«dissuadet in calculo I I oyerus (Act. nat. curios. Cent., I , 2 , p. 1 2 7 ) ex casu iinico
«Equisetum, non de eo solo, sed combinalo cum baccis Juniperi in pulvere loquitur.
«Dissensiis hi tanto noccnliores esse possent, nisi in liodierna praxi medica rarissi-
« mum esset Equiseti nomcn » (J. A. Murray, Apparat, medicam., V, p. 484-485 ; 1 7 9 0 ).
Soit par suite de ces contradictions, soit à cause de leur inefficacité, les Equiselum,
comme le disait Murray, étaient donc tombés dans un profond oubli, lorsqu’on
1826 le docteur Lcnhossck Ct avec eux de nombreuses expériences et constata
leur propriété diurétique. D’après ce savant, l’intensité de cette propriété varie selon
les espèces; faible dans les E. arvense, variegatum, ramosum et palustre, elle est si
développée dans les E. hyemale et limosum, que souvent elle détermine l’hémalurie.
A la planle fraîche, qui est trop active, on doit préférer la planle sèche; il convient
de l’administrer en décoction de 8 à 12 grammes sur 500 grammes d’eau. On on
donne toutes les deux heures une ou deux cuillerées aux enfants, 100 à 200 grammes
aux adultes. L ’action n’en a rien d’irritant pour les voies digestives et n’apporte
aucun trouble dans la circulation. C’est surtout contre l’acciimulation de sérosité par
atonie, et à la suite d'afl'ections exanlhémaliques, qu’il en conseille l’usage; il le proscrit
au contraire toutes les fois qu’il y a inflammation (Bcoh. u. Ahhandl. prakt.
Ileilk. von Doct. und Prof. d. Univ. z. W ien , Y, 1826, p. 392-408. — Voy. aussi : Edimh.
med. a. Surg. Journ. Janu., 1827; Arch. gen. de méd., X V I, p. 456; Journ. de chim.
méd., t. I I I , p. 554, el A. Riciiaud , Élém. d ’iiist. nat. médic., 4“ éd., I I , p. 54-65 ; 1849).
Malgré tout cela, les Equisetum ont été laissés de côté; ot ces plantes, si vantées
autrefois, sont aujourd’hui complètement délaissées. Le Codex ne les mentionne
plus; Soubeiran fait de môme dans son Traité de pharmacie, et M. Dorvault
(Offic., p. 507; 1858) se contente de dire: «Prêle, estimée diurétique; inusitée.»
M. Schnizlein, professeur à Erlangen, dans sa Revue de botanique médicale et pharmaceutique,
Evlangen 1S60, dit seulement: «E . arvense, diureticum» (p. 72). La
médecine ne les emploie donc plus; elles sont exclues des pharmacies; et c’est à peine
si en Alsace et en Provence elles sont quelquefois, sur leur vieille réputation, demandées
aux herboristes de ces contrées. Gomme on peut le croire, je n’ai pu vérifier par
moi-même ce qu’elles méritent réellement, de l’ancienne confiance ou de l ’oubli
présent. Mais il n’en a pas élé de même de leur emploi culinaire. Comme Haller nous
indique très-expressément que son n” 1675 {E. maximum) «hoc fuerit Equisetum
«quod a plebe romana in cibum recipitur» {Ilist. stirp. Helv., I I I , p. 1), j ’ai voulu
en essayer. Or, avec la meilleure volonté du monde, il m’est impossible d’admettre
que, même en carême, par esprit de mortification et de pénitence, on puisse manger
des beignets de jeunes Equisetum. Cela n’a aucun mauvais goût, et l’épi a même une
saveur amère, agréable; mais les gaînes et les entre-noeuds de la tige spicifère ressemblent
par trop à ce qu’on obtiendrait avec des bandes d’étoupe saupoudrées de
sable fin. Je croirais plus volontiers qu’il s’agit des turions de quelque plante au
feuillage fm (peut-être de l’Asparagus acutifolius), qui se mange en Provence. Il est
d’ailleurs à remarquer que Cesalpino {Replant., lib. X V I, cap. 15, p. 598, Ed. 1583),
G. Bauhin {Theat., p. 240) et tous les auteurs intermédiaires donnent le nom d’As-
paragus aux jeunes tiges spicifères d’Equisetum, ce qui peut avoir facilité la confusion.
Si on a attribué aux Equisetum tant de propriétés bienfaisantes pour l’homme,
il n’en a pas été de même, et tant s’en faut, de leurs propriétés dans l’économie
rurale. Pline avait débuté par les accuser «invisa Equisetis.... in pratis vituperata
«nobis».... Longtemps oubliée, cette accusation fut relevée par Ilaller, qui y joignit
ses plaintes personnelles. Il dit, en effet, de l’E. palustre: «Hoc equisetum paulo
«minus quam 1676 (E. arvense) tamen et ipsum pecori nocet et dentium facil in
« bobus et vaccis vacillationem tum diarrhoeam. Cum seducías pulchritudine Trifolii
«Equiseto 1676 inquinati, famulus, qui boum meorum curara gerebat, semel aut
«iteriim vaccam nuper vitulum enixam Iiac pestilente herba aluisset, ex diarrhoea
«immedicabili eadem periit. Quare magnis pecuniis nostri arcanum redimerent, quo
«prata infaustissima herbarmn liberarent. Mihi noque aratrum, neque fimus, neque
« alia cura profuit. Equis non nocet, neque-ovibus et rangiferis. Porci nostrates recu-
«saiit, cum in Suecia non detrectent. Radicibus tamen glandium simile aliquid sæpe
«adhæret-, quod porcos credas requirere.» La mauvaise humeur du propriétaire
semble même réagir sur le médecin, qui ajoute: «Vires medicas vix satis certas
«autumo. Aquosa planta est, parum acris ; ei adstringentes vires tribuerunt in diar-
«rhoea, in hæmoptoe efficaces. Nocuit tamen, I I o y er o teste, ventricnlo et vesicæ.
«Serio vix credo adhiberi » {Hist. stirp. Helv., I I I , p. 2).
Linné est mieux disposé en faveur des Equiselum; et si un blâme se joint à ses
éloges, ce n’est qu’en cas d’excès. Son Flora lapponica contient ce qui suit : Rangi-
«feri, Lapponum pecora, foeniim per hyemem non adsumunt facile, hinc Lappo
« iioctes diesque cos per sylvas ducere tenetur. Obtuli circa autumnura redeuiitibus
«ex longo itinere Rangiferis fasciculura foeni, et observavi eos banc plantam {E.
fluviatile id est limosum) seligere et adsumere, reliqua fere intacta relinquere.
« Annon itaque bocce Equisetum majorera oeconomiæ lapponicæ usum afferre posset,
« incolis judicandum relinquos (p. 310).
Dans son Flora oeconomica il établit que:
8 N ° 833’ {arvense). Equiselum ab ovibus prægnanlibus nimium comcstum abertura
« producit.
«N» 830 {limosum). Equisetum vaecis lUilissimum foenum.
’ Ces numéros répondent à ceux du F lo ra su e c ic a . Ed. 1“ , 1745.