!; .‘I. — D E EA T IG E S I ’ IC I E É I I E . 1 7
externe du clypéole est Je couleur très-variable, rose, verdâtre, brune ou d’un noir
mat; et, par suite de la compression réciproque, elle est le plus souvent de forme
hexagonale. A la face interne se trouvent disposés en verticille et parallèlement aux
pédicelles cinq ou six petits sacs, deux ou trois fois plus longs que larges, ayant la
forme de la dernière phalange d'un doigt; ce sont les sporanges (pl. V I I , fig. 18 i).
Ils sont tous semblables entre eux. Leur tissu est simple, incolore, un peu transparent
et formé de cellules fibro-spiralées très-élégantes. Ces sporanges s’ouvrenl par
une fente longitudinale sur le côté qui regarde le pédicelle, et laissent échapper, ou
plutôt lancent au loin, sous forme de poussière verte, des spores très-nombreuses. Ces
spores, toutes semblables entre elles, consistent en une petite sphère verte, à laquelle
adhèrentdeuxlongs appendices filiformes, aplatis et spatules à leurs extrémités; on les
a appelés élat'eres (pl. V I I I , fig. 31, et pl. IX , fig. 8). Comme ils sont contigus entre
eux à leur point d’adhérence à la spore, ils simulent quatre branches qui se réuniraient
sous la spore. Souvent, lors de la sporose, les élatères s’entortillent entre eux,
el les spores restent suspendues contre les sporanges en petits paquets qui présentent
l’aspect d'un feutre gris verdâtre. Ces élatères sont éminemment hygroscopiques;
avec l’humidité ils .s’enroulent étroitement autour de la spore en une double spirale ;
mais, en se desséchant, ils se déroulent brusquement, et sont ainsi lancés au loin et
la spore avec eux. Observé au microscope sur plusieurs spores à la fois, ce phénomène
offre à l’oeil un spectacle ravissant. Sous le souffle le plus léger de l'observateur,
les élatères, par la succession de leurs contractions et de leurs extensions,
exécutent les mouvements les plus gracieux, et toute la masse des spores parait
animée.
De ces spores proviennent les sporophymes', sur lesquels apparaissent d’abord les
véritables organes de fécondation, savoir les anthèridies avec leurs spermatozoïdes,
et les arcliégones avec la cellule reproductive, et enfin les nouvelles plantes, comme
il sera exposé avec détails au ch. IV.
’ Dans un mémoire publié en 1859 [B u ll. S o c . bot. F i \ , V I , p. 701) j ’ai adopté et proposé le nom de s p o ro p h ym e ,
pour désigner la petite plante qui résulte immédiatement du développement de la spore. I l m’a paru remplacer avec
avantage ceux de p r o e m b n jo n , de p r o th a lle , qui manquent entièrement de justesse, puisqu’il n’y a chez les Equisetum
ni thalle ni embryon proprement dit. On peut voir dans le même B u l l . , V I , p. 212 , les justes observations de M. Clos
sur ces diverses dénominations. M. W. Pb. Schimpcr donne le nom de •■protonema à celte végétation intermédiaire
entre la sporule et la jeune plante« { S p h a y ., p. 17 et 18), Parfaitement juste pour les S p h a g n um . où cette végétation
intermédiaire n’est «destinée qu’à nourrir le jeune individu«, celle expression cesserait de l’ètre pour les Equisetum, où le
végétal de transition doit donner naissance aux organes de la fécondation avant de supporter et de nourrir les plantes
nouvelles.