Il répéta donc ses expériences sur « la poussière de l’B. palustre et de l’B . limosum; »
el comme il vit «des plantules exactement de même nature que les précédentes,» il
en conclut «que les poussières des Prêles sont des semences qui les reproduisent
«(p. 290), Mais ce fait, quelque important qu’il soit, rend la question sur la germi-
« nation des Prêles plus embarrassante encore. Comment concevoir en effet que les
«grains semés germent, mais donnent des plantes d’une autre famille, qui restent
«des mois entiers dans cet état étrange? On reconnaîtra du moins que dans certaines
« plantes, comme dans certains animaux, il y a un état intermédiaire entre la semence
« ou Tceuf et la parfaite évolution. Les lois de cette transformation sont encore incon-
«nues, mais le fait ne l’est plus. »
L ’auteur rappelle ensuite le mode de reproduction des mousses, ajoutant que, «à
«en juger par la germination, les Prêles sont voisines des Mousses.h Puis, sur des
considérations très-élevées, il établit que «les prétendus cotylédons des cryptogames
«sont d’une tout autre nature que ceux des plantes plus parfaites, qu’ils ne sont
« point, comme ces derniers, déjà formés dans la graine, mais qu’ils sont le produit
« de la végétation. Ainsi ils ne sont pas de vrais cotylédons, mais un premier âge ou
« un premier état de la plante. »
Malgré tous ses soins, ses semis périrent dès les premiers jours de juillet; il ne
put donc entrevoir aucune trace d’anthéridie. Cet important mémoire est accompagné
d’une planche dont les figures sont, comme celles de Yaucher, peu satisfaisantes; les
cellules sont trop semblables à des cotylédons.
Fidèle à la promesse faite par lui {Mon. Prêl., p. 350), Vaucher répéta ses essais en
1822, mais sans succès. I l les recommença en 1823 sur les B. maximum ai palustre,
et la même année en consigna l’heureux résultat dans son Mémoire sur la fructijica-
tiondes Prêles. «Tout s’est passé d’abord comme je l’avais déjà annoncé dans mon
«Histoire des Prêles, et enfm (le 12 et le 21 septembre) il s’est élevé du centre du
«gazon un point vert qui, en grandissant, a laissé voir à sa base une collerette à quatre
«divisions, puis une seconde, puis successivement une troisième, d’où sortait le som-
«met de la jeune tige.
« Les grains verts renfermés dans les loges dont l’assemblage forme l’épi de la
«Prêle sont en conséquence de véritables semences acotylédonées, dépourvues non-
« seulement de cotylédons proprement dits, mais encore d’albumen et d’enveloppes ;
« elles sont réduites au seul embryon. Mais cet organe ne ressemble point à ceux que
«nous connaissons. Il n’est pas composé d’une radicule et d’une plumule....
«Ce mode de germination présente la circonstance remarquable de deux espèces de
«racines. Les unes appartiennent au grain vert dans sa première évolution; les autres
«dépendent de la tige même de la jeune Prêle; celles-ci se réduisent à une racine
« unique, fort apparente et qui s’enfonce perpendiculairement dans le sol : celles-là
«au contraire sont multiples, mais faibles et délicates ; elles se détruisent promp-
«temenl.
«La racine propre de la Prêle, examinée au microscope, ne m’a pas paru arlicu-
«lée; elle est simple, continue, pivotante et semblable aux racines des autres plantes.
«Comment devient-elle articulée? c’est ce que j ’ignore.
« J ’ai une douzaine de jeunes Prêles qui proviennent de la Prêle fluviatile (B. maxi-
« muni) et cinq ou six de celle des marais. Jusqu’à présent elles se ressemblent beau-
«coup, el je ne serais pas en état d’y reconnaîlre la moindre différence.
« Je m’étais trompé en imaginant que les Prêles pouvaient être considérées comme
«des plantes dont les semences étaient actuellement infécondes. Je crois aujourd’hui
«que les Prêles, comme les Fougères, se reproduisent toutes les fois qu’elles sont
«placées dans des circonstances convenables, mais je persiste à penser que ces cir-
« constances sont fort rares » (p. 429-434).
Ce mémoire est accompagné d’une planche représentant la première évolution de
la jeune tige. La fig. 5 est mauvaise en ce qu’elle simule sur la racine des sillons qui
ne s’y trouvent pas. La fig. 4 a été reproduite par Bischoff; toutes les autres ont
été copiées en sens inverse par Payer, qui les attribue à tort à l’B . arvense {Bot.
crypt., p. 244).
Les expériences et les observations de Yaucher et d’Agardh avaient eu ce premier
et immense résultat d’établir que les spores possèdent à elles seules la faculté reproductive.
Aussi est-ce avec un profond étonnement qu’on voit, en 1824, H. E. Link
reproduire sur la fleur des Equisetum l ’opinion de Hedwig {El. phil. bot., p. 301,
§ 173), et en décrire le fruit dans les termes suivants : « Equisetinæ habent capsulam
« absque pislillo viridem, semina minutissima grumosa continenlem. Fila elastica
«capsulam cingunt, quam dehiscentem non vidi. Amentum gérant squamis peltatis
«sublus folliculis membranaceis obsitum capsulas includentibus. .De germinatione
«Agardhi habemus observationes, quæ vero rem non expediunt» (o. c., p. 355,
§ 491).
En 1825 G. L. Duvernoy, dans une thèse botanique ; De Salvinia natante, mentionna
, p. 10, le premier développement des spores des Equiselum, constata l’absence
du style et des grains polliniques affirmés par Hedwig; mais il ne fournit d’ailleurs
aucune vue nouvelle.
En 1826 Yaucher ajouta à la fin de sa Monographie des Prêles (dans les exemplaires
du tirage à part) une longue Note sur la germination des Prêles. I l y reproduit, avec
de légères modifications de style, son mémoire de 1823 Sur la fructification des
Prêles, et il la termine par l’importante constatation qui suit ; «Toutefois je n’avais
«jamais aperçu de jeunes Prêles, germant et se développant naturellement, lorsque
« l’année dernière (1825) M. Requien, cet excellent botaniste d’Avignon, m’a fait par