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cette coloration en roux n’est point due à une membrane spéciale tapissant les parois
du col et du ventricule. On voit d’ailleurs cette coloration s’étendre assez avant jusque
dans les commissures des cellules du col et du ventricule, ce que ne ferait pas une
membrane.
Ces petits matras, avec toutes ces apparences, ne sont autre chose que les arohé-
gones. Il me reste à en exposer le mode d’apparition , et à suivre dans ses diverses
phases le développement qui précède et amène les apparences ci-dessus décrites, et
sons lesquelles les archégones se révèlent tout d’abord au regard de Tobservateur. Ils
indiquent ainsi la région où Ton doit en chercher la première apparition.
Si donc, à Tépoque du complet développement des premières anthèridies, dont
Tapparition est toujours plus précoce que celle des archégones, on explore avec un
fort grossissement la surface de la région charnue des sporophymes les plus vigoureux,
vers la base des ramifications lobulées, on y verra une cellule qui se distingue
de ses voisines par sa forme plus sphérique et surtout par sou contenu, qui, bien que
renfermant des granules de chlorophylle, est très-riche en matière mucilagineuse à
granulations très-fines (pl. X , fig. 4). Celte cellule est une cellule-mère d’archégone.
Il y en a ordinairement sur un même pied un nombre assez grand (environ une vingtaine),
à divers degrés de développement, pour que leur étude comparée révèle la série
de leurs modifications successives, ainsi qu’il suit.
La face extérieure et libre de cette cellule s’élève au-dessus des autres en formant
une saillie considérable, et bientôt deux forts nucléus amènent son partage en deux
cellules superposées (pl. X , fig. 4). L ’inférieure, engagée dans le tissu du sporophyme,
deviendra la cellule ventrale de Tarchégone, et la supérieure en constituera
le col par ses divisions successives.
La première de ces divisions est verticale, et chacune des deux cellules qu’elle détermine
est immédiatement doublée par une division à angle droit avec la précédente
(pl. X , fig. 5). E t comme en même temps la cellule inférieure ou ventrale s’est développée
en hauteur, aussi bien que les quatre nouvelles cellules qui la recouvrent, cet
ensemble constitue alors des élévations faciles à reconnaître et à distinguer, tant par
la forme spéciale que par Taspect hyalin des quatre cellules supérieures, contrastant
par Tabsence de chlorophylle avec le contenu plus foncé de la cellule ventrale. Bientôt
chacune des quatre cellules se dédouble deux fois de suite par division horizontale,
de manière qu’il s’élève au-dessus de la cellule ventrale une colonne de quatre couches
de cellules superposées, chaque couche composée de quatre cellules se rencontrant à
angle droit sur une ligne centrale (pl. X , fig. 6 et 7). Les quatre terminales ou supérieures
ne se divisent plus, mais s’étendent si considérablement en longueur qu’elles
égalent à elles seiiles.tout Tensemble des autres, el constituent les longs appendices
cités précédemment; les trois couches qui sont au-dessous ne se subdivisent plus el
s’étendent aussi en longueur, mais de moins en moins, et celle qui recouvre la cellule
ventrale non-seulement reste plus petite, mais est atteinte par le dédoublement
qui divise les cellules environnant immédiatement la cellule ventrale. Elle se confond
donc avec ces cellules, qui, déjà petites, sont par leur subdivision réduites à n avoir
plus que le sixième ou le huitième du diamètre des cellules ordinaires; ainsi, dune
part, est constitué autour de la cellule ventrale un tissu d’une ou de deux couches de
petites cellules, et, d’autre part, le col de Tarchégone semble presque toujours com-
nosé seulement de trois couches de quatre cellules (pl. X , fig. 7).
Pendant la formation du col, la cellule ventrale se modifie elle-même, et aux premières
divisions du col correspond dans cette cellule Tapparition d’abord de deux
nucléus (pl X , flg. 5), puis d’une cellule à la place du nucléus supérieur, qui occupe
la partie fortement voûtée (pl. X , fig. 6). Cette nouvelle cellule est la cellule reproductive
et le point de départ du pseudembryon et de la nouvelle plante. Peu a peu
elle se développe en refoulant et comprimant le reste du contenu de la cellule et le
nucléus inférieur ; de Tun et de Tautre il ne reste bientôt plus qu’une mucosité granuleuse
déposée à Textérieur de cette cellule (pl. X , fig. 7).
C’est à ce moment que les quatre rangées longitudinales de cellules formant le col
se séparent un peu à leur angle commun de contact, et leur écartement constitue
ainsi, suivant Taxe du col, un canal étroit à quatre faces conduisant à la cellule reproductive
(pl X flg. 2 «’ et 3). En même temps les quatre longues cellules terminales
se courbent plus ou moins en dehors (pl. X , fig. 2, et 7 bis); elles sont alors entièrement
incolores, hyalines et dénuées de chlorophylle, ainsi que les autres cellules du
col et que les petites cellules qui entourent la cellule reproductive à la manière d un
épithélium. , , «t • i
C’est sous cette forme que Tarchégone est définitivement constitue et prêt a la
fécondation. Je parlerai des modifications qui suivent, après avoir dit quelques mots
sur le sexe des sporophymes.
Des observations très-nombreuses et très-souvent répétées sur des sporophymes
provenant des semis des E. maximum, sylvaticum, arvense, limosum, palustre, ramosissimum
et variegatum, et un certain nombre faites sur des sporophymes spontanés
de VE. arvense', m’ont permis de reconnaître qu’en général les sporophymes qui
portent des archégones nombreux et bien développés ne portent pomt d anthéndies,
et que, sur plusieurs centaines de pareils sujets, à peine en Irouve-t-on un ou deux
portant des anthèridies. La tendance à la dicecie n’est pas réciproque pour les sporophymes
antliéridifères, et il n’est pas rare de trouver des archégones vers la base de
' J ’en ai pour la première fois trouvé des milliers dans une tourbière près de Ha?;uenau, le 28 juillet 1860, en compagnie
de mon excellent ami, M. Billot.