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Si les autres espèces ne présentent pas à l’extérieur des différences aussi frappantes,
elles offrent, ainsi que les premières, dans leur structure intérieure des différences
très-considérables, qui marquent nettement que la gaîne n’est pas simplement la
prolongation du revêtement extérieur des entre-noeuds. En effet, comme nous l’avons
vu p. 48 et 49, les faisceaux fibro-vasculaires ne passent point sans modification de
l'intérieur d’un entre-noeud dans la gaîue qui le surmonte; mais vers chaque noeud
il existe des groupes de cellules courtes, striées ou spiralées, d’où ils sortent, ou, si
l’on veut, auxquels ils aboutissent en suivant des directions très-différentes pour se
rendre soit dans la gaîne, soit dans l’entre-noeud inférieur ou supérieur. Il y a donc
là, à l’intérieur, une ligne, ou plutôt un plan de différences indiquant une modification
profonde et l’origine d’un organe.
Si l’opinion de M. Dôll était complètement exacte, c’est-à-dire si les gaînes com mençaient
dès la base de chaque entre-noeud, en formaient le revêtement extérieur et
s’en détachaient au noeud suivant, il s’ensuivrait que les côtes des entre-noeuds
seraient en quelque sorte les pétioles décurrents des « feuilles ; j> que le cylindre
externe serait constitué par leur réunion et que dès lors ce cylindre devrait renfermer
tous les tissus élémentaires des gaînes. Or il n’en est rien. Tous les éléments des deux
cylindres d’un entre-noeud se retrouvent dans sa gaîne, et la lacune qui y existe quelquefois
est celle du cylindre interne. Mais, comme nous l’avons vu, les éléments de
ce cylindre se modifient tous entre l’enlre-noeud et la gaîne. Donc il n’est pas exact
de dire que la gaîne «a son origine à la base de l’entre-noeud, qu’elle en forme l ’enveloppe
extérieure (äussere Haut), et se détache ensuite comme simple continuation
de cette enveloppe, sans ligne de démarcation et sans différence d’organisation.»
L'assertion n’aurait pas même une exactitude générale, si on la réduisait à l’épiderme,
car sur certaines espèces, l’épiderme des gaînes n’est pas identique à celui des entrenoeuds
(voy. p. 28).
Puisque, d’une part,la gaîne renferme tous les tissus des deux cylindres de Tentre-
noeud presque semblablement disposés, puisque, d’autre part, Tapparition et surtout
l’évolution de la gaîne précède celle de Tenlre-noeud, el que c’est de la base de la
gaîne que naissent d’abord les tissus de Tentre-noeud infraposé, il semble qu’au lieu
de faire de la gaîne une simple prolongalion de Tenveloppe des eutre-noeuds, il serait
plus naturel de dire que Tenlre-noeud est la continuation inférieure de la gaîne. Chacune
des divisions de Tentre-noeud répondant à une division de la gaîne, serait alors
considérée comme le pétiole de cette expansion foliacée ; et de même que le slipe ou
le rhizome des Fougères est formé par la réunion, autour d’un centre médullaire, des
pétioles qui le parcourent bien au-dessous de leur point d’émersion, un entre-noeud
d’Equisetum serait constitué par la réunion de pétioles régulièrement vertieillés, qui
courent sur toute sa longueur. Mais cette manière de considérer Tenlre-noeud et la
il
gaîne comme Is développement et la continuation Tun de Tautre, au-dessus et au-
dessous du noeud, n’est pas mieux en harmonie avec ce que nous avons vu p. 58,
59 et 61, de l’évolution de la gaîne et de celle de Tentre-noeud, puisque la gaîne se
développe par sa base contre le noeud adjacent, et que Tentre-noeud qu’elle surmonte
se développe par sa base contre le noeud inférieur. Il me paraît donc plus sage de me
borner à constater ce qui est. et de m’abslenir de loule hypothèse morphologique.
Les rameaux naissent immédiatement au-dessous des gaînes. Celte loi est si absolue
que ni les mutilations, ni les déformations, ni les « monstruosités» n’amènent jamais
une exception*. En même temps ces rameaux émergent, comme nous Tavons vu
p. dS et 65, dans les sillons, c’est-à-dire sur la ligne commissurale des divisions de
la gaîne ou «feuilles» de Mirbel; de telle sorte que, au lieu d’être supérieurs et
axillaires à ces divisions, ils leur sont latéraux et inférieurs. A la sortie de terre des
tiges stériles de VE. maximum, les entre-noeuds, qui plus tard seront très-longs,
sont alors extrêmement courts, et par conséquent les noeuds sont presque contigus.
Les gaines, qui sont déjà complètement développées ou à peu près, se recouvrent les
unes les autres, A ce moment les verticilles des jeunes rameaux commencent déjà à se
montrer, et, par suite du rapprochement des noeuds et de l’alternance des parties,
chacun de ces rameaux paraît naître exactement à Taisselle d’une des divisions de la.
gaîne inférieure qui les recouvre. La concordance est tellement parfaite que, si les
choses restaient en cet état, on n’hésiterait pas un instant à dire les rameaux axillaires
aux divisions de la gaîne. C’est peut-être cette circonstance, ou la constatation
de quelque circonstance analogue, qui a porté M. Dôll à essayer défaire rentrer la
ramification des Equisetum sous la grande loi de Taxillarité des bourgeons, et à dire
que les rameaux des Equisetum sont axillaires, non à la gaine qu’ils touchent, mais
à celle qui recouvre la base de leurs entre-noeuds (Flor. Bad., p. 56). Pour que les
rameaux de la partie supérieure d’un entre-noeud fussent axillaires aux divisions de
la gaîne qui est à la base du même entre-noeud, il faudrait que ces rameaux et cette
gaîne, malgré la distance qui les sépare, provinssent d’un même noeud el appartinssent
au même verticille. Dans ce cas leurs vaisseaux auraient une origine commune. Or il
• Rien n'esl plus facile que de conslatec la posilion rolalive des rameaux. C’esl donc avec surprise qu’on I i l dans
Pajer ; . Immédialement a u -d e s su s des gaînes naissenl sourenl des rameaux verlldllés . {Bot. C r y p t , p. 21.3 ; 1850).
L’auleur allribue celle opinion à Mirbel, sans citer toutefois l’ouvrage où il l ’a prise. Or, dans les E lé m . d e p h y s . vég.
e t i e b o t . , \ , p. 387, 4 l'arllcle ÉauisÉTACÉES, on trouve en effet à pou près celle phrase, mais avec le mol dessous.
On croirait à une faute d’impression si l’auteur n’avait ajouté ; « Cette organisation ne diffère pomt de celle, du C a su a -
« r in a que l ’on prendrait volontiers, si l ’on ne connaissait sa fleur et son fruit, pour une Prêle en arbre. * Comme les
rameaux vertieillés des C a su a r in a naissent a u -d e s su s des gaînes, gn voit qu’il y a eu méprise. M. Raspail dit aussi :
. le s chatons du T a x u s ont exactement la structure de l ’épi dos Equisetum Les genres E p h e d r a et C a su a r in a ont
. exactement le port el la structure cauUnaire d’un Equisetum arborescent. {Ph ys . rè j . I l , p. 456). D’une vague res-
femblancedans l ’aspecl extérieur à un rapport essentiel de s tr u c tu r e , il y a loin.