Dans son Epistola a i Valentinum de sexii plantarum (25 août 1694) R. J. Camera-
rius, mentionnant chez les Equisetum un «semen masculinum quod more solito dif-
«flatur in auras,» fait observer que «credibile non videtur omisses esse in quadam
« plantarum specie femellas...., neo Equisetum ilio pulvere seri putem... ; ægre tamen
«sententia nostra patitur tantam seminalis auræ copiam frustra dispergi;» mais,
malgré ce regret, il a la sagesse de n’émettre aucune opinion sur la reproduction de
ces plantes, «quarum ortus et propagatio obscurior» (p. 265).
La phrase précitée de Cesalpino, où, remarquons-le bien, cet auteur ne disait pas
que les Equisetum ont des fleurs sur certaines liges et sur d’autres des fruits, mais
seulement que plusieurs tiges ne portent pas de fruit, et que celles qui en portent
n’ont pas de fleurs, la phrase de Cesalpino, mal comprise, fut reproduite sans examen
par les botanistes qui lo suivirent, et, cent vingt ans encore après lui, Tournefort
(Inst. rei herb., 1700) place le genre Equiselum dans sa quinzième classe : (iHerbm
floribus ap e ta lis ,i à la sixième section: «De herhis flore apetalo, quarum a lim in
eddem genere floribus, alias vero fructibus plenm que donantur,-i> c’est-à-dire dans ses
Herbes apétales didiques, à côté du Chanvre, de la Mercuriale et du Houblon, par
cette seule raison que : « fructus Equiseti speeiebus innascuntur, quæ floribus careni
«grana nempe, auctore Cesalpino, nigra, aspera et farda.»
J. Ray subit la même influence. Comme Tournefort, il sépara les Equisetum de ses
Capillaires (Fougères) et les plaça dans la classe suivante à côté du Chanvre et de
l’Ortie, en faisant remarquer toutefois qu’il n’était pas bien établi «an semen in eadem
«cum flore planta nascatur necne.» Puis il mentionne les observations du docteur
Ch. Preston, suivant lesquelles «Equisetum sylvaticum tenuissimis setis, C. B. Pin.,
«16, semina proferì rotunda, alba, musei cujusdam seminum æmula, pedículo
«semunciali tenuissimo el piane capillaceo, efoliorum geniculis exeunte,susténtala;»
et, sans élever aucun doute sur l’observation elle-même ni sur l’existence de cet
organe, il ajoute: «verum an semina fuerint hæc corpora, an vascula seminaba,
«dubito (Meth.pl. emend., p. 20,1703).
Dans les deux Dissertationes epistolares de plantarum propagatione qu’il adressa
en 1717 à l’Académie des Curieux de la nature, Dilleuius réfuta vivement la place
assignée aux Equisetum par Tournefort et par Ray, ainsi que les prétendues observations
de Ch. Preston, et il exposa les rapports d’identité qu’il voyait entre la fructification
des Equisetum et celle des Capillaires (p. 58). L ’année suivante, dans son
Nov. plant, genera, il plaça les Equisetum dans ses Capillaires : «Equisetum autem
«vera herba capillaris est, non minus ac Osmimda et Ophioglossum, nec quisquam
«de eorum seminibus certi quid adhuc afferre potuit; unde, cum seminibus, slami-
«nibus et reliquo apparata florido destituantur, forma vero florida et propagandi
«modo Capillaribus respondeant, eo omnino referenda sunt. Differì Equisetum ab
«aliis quod utriculi farinam continentes in capitatum clavum disponantur, quorum
«plurimis junctis clava vel capitulum exsurgit couioum» (p. 88).
Le «propagandi modus,» auquel Dilleuius fait allusion, est exposé dans les deux
ouvrages précités; suivant lui, les Capillaires et les Equisetum, «quæ quidem Capil-
«laribus omnino annumeranda sunt» (Nov. plant, gen., p. 84), manquant de vraies
fleurs et de véritables semences, se propagent par rameaux souterrains, auxquels les
granules farineux de leur fructification donnent la faculté reproductive. «Nobis ergo
«probabilissima videtur opinio Capillarium genus non seminibus, non stolombus,
«ut nec alla adhuc nota et obsérvala propagandi aut multiplicandi ratione, sed radi-
«cibus propagar!; ita tamen ut novellæ plantæ in his actu formentur, sed assurgerc
«nequeunt, ni pulvere foliorum foecundcntur» (Diss. epist., p. 55). «Non diversa
« fructificatione gaudere nobis videntur Equiseta » (ibid., p. 58 ; voy. Diss. epist., p. 71,
8 6 , 87 ; et IVOD. plant, gen., p. 77, 8 2 , 8 3 , 84). Comme le pollen d’un grand nombre
de phanérogames a la propriété de s’enflammer en pétillant lorsqu’on le projeUe sur
la flamme d’une bougie, et que les spores (farina) des Equiselum, des Fougtos et
des Lycopodes offrent la même propriété, Dilleuius en avait conclu qu’ils n’étaient
point une semence, mais une poussière fécondante de la nature du pollen. La même
observation induisit Linné en erreur sur la nature des spores des Mousses el des
Lycopodes (Sem. musc, in Am. acad.. H, p. 284; 25 mai 1750). N’oublions pas de
dire en faveur de Dilleuius qu’il fut le premier à séparer nettement les Chara des
Equisetum (Nov. pl. gen., p. 8 8 , et Diss. epist., p. 58).
L ’opinion de Dillenius paraît avoir été peu connue ou peu adoptée, car je ne la
retrouve citée qu’une fois, sans adoption, et toujours à côté de celle de Cesalpino,
dans Mappus [Hist. plant. Als., p. 98 et 99), en 1742, c’est-à-dire cinq ans après
l’apparition du Genera plantarum de Linné.
Il est vrai que dans cet ouvrage, Linné lui-même paraît n’avoir voulu admet re
aucune opinion hasardée sur la fructification des Equisetum, et il se borne à formuler
en ces mots une description tout extérieure: «Spica fructifieationibus peltatis, basi
dehiscentibus multivalvis. » On est porté à croire que Linné n’avait jamais examine
des spores d’Equisetum, lorsqu’on lit la phrase suivante, ajoutée par lui a la description
de l ’B. arvense dans la deuxième édition du Flora suecica: «Pollen, quum
« primum e spica exeutitur, saltat ac si viveret, observante Stæhelino, quod olim m
«Filicibus vidit Borellus» (p. 367). Ce que contient le Gen. plant., édition Schreber
(1789) est emprunté à Hedwig, comme l’éditeur lui-même le mentionne.
Eu 1738, Duhamel du Monceau examina au microscope et dessina les spores des
Equisetum ( P / i ÿ S . des «rires, R, p. 288, pl. X, flg. 2 /7).
Haller vit dans les spores des grains verts de pollen : «ipsa natura elástica, quæ in
«antheris plantarum admodiim mullarum observatur, demonstrat masculas bas