Ç3ti CIIAl’ . IV. — HISTORIQUE ET SÏ.NONY.MIE.
liiires qu’il a reçus en Suède et dans le Nord (p. 368), en un mot Linné parte de son
E. fluviatile comme d’une plante répandue en Suède, vue et possédée par lui. Mais
Texamen de son herbier, fait par M. E. Newmaii et par M. CIi. Hartman, démontre, ainsi
qne nous Tavons rapporté p. 229 et 231, que les quatre spécimens qui figurent dans
la feuille 6 pour représenter \’E. fluviatile, appartiennent tous les quatre à la forme
rameuse de l'B. limosum et que TB.' Telmateia n'a aucun représentant dans Therbier
de Linné.
Si Linné, dans son Mantissa IP, et dans les notes de son herbier, allribue à son
B . fluviatile, sur Taulorilé de Haller, des liges florifères distinctes des tiges fertiles,
d’autre part, dans la deuxième édition de soa Flora suecica, c’est-à-dire dans un
ouvrage où il consigne ses propres observations, il ajoute à la description de TB.
limosum; «præcedeiili (B. fluvialili) nimis affinis et interdum frondes parciores
« assumens » (p. 368). Ajoutons que dans son Fl. lapponica, p. 3'10, Linné rapporte
à son E. fluviatile TB. nudum Lind. Wiksb., 4 L Or, si TB. fluviatile de Linné était
réellement TB. Telmateia Ehrh., la comparaison et la synonymie qui précèdent
eussent été impossibles, non pas seulement pour Linné, mais pour un novice en
botanique; et en même temps il est inadmissible que, dans une Flore de Suède, Linné
compare son E. limosum à une plante qui ne croît pas dans ce pays, tandis que 1 E.
fluviatile L. rapporté à la forme rameuse de TE. limosum y croît abondamment, et
justifie entièrement cette comparaison ainsi que ce qui a été cité plus haut sur l’abondance
de cette plante, sur ses usages en Suède et sur ses usages possibles eu
Laponie.
Enfin, il est indubitable que si Linné avait vu seulement une fois TB. Telmateia
Ehrh., ce grand descripteur n’aurait pas laissé à son B . arvense la phrase ; E . scapo
frnclificante nudo, sterili frondoso {Sp. pl., p. 4517), laquelle convient à Tun el à
Tautre.
Ainsi donc, il paraît certain que celle espèce n’a jamais été connue de Linné,
qu’aucun de ses noms spécifiques ne peut la désigner, et que ce n’est que par suite
d’une confusion que Linné a rapporté à son E. fluviatile la synonymie de G. Bauhin,
celle de Haller et la citation de ce dernier.
En 4783, Fr. Elirhart imposa à notre plante {Ilannbv. Magaz., Stuck 48, p. 287)
le nom de Telmateia, dont la signification T tka a , Té\p,moç, bouc, et sia, herbe,
manque d’exactitude pour désigner la station de cette belle espèce (voy. Bull. soc. bot.
France, t. IX , p. 333 et 325). En 4797,Rolli, dans ses Calai, botan., fasc. I , p. 428,
la nomma B . eburneum, exprimant ainsi avec justesse un caraclère physiologique
très-important et tout à fait particulier à cette espèce, savoir l’absence de stomates,
et dès lors de chlorophylle, sur les entre-noeuds, ce qui occasionne leur belle couleur
d'un blanc d’ivoire. Mais, au lieu de se rapporter au type de l’espèce, la description
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do Roth et de Schreber concerne la forme frondescens, sur laquellelcs tiges spicifères,
au lieu de se faner et de disparaître après la sporose, persistent et produisent des
rameaux*. C’esl ce qui ressort clairement de la diagnose de Roth: « E. scapo frucli-
« ficanle nudo demum elongato in frondem verticillato-ramosam.... » (Tent, fl.germ.,
vol. IV, p. 4), non moins que de sa description ; « Semine disperso et spica inarces-
« conte, demum corrugata vel decidua, scapus elongatur in frondem verticillato-
« ramosam, sæpius ultra tripedalem, ereetam, striclam d (ibid., p. 5). Quant à 1 identité
de Tespèce elle est attestée par Roth lui-même en ces termes : 4 Observationibus
<1 cdoclus ill. Præses de Schreber in litteris me fecit certiorem Equisetum suum ebur-
4 neim eamdem esse plarilam cum Equiseta Telmaleja Ehrli., et hoc iii alterum ælale
« transire » (ibicL, p. 5).
Ainsi le nom d’Elirhart a plus d'extension et est plus ancien que celui de RoÜi, et,
à co double titre, il a été généralement adopté. Cependant il n’est pas le nom le plus
ancien, le nom princeps. 11 a été imposé en 4783. Or, dans la première édition de la
Flore française du chevalier De Lamarck, qui est de 1778, c’est-à-dire antérieure de
cinq ans au Hannoversche Magazin, on trouve, à la p. / dn t. I " , cette espèce
décrite sous le nom d’B. maximum. Il est vrai qu’on trouve en synonyme E. fluviatile
L., mais le texte ne peut laisser aucun doute. En effet, cette espèce, avec l’B.
arvense, forme le «III» g r o u p e . Tiges fl,euries nues et les stériles feuillées, z et^ la
description dit formellement; «Les liges fleuries sonl nues, épaisses, hautes d’un
« pied et naissent au prinlemps.» D’autre part, Poiret, continuateur de De l.amarck,
en reprenant, quoiqu’avec doute, le nom linnéen E. fluviatile comme antérieur, a
cité en synonymie les noms imposés par De Lamarck el par Elirhart (Enc. mélh. bol.,
V, p. 644). Mais ce qui pourrait inspirer quelques doutes, c'est que De Candolle,
également continuateur et en quelque sorte collaborateur de De Lamarck, n’ait pas
repris le nom imposé par ce botaniste. Dans sa Flore française, 4805, t. H, p. 581,
De Candolle mentionne et décrit sur le n» 4454 TB. Telinateija Ehrh., sans autre
synonymie que TB. eburneum Roth, rapporté seulement à la variété fl; et, à la page
• Vaiiclier, qui no connaissait pas celle forme frondescenlc, so scandalise dn caractère que llolli assigne à sou B .
e b u rn e um et dit avec humeur : « c’càt- une erreur d 'im a g in e r , comme l ’a fait Roth, que la hamjie fructifère pousse
«des feuilles après la chute de l ’épi; il n’y a point de rapport entre l ’organisation de la lige stérile et celle de la
« hampe Cette dernière meurt constamment après avoir répandu ses graines.. (iVon. P r é L , p. 361). Le tres-conscieii-
cieux el trcs-clairvoya.iL Roth u’ovait rien imagine; il avait décrit ce qu’il avait vu, seulement il avait pris un accident
pour la forme constante, ü paraît que celte forme frondescenlc est si répandue dans quelques contrées de l ’Allemagne
que ISischoff {Krg pL G ew ., n. 46 el 47) la regarde presque comme essentielle à l’espèce. Le môme auteur dit ailleurs :
. La frondescence de la hampe fertile est un fait si constant au.x environs de Heidelberg et entre Munich et Schmftlarn,
nue j’aurais dû regarder celte frondescence comme la règle et son absence comme l ’exception; mais il parait que la
proportion entre les deux sortes de liges peut varier selon les localités» (B em e rk . E q ., p. 108). M. Milde aflirrae que
celte forme ne se rencontre qu’exccplioiniclloment en Silésie [K e iin in . E q ., p. 587, et G ef. K r ijp l. S c h l., p . 428 et suiv.).
Nous avons vu plus haut qu’elle est également Ircs-rarc en France.