paraît do rameaux que dans des cas exceptionnels (pl. Y I I I , fig. -10). Lorsqu’il doit
émerger, il arrive que, par l’accroissement de toute sa masse, les cellules corticales
placées sous l'épiderme de la tige sont écartées; celles de l’épiderme sonl d’abord
poussées en avant, puis aplaties et comme écrasées, enfm elles cèdent à la pression
et se séparent en une petite fente longitudinale à travers laquelle passe le bourgeon
toujours entièrement recouvert de sa gaîne basilaire; ensuite elles se colorent fortement
en noir de chaque côté de la fente, comme il arrive partout où l’épiderme est
meurtri et frappé de mort. Par suite de la disposition oblique que nous avons constatée
ci-dessus, le bourgeon et sa gaîne, dans la poussée qu’ils ont à exercer, ne
sortent pas par la pointe et dans la direction horizontale qu’aura plus tard le rameau,
mais, obliquement dressés, ils exercent leur poussée par leur côté extérieur et par le
seul fait do leur développement en diamètre. C’est donc par le flane que le bourgeon
se présente à fair libre, toujours étroitement enveloppé et protégé par sa gaîne basilaire*;
ce n’est qu’après être complètement sorti qu’il s’en dégage, et alors le développement
de celle-ci s’arrête. Elle persiste bien à la base du rameau, mais desséchée et
plus ou moins fortement colorée en noir, conservant toujours l’inégalité de son premier
développement. Elle a rempli le rôle des écailles des bourgeons des phanérogames;
comme eux, elle n’est pas arrivée à l’état de feuille parfaite, et par sa coloration,
comme par sa texture, elle offre les plus grandes analogies avec ces organes protecteurs.
Cette analogie avait été remarquée par Yaucher, et même elle avait induit en
erreur cet excellent observateur. I l avait pris les lobes de la gaîne pour de véritables
écailles, sans remarquer que ces prétendues écailles forment à leur base une enveloppe
continue : «Chaque rameau est entouré à sa base de quatre ou cinq petites
« écailles qui ont été considérées quelquefois comme des feuilles » {Mon. P r ê l, p. 843).
Le développement ultérieur du rameau et de ses gaînes suit la même loi que celui
de la tige. Il est pourtant à remarquer que les gaînes des rameaux sont dès le principe
beaucoup plus profondément fendues que celles des tiges. Le rôle protecteur de ces
derniers est rempli sur les rameaux par la gaîne basilaire, et même, sur l’B. maximum,
par la seconde gaîne, qui est très-ample et recouvre pendant très-longtemps le
jeune rameau (pl. Y I I I , fig. 13).
Dès le milieu du printemps, ou avant cette époque, on voit sur la plupart de nos
espèces se développer au-dessous des gaînes de nombreux rameaux, souvent même
aussi nombreux que les lobes de ces gaînes. Les B . arvense, palustre, limosum perlent
très-souvent vers leur partie inférieure de très-gros rameaux chargés de ramuscules,
el presque intermédiaires entre les rameaux et les rejetons ordinairement appelés
* C’est à tort que M. Hofmeister {Verijl. U n le r s ., t. X IX , fig. 18) a représenté le mamelon terminal en dehors de la
gaine basilaire. Cet état n’existe;affin/s, tant que te bourgeon n’est pas à l’air libre.
§ 2. —- D E S R A M E A U X , D E S R E J E T O N S , D E S R H IZ O M E S E T D E S T U D E R C Ü L E S . 09
tiges. Mais les bourgeons inférieurs, destinés à la propagation ultérieure du sujet,
demeurent bien plus longtemps plongés dans leur repos expectant. Ils n’entrent en
développement que lorsque les tiges, sur la partie souterraine desquelles ils apparaissent,
ont accompli on entier leur développement aérien. Ce n’est que vers la fin de
l’été qu’ils commencent à apparaître sur l’B. arvense ; en automne sur l’B . limosum où
ils sont très-gros et très-beaux; au commencement du printemps sur l’B . palustre,
el seulement vers la fin d’avril sur l’B. hyemale. Il ne se développe guère, de ces noeuds
souterrains, qu’un seul ou qu’un très-pelit nombre des bourgeons, mais en revanche
ils ont dans toutes leurs parties une force et une vigueur luxuriante qui laisse bien
loin le développement des faibles rameaux aériens. C’est à peu près toute la différence
qui distingue leur premier développement de celui des rameaux; le développement
ultérieur des tiges stériles a été précédemment décrit; ce qu’il y a de particulier dans
celui des tiges spicifères sera décrit plus loin, § 4.
Les rudiments des bourgeons destinés à donner des rhizomes existent à l ’état
expectant sur les rhizomes, et toujours, comme ceux des rameaux, un peu en arrière
du plan formé par le diaphragme d’un noeud. Du vertieille qu’ils forment, il ne sort
qu’un rhizome, rarement deux, et toujours sur le côté. Ainsi que la gaîne basilaire
d’une tige, celle d’un rhizome est plus grande que celle d’un rameau, mais d’ailleurs
identique. Les bourgeons souterrains qui doivent produire des rhizomes ne se distinguent
de ceux qui donnent des tiges que par une moindre grosseur et une pointe
plus effilée; leur développement ultérieur est analogue à celui des tiges. L ’extrémité
d’un rhizome en voie de développement se termine en pointe acérée constituée par
plusieurs gaînes superposées, et dont les plus grandes et les plus âgées sont à l’extérieur.
Comme il a été dit précédemment, ces gaînes s’accroissent en longueur par la
multiplication des cellules de leur base, et leurs cellules terminales, meurtries, noircies
et devenues impropres à tout développement ultérieur, constituent une poinle de
tissus solides et durcis, qui pénètre à travers les résistances du milieu, et sous fabri
proteeteur de laquelle s’opère la multiplication des cellules si délicates du sommet
végétatif. Nous avons déjà vu comment la gaîne basilaire protège le rameau naissant;
nous verrons bientôt par quelle autre combinaison il a été pourvu à la protection du
point végétatif des racines, lesquelles sont dépourvues de gaînes, et combien est harmonieux
l’ensemble des dispositions concourant à la protection des organes en état
de développement.
C’est en général à la fin de mai ou au commencement de juin que se développent
les nouveaux rhizomes. C’est également à la même époque que commencent à apparaître
les tubercules. Aux points où devraient se montrer des rhizomes, on voit saillir
une masse cellulaire d’un beau jaune, qui, au lieu d’avoir, comme le bourgeon d’un
rhizome, son extrémité recouverte par la série des gaînes emboîtées les unes sur les