Bien que j ’incline vers cette dernière opinion, il ne m’est pas permis de me prononcer,
parce que nécessairement je n’ai vu les deux apparences que sur des sujets différents
et sans pouvoir constater avec certitude la succession des phénomènes.
Quoi qu’il en soit, deux cellules ayant résulté do la multiplication de la cellule terminale,
celle des deux qui est infraposée montre bientôt, au milieu des granules qu’elle
tient en suspension, d’abord des agglomérations, puis de grandes vésicules nucléaires
plus transparentes, au nombre de deux rarement, plus fréquemment au nombre de
trois et de quatre. Ces vésicules ne sont jamais superposées, mais elles sont placées
dans un plan perpendiculaire à Taxe. A leur apparition succède très-rapidement la
division de la cellule, soit en deux par une division diamétrale, soit plus souvent en
trois ou quatre par des cloisons dont la ligne de contact est dans l’axe {pl. V I I , fig. 22).
Ainsi au-dessous de la cellule terminale qui s’agrandit un peu, se trouve un plan de
trois, quatre ou même cinq cellules, dans chacune desquelles apparaissent deux
nucléus passant à l’état de vésicules nucléaires, et, comme ces cellules sont un peu
obliquement disposées et relevées vers la périphérie, ces vésicules sont elles-mêmes
disposées selon une ligne oblique, l’une, l’extérieure, vers le point le plus élevé, l ’autre,
l’intérieure, vers la base contre l’axe commun (pl. V I I , fig. 27); de là il résulte bientôt
que chacune de ces cellules se multiplie en deux autres séparées par une cloison,
s’élevant presque du milieu de la paroi inférieure et rejoignant la paroi supérieure en
s inclinant vers laxe et presque parallèlement à la surface du bourgeon (pl. Y II ,
fig. 23). Il suit de celte disposilion et de la compression réciproque des nouvelles
cellules que les extérieures se rapprochent de la forme d’un prisme tétragonal et que
les intérieures sont des pyramides triangulaires tronquées. Ces dernières, situées du
côté de l’axe, deviennent les cellules génératrices du tissu intérieur ou médullaire;
des cellules situées à la périphérie proviendront les autres tissus de la tige et ceux des
gaînes. A partir de ce moment le nombre des cellules extérieures s’accroît incomparablement
plus vite que celui des intérieures; la lenteur de ces dernières à se multiplier
accuse déjà la future impuissance de la masse cellulaire intérieure à suivre, par
son développement, celui du tissu extérieur, et la nécessité pour elle de se disjoindre
et de donner ainsi naissance à la cavité centrale. Ainsi ces cellules restent en retard
tandis que celles de la périphérie se multiplient par une division verticale radiale
et par une autre division parallèle à celle de la cellule terminale (pl. Y I I , fig. 24). Il
résulte de cette inégalité de croissance entre les cellules extérieures et les autres que
les extérieures prennent la position très-oblique ascendante vers la périphérie, que
j ai mentionnée plus haut. La régularité parfaite de leur division se reconnaît encore
longtemps à la surface de celle masse, sur laquelle on distingue constamment des
ceintures circulaires de cellules très-régulières et parallèlement superposées (pl. Y I I ,
fig. 25 et 27).
Quand on observe la petite masse cellulaire terminale sans l’avoir déformée par une
section, et seulement après avoir enlevé les gaînes qui la recouvrent, on voit que les
cellules de chaque côté présentent presque toutes deux nucléus, tandis que celles du
milieu paraissent n’en avoir qu’un; cela vient de ce qu’on voit les premières selon
leur longueur, au lieu que celles du milieu se présentent par le bout et qu’alors les
deux nuclées se trouvent à peu près sur un même rayon visuel et se confondent
(pl. Y I I , fig. 25 et 27). Ces grands nucléus plus transparents qui précèdent toujours
la multiplieation des cellules et la déterminent, sont limités el circonscrits par
une membrane mince qui en fait de vraies vésicules nucléaires. En même temps
que celte membrane se solidifie, celle des cellules génératrices s’amincit. Celte
dernière est d’ailleurs d’une extrême ténuité et présente si peu de consistance
qu’à la moindre compression entre la lame mince et le porte-objet elle se rompt
et les nucléus en sortent bien entiers. J ’ai pu presque à chaque observation en
dessiner que j ’avais ainsi obtenuas et fait sortir de leur cellule génératrice (pl. Y I I ,
fig. 26).
La multiplication des cellules intérieures ou médullaires se fait par divisions horizontales,
puis par divisions longitudinales. Mais par une conséquence de l’inégalité
de développement entre l’extérieur et l'intérieur, les premières de ces divisions
prennent bientôt une direction oblique, surtout vers les diaphragmes. L ’accroissement
de la lige en grosseur se produit dans les cellules de la périphérie par la répétition
continuelle de divisions longitudinales alternativement irradiant de l’axe ou
parallèles à la paroi extérieure. A mesure que la tige devient plus grosse, les divisions
par cloisons radiales succèdent moins régulièrement aux autres, et ce n’est qu’après
l’apparïtion de plusieurs cloisons parallèles à la paroi extérieure qu’il en survient une
radiale. La division transversale est toujours la moins fréquente.
Le volume de la petite masse cellulaire terminale, ou, ce qui revient au même, le
nombre de ses cellules intérieures ou extérieures varie considérablement selon les
espèces, et sur une même espèce selon la force des rejetons, ou sur un même
individu selon que l’on observe la formation d’un entre-noeud inférieur ou d’un
entre-noeud supérieur, mais, quoi qu’il en soit, on voit constamment se produire ce
qui suit.
A une certaine distance au-dessous du sommet végétatif, les cellules d’un cercle'
parallèle (du 5*^ au 8'’ sur les E. arvense et palustre; du 9« au 12« sur les E. limosum
et hyemale etc.) prennent un développement tout exceptionnel; elles font un peu
saillie, et à l’apparition de deux grands nucleus succède leur division par une cloison
inclinée à l'horizon en sens inverse de leur direction générale (pl. Y I I , fig. 25 b). Des
cellules qui en résultent, celles qui sont supérieures et en môme temps extérieures
sont le point de départ des jeunes gaînes, et les intérieures, qui sont comme la base
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