sur YE. maximum) la môme couleur et la même consistance que Tentre-noeud qu’elle
surmonte; mais les lobes, qui la terminent sur toutes les espèces, ont le plus souvent
une couleur et une consistance à eux particulières. Ils sont ici résistants et coriaces,
de couleur foncée et à peine membraneux à leurs bords {E. arvense, palustre etc.), là
tout à fait membraneux (B. maximum, variegatum etc.), quelquefois même très-caducs
{E. hyemale, voy. J. Duv. J. Eg. hyem., p. 165 et suiv.). Dans ce cas et après la
chute des lobes, la gaîne est toute cylindrique et terminée par de petites crenelures
arrondies, un peu gibbeuses, noires, dures et d’aspect corné. La forme des lobes, constante
sur une même espèce , est plus ou moins effilée, et quelquefois déliée comme
une soie; les bords n’en sont jamais nettement terminés, mais toujours plus ou moins
irrégulièrement ondulés, comme les bords d’un tissu déchiré. En effet, comme on
peut le remarquer sur les gros bourgeons et sur les liges naissantes de toutes les'
espèces, chaque gaîne, pendant toute sa période d’évolution, constitue une coiffe
entière, à peine enti-’ouverle et dentelée au sommet, mais non lobulée, et elle n’est
plus tard divisée en lobes que par une cause toute mécanique, par la poussée des
entre-noeuds supérieurs qu’elle recouvre. Ce déchirement se fait avec une apparence
de grande régularité, parce que la moitié supérieure de la gaine présente des
bandes longitudinales composées de nombreuses couches de cellules continuant les
côles de Tentre-noeud, et, en alternance avec les précédentes, des bandes composées
d’une ou de deux couches de cellules très-délicates répondant aux sillons
de Tentre-noeud, de telle sorte que le déchirement a lieu là où les bandes membraneuses
offrent moins de résistance. Mais, malgré cette apparence de régularité,
les traces du déchirement sont toujours reconnaissables, même à un faible grossissement.
D’ailleurs sur quelques individus, et constamment sur YE. sylvaticum,
le déchirement ne se fait pas sur toutes les bandes minces, et trois, quatre et même
cinq lobes continuent à demeurer unis (pl. I I I , fig. 16).
La lige des Equisetum est donc dépourvue de feuilles proprement dites. Mirbel
a considéré «la gaîne comme formée de feuilles soudées et les dents comme les
extrémités libres de ces feuilles.» C’est en effet Thypothèse qui se présente le plus naturellement.
Mais, si Ton considère, d’une part, que les lobes ne sont point réellement
des parties libres, et qu’ils ne paraissent tels qu’à la suite d’un déchirement, d’autre
part, que les feuilles sont des organes essentiellement aériens, et que les rhizomes
sont munis de gaînes aussi régulières et aussi développées que celles des tiges,
on sera moins porté à regarder les divisions des gaines comme des feuilles ; et, pomma
part, je me bornerai à les appeller divisions de la gaîne.
En rompant ou en tordant la tige d’un Equisetum adulte, surtout vers Tarrière-
saison, on remarque qu’elle se sépare, comme les rhizomes, en deux cylindres, Tun
externe ou cortical, T.aulre interne. Ces deux cylindres ne sont que peu ou point du
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tout adhérents sur les B. maximum, sylvaticum, pratense, arvense, palustre; mais
ils adhèrent plus lortement sur les autres espèces, attendu qu’à leur surface de contact
ils se pénètrent réciproquement par des ondulations, et dès lors on ne les distingue
bien qu’au moyen de coupes très-minces pratiquées tout contre les noeuds. Le
cylindre interne est composé de tissu cellulaire incolore et de faisceaux fibro-vasculaires;
il présente constamment la grande cavité centrale qui parcourt toute Tétendue
de Tenlre-noeud, et autour d’elle la série circulaire des lacunes essentielles. Le
cylindre cortical, entièrement dépourvu de faisceaux fibro-vasculaires, présente,
vers l’intérieur, du tissu cellulaire incolore, dans lequel sont creusées les grandes
lacunes extérieures en alternance avec les lacunes essentielles. La forme et les
dimensions des lacunes extérieures sont assez constantes, mais toutefois ces lacunes
manquent souvent sur VE. limosum. Le long de chaque côte s’étend sous Tcpiderme
un faisceau de fibres très-longues et très-résistantes que je désignerai par le nom de
fibres corticales; autour ou à côté d’elles existent des groupes de cellules à chlorophylle
dont Tarrangement et la forme sont constants sur chaque espèce; ils manquent
sur YE. maximum et sur les tiges spicifères non conformes.
La tige des Equiselum est rigoureusement simple et ne se bifurque ni ne se divise
jamais (sauf les cas de mutilation) en axes secondaires; mais dans la plupart des
espèces elle est pourvue de rameaux latéraux disposés en verticilles. Ces rameaux
naissent de bourgeons adventifs situés à la base des gaînes, entre les côtes, dans la
prolongation du sillon commissural des lobes; de sorte qu’ils alternent avec les divisions
des gaînes. Ils sont constamment munis à leur point d’émersion d’une petite
gaîne basilaire, fortement colorée et irrégulière, c’est-à-dire plus courte ou même
presque nulle du côté de la tige, plus longue à Textérieur. Comme les liges principales,
les rameaux sont composés d’articles avec gaînes régulières et lobulées. Sur
quelques espèces [E. limosum, palustre et le groupe des Hyemalia) ils apparaissent
avec plus ou moins de constance et ne constituent que des verticilles incomplets,
mais sur la plupart des autres ils forment des verticilles complets et d une parfaite
régularité. Ils sont d’ordinaire ascendants, quelquefois étalés ou même arqués et infléchis
vers l ’extérieur. Relativement à la tige, les rameaux sont de longueur très-variable,
mais sur uii même verticille ils sont généralement d’égale longueur, ainsi
que leurs enlre-noeuds pris dans leur ordre de succession, ce qui revient à dire, par
exemple, que tous les troisièmes ou tous les quatrièmes entre-noeuds d’un même ver-
licille sont égaux entre eux. Le rapport qui existe entre la longueur du premier
entre-noeud des rameaux et la longueur de la gaîne à la base de laquelle ils émergent,
fournit un caraclère spécifique très-constant et très-facile à observer (voy. J. Duv. J.,
Eq. franç., p. 512). Le plus souvent les rameaux demeurent tout nus; sur quelques
espèces cependant ils se revêtent de ramuscules disposés eux-mêmes en verticilles.