A part quelques rares exceptions, les entre-noeuds présentent quatre côtes, mais les
sillons qui les séparent ont une profondeur tout exceptionnelle, et si considérable
que la coupe transversale de ces entre-noeuds représente une croix (pl. V I , fig. 3 ,6 ,
10). Sous fépider.me déjà décrit p. 29, à la partie la plus externe de la côte s’étend
un faisceau fibreux cortical, et tout le reste de la partie saillante est occupé par dos
cellules à chlorophylle, Au fond du sillon et de chaque côté on peut constater encore
la présence de petits cordons de fibres corticales; puis viennent quelques grandes
cellules incolores, répondant à celles qui entourent les lacunes corticales, lesquelles
existent sur les rameaux de VE. maximum (pl. V I , fig. 8) , mais non sur les autres
espèces (pl. V I , fig. 6 , 10). La guirlande de petites cellules qui distingue et sépare les
deux cylindres se montre très-apparente, et, à son intérieur, les tissus du cylindre
interne et des lacunes essentielles sont disposés comme sur la tige, mais sans jamais
offrir de cavité centrale. A ces traits généraux s’ajoutent sur chaque espèce des différences
très-considérables, et qui, par leur invariabilité, fournissent des caractères
spécifiques d’une valeur d’autant plus grande qu’une simple coupe transversale permet
de les constater avec une extrême facilité.
Sur une forme décombante de l’E , arvense il survient vers le bas de la tige des
verticilles de tiges secondaires,simulant des rameaux et d’une longueur souvent plus
considérable que celle de la tige principale; la disposition des tissus y est la même
que sur les tiges.
Sur toutes les espèces, la gaîne basilaire est d’apparence tout à fait membraneuse;
incolore en paraissant, elle ne brunit que plus tard. Elle se compose de deux couches
de cellules, dont les extérieures sont, sur les côtes, longues et à parois ondulées, et,
dans les sillons, obliques et transversales. Les intérieures ont une forme analogue
avec des parois tout unies (pl. I I I , fig. 21). Nulle trace de stomates, ni de chlorophylle,
ni de vaisseaux*. L ’organisation des autres gaines n’est que la continuation
des enlre-noeuds qu’elles couronnent; elles sont toujours sur les rameaux d’un aspect
moins membraneux que les gaînes des tiges.
§ 4. De Tappareil de reproduclion
L ’anneau offre les apparences d’une gaîne non développée, et son analyse ne présente
qu’un tissu cellulaire où les vaisseaux ne pénètrent qu’imparfaitement.
La partie de la tige qui va de la dernière gaîne à l’épi, et qui a reçu le nom de pédoncule,
ressemble aux entre-noeuds des tiges spicifères propres, non-seulement par l’exté-
' Il est impossible de ne pas être frappé de la ressemblance qui cxisto entre ces pelites gaînes membraneuses el les
membranes qui entourent la base des feuilles dans certains Conifères.
rieur, mais encore par la nature de ses tissus, et sur cette région toutes les espèces
perdent les stomates, la chlorophylle et les fibres corticales. Bientôt les lacunes elles-
mêmes s’oblitèrent et les sections de l’axe de l’épi n-’en offrent plus de traces. La cavité
centrale persiste ou disparaît selon les espèces; en tout cas, il n’y a.aucune trace de diaphragme
vis-à-vis des verticilles de sporanges. Entre ces verticilles les faisceaux fibro-
vasculaires sont disposés en cercle interrompu, el alternent avec les pédicelles du
verticille inférieur. En s’approchant d’un verticille les faisceaux fibro-vasculaires aboutissent,
comme aux noeuds des articulations,à des groupes de cellules rayées et spira-
Ices, disposés en cercle continu, et desquels il se détache vis-à-vis de chaque pédicelle
un faisceau fibro-vasculaire. Ces petits faisceaux, composés de deux ou trois vaisseaux
qu’entourent quelques fibres, occupent le centre du tissu cellulaire qui forme les
pédicelles et vont se rendre dans les clypéoles. Là ils se ramifient et leurs divisions
irradient vers les sporanges, au-dessus desquels elles expirent (pl. Y I I , fig. 18). La
surface externe des clypéoles, ordinairement hexagonale, est occupée par une couche
épidermique précédemment décrite (voir p. 30 et pl. I I I , fig. 26 à 30); le tissu sous-
jacent est très-lâche et se compose de cellules grandes, allongées, à parois minces,
renfermant quelques granules amylacés, dont le nombre diminue en s’éloignant delà
surface.
A la face interne des clypéoles sont suspendus les sporanges. Ils ont la forme d’un
sac membraneux, fermé, un peu courbé vers le dehors comme la dernière phalange
de l’index (pl. Y I I , fig. 18 b) et se composent d’une seule couche de cellules fibreuses,
c’est-à-dire de cellules ayant contre la surface interne de leurs parois de petites lames
filiformes disposées en spirale (pl. Y I I , fig. 19). Ce tissu, vu au microscope, est d’une
incomparable élégance; les parois des cellules sont d’une extrême ténuité, et d’une
transparence si parfaite que le tissu ne semble formé que de fibres spiralées. Bischoff
lui-même y a été trompé; il dit du sac des sporanges : « aucune trace de tissu cellulaire
proprement dit ne s’y laisse reconnaître; il se compose entièrement de fibres en
spirale, Irès-rapprochées, paraissant enfermées entre deux couches d’une membrane
uniforme et très-délicate» {Krypt. Gew., p. 39). Une goutte de solution d’iode colore
en brun les parois des cellules et les rend très-facilement visibles. Le fil qui court en
spirale à leur intérieur est creux dans toute sa longueur (pl. Y I I , fig. 20). Les spirales
qu’il forme sont dextres, ou, si l’on veut, tournent dans le même sens qu’une vis
ordinaire* ; c’est aussi la direction des élatères. Les cellules sont en général disposées
en groupes de quatre ou cinq, qui semblent provenir delà dernière multiplication des
cellules-mères. Sur le dos du sporange, c’est-à-dire sur la ligne médiane externe et
' Nees V . Esenbeck ( l 'o m . d . N a l ., p. .'i3) et plusieurs au 1res auteurs entendent auli'cmoiit le sens dcxtre; peureux,
ces spirales seraient sénesLres.