Les eiiti-e-noeuds des rameaux et des ramuscules tout toujours verts, même sur \’E.
maximum où les entre-noeuds de la tige n’élaborent pas la chlorophylle. Ils sont également
toujours rudes et plus profondément sillonnés que ceux de la tige, ce qui, par
suite de leur moindre diamètre, les fait paraître fortement anguleux (pl. V I , fig. 3 , 6 ,
10) ; et ce n’est que sur les espèces où ils acquièrent une grosseur considérable qu’ils
conservent davantage la forme presque cylindrique de la tige. La cavité centrale est
oblitérée sur quelques espèces, ainsi que les lacunes corticales, mais les lacunes essentielles
du cylindre interne existent constamment avec les faisceaux fibro-vasculaires
qui les accompagnent.
Dans les trois premiers groupes, les liges n’ont qu’une durée rigoureusement annuelle;
elles se développent au printemps et disparaissent aux premières atteintes du
froid, même dans nos départements méridionaux. Les bourgeons qui doivent se développer
l’année suivante se montrent sur les rhizomes et plus souvent sur la partie
souterraine des tiges dès la fin de l’été, et restent en cet état pendant l’hiver ; quelques-
uns aussi apparaissent vers la fin du printemps et se développent dès l’été en tiges
tardives et stériles.
Les espèces du groupe Hyemalia peuvent persister pendant l’hiver, mais toutefois
sous des conditions différentes. Ainsi, les liges de l’B . ramosissimum se flétrissent et
disparaissent aux premières atteintes du froid, non-seulement à Strasbourg mais dans
le midi de la France. En Provence, comme sur les bords du Rhin, elles ne persistent
que dans les haies très-fourrées où elles atteignent alors, sans augmenter de diamètre,
une longueur considérable. Dans la vallée des Baux, près d’Arles (Bouches-du-Rhône),
j ’ai recueilli, au milieu de buissons épais et bien abrités, des tiges de 3 mètres de
haut et dont les rameaux avaient 0'”,80. A Alger, dans les haies voisines du Jardin
d’essai, cette espèce atteint une taille plus élevée encore, tandis que les pieds végétant
à découvert sur les bords de l’Arrach ont chaque année leurs tiges détruites par
le froid. I l en est à peu près de même pour l’B. variegatum; à découvert ses tiges sont
brûlées par les premières gelées et se désarticulent aussitôt; mais si ses touffes cespi-
teuses sont bien abritées par des buissons ou sous des feuilles mortes, elles persistent
et montrent leurs épis orangés dès le premier printemps.
L ’B . hyemale et l’B . trachyodon supportent admirablement les froids les plus rigoureux,
et, à l’abri ou à découvert, une température de — 20“ paraît n’avoir sur eux
d’autre effet qu’un temps d’arrêt. Ils recommencent à pousser aussitôt que la gelée
cesse. Leur nouveau développement est facile à constater à la partie inférieure de
chaque entre-noeud. En effet, il est d’un vert beaucoup plus clair que la partie supérieure,
à laquelle le froid a donné une couleur plus foncée ou quelquefois rougeâtre.
Cette zone claire de croissance nouvelle est très-apparente au mois d’avril; à peu près
nulle sur les entre-noeuds inférieurs, parce que ces entre-noeuds ont en général
acquis tout leur développement dès la première année, elle augmente progressivement
de largeur en s’avançant vers l’extrémité, où elle finit par occuper toute l’étendue des
derniers entre-noeuds qui sont en entier de croissance récente.
§ 3. De la tige spicifère et de l'appareil de reproduction
Les organes de reproduction sont disposés en un épi terminal, qui se trouve, selon
les espèces, soit à l’extrémité des tiges ordinaires et de leurs rameaux, soit sur des tiges
particulières d’un aspect tout dilïércnt de celui des tiges stériles de la même espèce.
Divers auteurs ont donné le nom de hampes aux liges spicifères propres CVaueher,
Mon. Prêt., p. 353 et 359 ; Bischoff, Krypt. Gew., p. 31 etc.), voulant marquer par
là les différences profondes qui les distinguent des autres tiges do la même espèce.
Elles sont d’abord plus précoces, d’une évolution plus rapide, d’une plus courte
durée, à tel point que deux ou trois semaines au plus des premiers jours de printemps
leur suffisent pour se développer, accomplir leur fonction reproductrice et disparaître,
alors que les autres ont à peine commencé à sortir de terre. Leur taille est d’ordinaire
beaucoup moins élevée. Leurs entre-noeuds, au lieu d’être verts, à tissus résistants,
à surface marquée de sillons profonds et de côtes rudes, ont une surface lisse
et unie, d’une couleur rose pâle, tournant rapidement au brun, et des tissus mous,
si chargés d’eau que la cavité centrale en est presque toujours à moitié remplie. Les
gaînes seules élaborent la matière verte, mais elles sont beaucoup plus longues, plus
larges, plus colorées et plus membraneuses que celles des liges stériles. Au-dessous
des gaines on reconnaît bien des rudiments de bourgeons, mais ordinairement
ils ne se développent pas, et la tige reste nue. La cavité centrale, les deux
sortes de lacunes, les faisceaux fibro-vasculaires n’offrent rien de particulier; mais la
matière verte manque complètement sur les entre-noeuds.
Ce qui précède n’est exactement vrai que des B. maximum et arvense, et ne s applique
aux tiges spicifères des B . sylvaticum et pratense que pendant la première période
de leur développement. Après que l ’épi de ces espèces a rempli ses fonctions,
il se fane, mais seul, et la partie inférieure de la tige spicifère continue à végéter,
élabore la matière verte et se couvre même de rameaux plus forts que ceux des tiges
stériles. Ces espèces sont donc, à cet égard, comme des intermédiaires entre les espèces
à tiges de deux sortes et les espèces à tiges toutes conformes.
Il est à remarquer que même sur ces dernières espèces, les tiges vertes et conformes
qui portent un épi se modifient notablement aux entre-noeuds les plus rapprochés
de l’épi terminal. En effet, ces entre-noeuds perdent peu à peu l’intensile de leur
couleur verte; ils deviennent moins résistants; leurs gaînes se dilatent; celle qui est