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138 CIIAP. V. — DE QUELQUES OPINIONS MORPHOLOGIQUES ET DES ANOMALIES,
est loin d'en être ainsi. L ’examen analytique des tissus nous a montré que le faisceau
vasculaire qui se rend à ia base d’un rameau provient de la réunion de deux petits
faisceaux , lesquels, au lieu de venir d’un même groupe de Tentre-noeud, se détachent
latéralement chacun d’un groupe différent. Au contraire, le faisceau vasculaire qui
parcourt la ligne médiane de la division de la gaîne infraposée à un rameau, et à
laquelle ce rameau serait axillaire, se rattache à un seul et même faisceau vasculaire
de Tentre-noeud qui est inférieur à cette gaîne, et dès lors différent de Tentre-noeud
supportant le rameau que Ton voudrait dire axillaire à cette gaîne. L ’élude de la première
apparition et de l’évolution d’un bourgeon à rameau s’ajoute à ce qui précède
pour démontrer péremptoirement que la formation du rameau a lieu au noeud contre
lequel il émerge, qu’il n’y monte pas de Taisselle des «feuilles» du noeud inférieur,
que rien ne le relie à ce verticille de « feuilles, » et que les faisceaux vasculaires de
Tun et de Tautre se rattachent à ceux de deux entre-noeuds différents (voy. p. 49
et 66).
Je dois me hâter d’ajouter que M. Dôll cite au même lieu ce fait que « les Lycopo-
iliacées, les Marsilea et les Pilularia ont des rameaux latéraux et non axillaires à leurs
feuilles; ce qui diminue l’importance de la question.» Comme la loi de Taxillarité des
bourgeons n’est pas applicable aux cryptogames, sur lesquels un bourgeon peut naître
au-dessus, au-dessous, à côté d’un pétiole ou même sur un pétiole (voy. Ad. Brongniart,
Ilist. vég. foss., I I , p. 30; Hofmeister, Kenntn., Gef. krypt., p. 630, 649;
Mettenius, Seitenkn. Form., p. 611, 627; J. Duval-Jouve, Pét. Foug., p. 3, 4 ,1 9 ;
pl. I , flg. 16, et pl. H , fig. 21 B), il n’y a pas lieu d'essayer de rattacher les Equisetum
à cette loi, et il suffit de constater exactement comment les parties sont disposées et
comment s’en fait l’évolution.
Par sa position et par ses formes, Tanneau se montre comme un intermédiaire entre
les gaînes et les verlicilles sporangifères ; il représente assez bien les feuilles supérieures
d’un grand nombre de phanérogames, lesquelles ne sont pas encore des enveloppes
florales, mais ne sont plus des feuilles proprement dites. L ’anneau est sujet à présenter
des irrégularités qui sont en même temps la conséquence et la manifestation
de sa nature intermédiaire. Tantôt il conserve encore quelques traces d’expansion
foliacée, qui simulent une gaîne incomplète, et même au-dessous de lui peuvent apparaître
des rameaux comme sur VE. sylvaticum; tantôt il porte déjà sur ses bords
quelques sporanges plus ou moins réguliers, arrivant ainsi par anticipation à celte
fonction suprême de reproduction vers laquelle toute la plante aspire et qui est réservée
aux verticilles supérieurs. En citant des faits semblables, M. Milde s’exprime ainsi :
« J ’ai souvent observé sur les E. Telmateia et arvense comment cet organe (Tanneau)
se développe peu à peu (allmâhlig höher wird) et se transforme, soit partiellement,
soit complètement, en une gaîne; souvent tous les passages de Tanneau à la gaîne
complète se montrent sur un seul et même individu. L ’anneau se trouve parfois aussi
au milieu de la tige, ce qui est la preuve la plus forte de sa nature. J ’a. constate aussi,
sur les deux mêmes espèces, que Tanneau le plus rapproché de Tépi portait à quelques
lobes isolés des sporanges ovales qui étaient remplies de spores. Quelques-uns de ces
lobes montraient déjà leur transformation en réceptacles, en ce qu’ils se séparaient
de Tanneau sous forme de petites feuilles isolées.»
« L ’anneau peut donc se transformer tantôt en une gaîne,’ tantôt en un verticille de
réceptacles, et peut, en conséquence, être regardé, avec un droit égal, comme une
aaîne avortée, ou'comme un verticille de réceptacles avortés ; il est pour ainsi dire
M intermédiaire qui, selon les circonstances, peut se transformer en Tun ou en
Tautre» {Kenntn. E q ., p. 608 et 586).
Entièrement d’accord avec ce savant botaniste sur la nature intermédiaire de 1 anneau,
je ne peux néanmoins adopter ni sa théorie ni ses expressions, quand il dit
qu’un «anneau se développe (höher wird)» eu se montrant à Tétat de gaîne.
La gaine ou, pour parler avec plus de généralité, les feuilles des végétaux sont des
appendices, des organes accessoires, utiles sans doute, et quelquefois même indispensables
comme organes de protection et de nutrition, mais enfm ce ne sont que des
organes accessoires qui peuvent manquer, qui manquent même très-souvent dans
presque toutes les familles, sans que le végétal en soit moins ce qu’il est. Les organes
reproducteurs, au contraire, sont les organes essentiels, essentiels au premier chet,
parce qu’ils assurent la propagation de Tespèce, parce que sans eux le végétal ne
continuerait pas à être. Ils remplissent la fonction la plus élevée, celle qui résume
toutes les autres et qui en est le terme et la fin suprême, celle à laquelle toutes les
autres fonctions et tous les actes de la vie végétale ue semblent qu’une préparation et
une aspiration. Les organes reproducteurs sont donc les organes les plus élevés, les
plus parfaits, ceux qui renferment en eux la vie ultérieure du végétal, le végétal futur,
réduit à ses éléments essentiels, mais complet. S’ils sont les plus élevés, ce sont ceux
que Ton doit prendre pour terme final de comparaison dans l’appréciation du développement
successif des organes préparatoires et accessoires. La feuille se développe
et s’élève à mesure qu’elle cesse d’être feuille pour devenir enveloppe florale. L ’étamine
■ est d’un degré supérieur au pétale ; et, si par les manoeuvres habiles de nos jardiniers
la plante est arrêtée dans son développement final et demeure à un degré inférieur, il
ne faut pas voir, par exemple, dans le remplacement des étamines par des pétales,
une transformation, une élévation, un développement, mais bien plutôt un arrêt,
une dégradation, un avortements! Ton veut. La feuille est plus apparente sans doute,
plus grande dans l’espace, mais non dans Tordre des fonctions ; elle s élève et se développe
vraiment en devenant bractée ou enveloppe florale; mais si Tenveloppe florale
se montre sons forme de bractée ou de feuille, il n’est plus permis de dire qu elle s est