constaté en effet que dans le nord de la Russie ces tubercules se montrent en grande
abondance et à peu de profondeur sur certaines variétés de celle espèce: «Tubera
«B . arvensis australioris profundissime in terra latere, notum est; eo niagis tubera
«Y" y alpestris et interdum v“® ¡i borealis, ipsis manibus cum surculo evulsa me in
«: admirationem converterunt» (Dist. crypt. Ross., p. 2-1). Si je conserve un très-léger
doute sur l’assertion de Helwing, c’est uniquement parce que les Aoristes prussiens
ne la mentionnent pas et me paraissent dès lors ne pas avoir constaté la môme fréquence
des tubercules.
Après Helwing et Haller les tubercules furent remarqués par Smelowsky, à qui
Bischoff attribue à tort la priorité de leur mention [Krypt. Gew., p. 50). Cet auteur les
avait également trouvés eu si grande abondance sur YE. arvense qu’il proposait d’en
tirer parti pour engraisser les porcs (Mém. de l ’Acad. de Pétersbourg, vol. 1, 1803-
1806). En 1815 ils furent signalés par De Candolle sur l’B. palustre, et depuis ils l’ont
été par plusieurs auteurs sur les E. maximum, sylvaticum et arvense. Je les ai recueillis
sur toutes ces espèces et sur l’B. littorale. Ces organes ont été, en 1854, l’objet d’un
travail spécial, où M. E. Ramey a publié d’intéressantes observations et émis les deux
assertions suivantes: «Les tubercules ne se trouvent que sur les espèces à tiges de
« deux sortes où ils servent évidemment à l’alimentalion des tiges fertiles » (Tub. Eg.,
p. 212) , et que « sur les espèces dont les souches n’offrent pas de canal central »
(o. c., p. 217). La première assertion est contredite par les tubercules si nombreux
des E. littorale et palustre; la seconde, par ceux do l’B . littorale. Je crois que les
tubercules n’ont pas encore été mentionnés, et je ne les ai pas vus moi-même sur
les E. pratense, limosum, ramosissimum', variegatum et hyemale. On ne les trouve
pas d’ailleurs sur tous les pieds des autres espèces; souvent on les y cherche en vain,
si l’on ne pénètre à la profondeur considérable à laquelle ils se montrent en certains
endroits sur quelques-unes d’entre elles, par exemple à 1 mètre pour les E. palustre,
arvense. J ’en ai trouvé sur ce dernier à 2"',50 de profondeur dans les fortifications
de Strasbourg.
La profondeur à laquelle parviennent les rhizomes fut d’abord pour Yaucher le
sujet d’un vif étonnement, et, comme il n’avait point trouvé de rhizomes descendants,
c’est-à-dire ayant les pointes des gaines dirigées en bas, il avait posé, sans la résoudre,
la question suivante : « Comment ces racines des Prêles pénètrent-elles à une si
« grande profondeur dans les terrains les plus argileux, et comment sont-elles ter-
' De Candolle {FI. f r . , V I , p. 245) semble vouloir rapporter son E . lu b e ro sum à l’E . e lo n g a lum Willd., c’est-à-dire
à l’E . ram o s is s im um Desf.; mais Vaucher {Mon. P r é L , p. 368) et Duby [Bot. q a lL , 1, p. 633) le rapportent très-
expressément à V E . p a lu s t r e , ce que commande d’ailleurs le caractère X é p is obtus cité par De Candolle. Cet auteur
ajoute que Hectot a trouvé son E . tu b e ro sum à Nantes ; serait-ce sur cette autorité que M. Boreau attribue à l’E .
ram o s is s im um «de petits tubercules ovoïdes, {Fl. c e n t.} !
«rainées?» (Mon. Prêt., p. 342). Après lui, Bischoff fit des remarques analogues
sur la profondeur à laquelle pénètrent et rampent les rhizomes (Krypt. Gew., p. 28);
et après s’être posé la même question que Vaucher, il crut trouver des éléments de
solution dans cette considération « que les Equisetum croissent toujours en des lieux
où le sol s’élève constamment autour de leurs tiges, par de zïontinuels dépôts aux
bords des ruisseaux et des rivières, par de nouvelles couches d’humus dans les forêts,
et enfin par les travaux annuels dans les terres cultivées » (Krypt. Gew., p. 44). Mais
plus tard il reconnut lui-même l’insuffisance de cette solution et constata que, dans
les premiers développements d’une jeune plante, il existe des rhizomes à direction
descendante (Entw. Eq., p. 791). J ’ai pu moi-même chaque année (voy. ch. IV, § 4)
constater l’existence de semblables rhizomes sur mes plantes provenant do semis.
Ainsi, en général, ces jeunes plantes me donnaient après la première année quatre
ou cinq rhizomes descendant verticalement, dont souvent quelques-uns, sortant par
le trou du vase de semis, pénétraient dans le terrain enveloppant; ce que je voyais
lorsqu’en mars je les plaçais dans un vase plus grand. Mais lorsqu’on juillet, pour les
mettre en pleine terre, je les enlevais de ce nouveau vase, je trouvais qu'ils avaient
pénétré la terre de nombreux rhizomes, lesquels venaient ramper contre le fond du
vase. En juillet 1861 je suivis les travaux d’une tranchée ouverte à Bouxwiller dans
une terre argileuse toute couverte d’B . arvense et qui n’avait jamais été remuée. Je
trouvai en état de développement un grand nombre de rhizomes à gaines descendantes,
qui pénétraient verticalement à une profondeur de plus d’un mètre. J ’ai constaté
les mêmes faits sur des rhizomes d’B. palustre en faisant creuser dans les sables
des bords du Rhin à Strasbourg, et sur l’B . ramosissimum en examinant dos tranchées
faites aux digues du canal de Craponne, dans la propriété de M. Jouve, mon beau-
père, à Rabet, près Arles (Bouches-du-Rhône). La direction verticale descendante
des rhizomes est un fait avéré qui explique suffisamment la profondeur à laquelle
rampent certains rhizomes.
Les tiges qui, partant des rhizomes, s’élèvent à l’air libre, ressemblent entièrement
aux rhizomes dans toute leur partie souterraine, et les changements ne se font que
vers la surface du sol. L ’organisation des tiges répond d’ailleurs dans son ensemble à
celle des rhizomes, et, pour les Equiselum, plus peut-être que pour toute autre
plante, il est permis de dire que les rhizomes ne sont que des tiges souterraines. Les
noeuds des tiges, même très-jeunes, offrent aussi à la base de leurs gaines deux verticilles
de petites saillies ou bourgeons, dont l’un se développe en rameaux, et dont
l’autre, l’inférieur, reste à l’état expectant, si les circonstances ne permettent pas le
développement des racines. Mais si l’on entoure de mousse humide la partie inférieure
d'une tige aérienne déjà munie de verticilles de rameaux, il se développe au bout de
quelques jours un verticille de racines au-dessous de chaque verticille de rameaux; et