réciproquement, si l ’on enlève la terre autour de la partie souterraine d’une tige ou
autour d’un rliizome, on voit bientôt un verticille de rameaux verts se superposer à
chaque verticille de racines. D’autre part, des tiges aériennes du groupe àesHyemalia,
coupées en tronçons de un ou de deux entre-noeuds, et placées dans de l ’eau sous un
papier gris, ou dans du terreau très-humide, ont produit des racines au bout de
quelques jours. J ’ai répété plusieurs fois ces deux expériences, qui démontrent la parfaite
identité de nature et la double destination des rliizomes et des tiges. M. J. Milde
cite des expériences analogues faites par lui sur VE. variegalum et sur YE. scirpoides
{Gef. Crypt. Schl., p. 471 ').
Chaque article du rhizome et chaque tubercule, ayant au-dessous de leur noeud,
comme nous l ’avons vu, un verticille de bourgeons à rejetons aériens ou souterrains,
et un verticille de bourgeons à racines, il s’ensuit qu’un noeud est un
point vital, un centre de végétation, et dès lors qu’un s6ul article complet, ou un
seul de ces tubercules, suffit pour reproduire immédiatement la plante. C’est, en
effet, ce qui arrive. « L ’E. arvense ne peut jamais être complètement extirpé des
champs une fois qu’il les a envahis; car, à mesure qu’on coupe le rhizome avec la
charrue, on lui donne l’occasion de se multiplier. Remuer la terre, c’est augmenter
la propagation de cette plante embarrassante» (Bischoff, Krypt. Gew., p. 44). J ’ai
pu moi-même vérifier la parfaite exactitude de cette assertion. Dans le courant de
février 1860, je vis faire sur la ligne de lE s t, près de Strasbourg, un remblai qui,
en juin suivant, fut littéralement couvert de tiges d’B . arvense. J ’en arrachai plusieurs,
et toutes provenaient de fragments de rhizomes dont quelques-uns étaient
enfouis à plus d’un mètre de profondeur, ün de ces rhizomes partait de l’extrémité
d’un tubercule et se dirigeait en avant; ce tubercule n’était plus adhérent au rhizome
mère, et il se trouvait à la base du rhizome auquel son bourgeon terminal avait donné
naissance. Toutes ces tiges étaient stériles; et je dois ajouter que je n’ai jamais rencontré,
sur les E. maximum el arvense, de tiges spicifères naissant directement des
rhizomes profonds et horizontaux; toutes les tiges spicifères m’ont paru naître aux
enlre-noeuds inférieurs d’une tige stérile et robuste de l’année précédente.
§ 2. De la tige stérile
Les rejetons du rhizome qui arrivent à l’air libre, constituent ce que l’on appelle,
avec plus ou moins de justesse, la tige des Equiselum. Quelques espèces n’ont des
liges que d’une forme, c’est-à-dire que les tiges stériles et les tiges spicifères ont ab'
On comparera avec intérêt ce que dit M. A. Trécul sur « l’existence de racines latentes dans 1
« plantes, et des racines rudimentaires dans l’écorce interne du S a lix v ile llin a tt [Orig. ra c., p. 3i
1 tissus de certaines
solument même apparence et mémo organisation ; d’autres ont ordinairement des tiges
spicifères différant de leurs tiges stériles par l’époque d’apparition , par la durée, par
l’apparence extérieure et par quelques détails d’organisation. Je ne décrirai ici que les
tiges stériles elles tiges spicifères conformes; et je réserverai ce qui est particulier
aux liges spicifères non conformes pour le paragraphe suivant, où il sera question de
Tappareil de reproduction.
Les tiges des Equisetum sont herbacées, grêles (B . maximum excepté), et leur développement
en hauteur est généralement compris entre 0"',15 (E. variegatum) et
Iv.SO (B. maximum et ramosissimum) ; ce dernier devient même beaucoup plus grand
dans les haies en Provence. Elles sont droites ou rarement ascendantes, et se composent
d’articles cylindriques, creux, mais fermés à leur partie supérieure par un
diaphragme, au delà duquel s’élève une gaine lobulée emboîtant l’article immédiatement
supérieur.
Ces entre-noeuds sont de couleur verte, à l’exception de YE. maximum, sur lequel ils
sont d’un blanc d’ivoire. La surface en est plus ou moins rude au toucher, elle crie au
contact d’un instrument tranchant, et un faible grossissement permet de voir que cette
rudesse est due à de petites saillies siliceuses de formes diverses selon les espèces et à
peine sensibles sur les E. limosum et maximum. Cette surface n’est jamais rigoureusement
cylindrique, mais plus ou moins prismatique et parcourue de côtes et de sillons
parallèles et longitudinaux, quelquefois très-prononcés, mais à peine marqués sur les
deux espèces citées en dernier lieu. Les côtes alternent sur deux entre-noeuds contigus,
de telle façon que chaque fois les côtes d’un entre-noeud quelconque correspondent
aux sillons de Tentre-noeud qui lui est inférieur et de celui qui le surmonte.
Córameles gaines c o n t i n u e n t régulièrement chaque entre-noeud, les côtes et les sillons
des entre-noeuds se prolongent sur les gaines, les sillons jusqu’au fond des sinus,
el les côtes presque jusqu’à la pointe des lobes; côtes et sillons sont toujours plus for-
tementmarqués sur les gaines que sur les entre-noeuds. Par suite d’une particularité
d’organisation qui sera décrite plus loin, les côtes des entre-noeuds et des gaines de certaines
espèces ont sur leur ligne médiane ou carène une légère dépression qui a été
appelée sillon caréB«!, le sillon de séparation des côtes des gaines ayant été appelé
sillon commissural'. Les gaines s'appliquent assez exactement sur la base de Tentre-
noeud supérieur et sont rarement un peu dilatées en cloche. Leur longueur totale,
ainsi que celle de leurs lobes, varie considérablement selon les espèces, mais est assez
constante sur une même espèce. Leur partie tubulaire présente d’ordinaire (excepté
’ M. Bijll fait remarquer que «les dents des gaînes ont encore souvent de chaque côté une carène la té r a le , qui
est séparée de la carène médiane par un sillon la té r a l. Chaque dent de gaîne peut, d’après cela, avoir trois carènes,
et même quatre, lorsque la carène médiane est divisée par un sillon» {Fl. B a d ., I , p. 53, 1857). Le môme auteur
appelle «sillon m a rg in a l le sillon qui sépare chaque dent» (ibid.).