Ell '1858, jo lus à la Société botanique de France, dans sa reunion à Strasbourg,
une Noiesnr les Equisetum de France, dans laquelle je proposais d'ajouter aux caractères
déjà adoptés pour la distinction des espèces; 1“ la relation de longueur enlre les
gaines de ia lige et le premier entre-noeud des rameaux adjacents ; 2“ la coupe Iraiis- ■
vorsale des rameaux; 3“ la coupe transversale des tiges. Les deux premiers étaient
nouveaux; le dernier, déjà proposé, mais non appliqué par Vaucher, avait été appliqué
parliellenieiit par quelques auteurs modernes. Ils ont été employés depuis par
JI . Cosson {Fl. env. P a ris, 2° éd., p. 876 et suiv.) et par M. Milde {Sijsl. Eq., p. 441
el suiv.).
Mais en même temps M. Milde, repoussant par les raisons exposées ci-dëssus'les
grandes divisions et les noms de MM. .41. Braun et Dôll, et s’appuyaut, comme il le
dit, sur la différence conslalée par M. C. Sanio entre les stomates des premiers
groupes et ceux des Hyemalia, établit deux grands groupes : 4” P i ia n e r o p o i ia , espèces
dont les stomates sont de niveau avec l’épiclerme; 2" C h y p t o p o r a , espèces dont les
slomales sont cachés au-dessous de l’épiderme et au fond d’une cavité trnnsversalé à
bords irréguliers. Pour le premier groupe il reprend ensuite la division de M. Ak
Braun en heterophyadica el homophyadica, et les heterophyadica sa suhàn'iseni en
anomopora et stichopora (Syst. Eq., p. 438 et suiv.). uu .ulliill oi
J ’ai consaeré le cliap. I I de celle partie à l’exposition des principes que j ’aiisuivis
dans la distinction et la classification de nos espèces. ■ ■ " li • •
Des onze Equisetum signalés comme croissant en France, six sont très-répandus
et ont été dès lors très-anciennement connus et distingués, savoir: E; maximum
Lam., sylvaticum L., arvense L., limosum L., palustre L., hyemale L La distinction
des autres est plus récente, comme nous le verrons dans l’histoire et la synonymie
qui suivent.
4. E. .MAXIMUM Lam.
Celte belle espèce a été très-ancîénnement distinguée, et il est facile de la reconnaître
dans les descriptions de J. Bauhin et dans celles de Ilaller. Il l’est moins de se
fi.xer sur le nom qu’elle doit porter.
Elle reçoit le plus souvent 'le nom d'B. Telmateia Ehrh.; je dis le plus souvent,
car on trouve encore dans des ouvrages très-récents celui d’B . fluviatile L. à elle
donné,, soit directement, soit en synonyme. En même temps, d’aulres auteurs excluent
absolument de la synonymie de celle plante l’B. fluviatile L., et appliquent ce nom,
les uns à une espèce dislincte, les aulres à TB. limosum directement ou par synonymie.
J ’examinerai successivement l’opinion des auteurs qui voient dans' notre espèce
l’B. fluviatile L., et les raisons de ceux qui prétendent que ce nom ne doit point lui
être appliqué.
Quant aux premiers, faisons d’abord remarquer que, si le nom B. fluviatile L.
appartient à celte espèce, comme il est le plus ancien , il y aurait justice à l’y appliquer,
non en seconde place et en synonyme, mais directement et comme iiompriii-
ceps. Ceci me semble trop évident cl trop juste pour insister. Ce qui a porté ces
auteurs à croire que le nom linnéen B . fluviatile convenait à la planle nommée plus
tard B. Telmateia par Elirhart, a élé d’abord la présomption que Linné ne pouvait
pas ne pas avoir connu et mentionné celle espèce si répandue, si caractérisée, la plus
grande et la plus belle des Equisetum européens. Ils ont ensuite été induits en erreur
en trouvant que dans le Flora suecica, le Flora tapponica et le Species plantarum,
Linné cite en synonymie la phrase de G. Bauliin : B. palustre longioribus setis, et celle
de Ilaller: B. caule non sulcato latissimo, verticillis densissimis, qui toutes deux se
doivent rapporter à notre plante. Bien plus, dans son Mantissa IP, p. 504, après la
description.de l'B. fluviatile, Linné a ajouté la citation suivanle: «Caules floriferi a
«slerilibus distincti, ut E. arvensis. Ilaller. » E l , comme il est de toute évidence que
celte citation et la synonymie qui la précède s’appliquent à notre espèce, les anciens
botanistes, Leers (El. herb., p. 223) et Smith (Fl. brit., p. 4104), ont élé jusqu’à un
certain point autorisés à voir dans l’B. fluviatile de Linné la plante de G. Bauhin, celle
de Ilaller, une espèce à tiges spicifères distinctes des tiges stériles, en un mot l’B.
Telmateia d'Elirhart. Vaucher, ayant donné à notre espèce le nom d’B. fluviatile,
qu’il croyait être le nom linnéen, en justifie l’application par ces ternies singuliers:
(( Linné a décrit la Prêle des limons (B. limosum) sous le nom de Fiuvialile, et elle
« existe sous celte dénomination dans son herbier avec la phrase suivante: Equisetum
«caule strialo, frondibus subsimplicibus, S p .p l., 4547, Fl. lapp., 393. La Tetmaleya
«est dans une autre feuille, sous le nom de Fluviatile, provenant do l'herbier de
«Miller. Ces détails m’ont élé fournis par M. De Candolle» (Mon. Prêl., p. 373). Je
reviendrai tout à l’heure sur ce point.
Voici maintenant quelques-unes des raisons qui ont fait penser à d’autres auteurs
que VEquisetiim 836 du Flora suecica, E. fluviatile du Flora lapponica et du Species
plantarum, n’a rien de commun avec la plante de Ilaller, et que, si Linné a .cniprunlé
la synonymie de ce botaniste, c’est parce, qu'il n’avait pas vu l’espèce décrite par lui.
L ’B , Telmateia Ehrh. ne croît ni en Suède ni en Laponie, ainsi que l'alleslent
J, E. Wiekstrôm (Ann. de TAcad. suéil, 1837-1844, p. 477), Walilenberg (Fl. suecica,
p. 689: «Nostra piaula (B. limosum) differt ab B, Telmateia Ehrh. in Suecia
«non observalo),» et M. E. lories (Sum. veg., p. 59). Or, dans le II . lapponica,
Linné indique son E. fluviatile «ad ripas lacuum el fluviorum passim copiosissime;»
il le cite comme pouvant fournir aux rennes, qui le mangent avec avidité, la nourriture
d’hiver, si difficile à se procurer (p. 340); dans le Fl. suecica il mentionne l'usage
que les Suédois en font pour la nourriture des vaches, il donne Imil des noms popu