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Si la précédentG anomalie est attribuée à un excès d’humidité, celle-ci a été par
plusieurs botanistes considérée comme un effet de la sécheresse. M. Francis dit même
qu'on peut la produire à volonté « sur des pieds cultivés d’B. Telmateia en plaçant les
pots dans un lieu sec» [Anal. hril. ferns, p. 7G); il cite M. Wilson comme étant de
cotte opinion que partage également M. Edw. Ncwman [Brit. ferns, p. 73). Pour ma
part, je ne l’ai trouvée que dans des endroils secs, sur le haut de digues dont les
talus étaient alors couverts de longues tiges toutes stériles. Les épis ne portaient
presque que des spores imparfaites.
Cette anomalie, plus constante que la précédente, ne se reproduit pas cependant
avec régularité sur les mêmes rhizomes, ni dans les mêmes lieux. Elle n’en a pas
moins élevée à la dignité d’espèce par K. F. Sclmlt’z (1819), qui en a fait son B.
campestre, puis ramenée au rang de variété par G. F. W . Meyer (1836), B. arvense
v''s seroiinxiM.
Celte dernière dénomination, assez généralement adoptée pour désigner cette anomalie
sur les E. maximum, sylvaticum, pratense et arvense (voy. Milde, Gef Crypt.
Schl., p. 422, 428, 433 et 439) fait allusion à Tapparilion tardive des épis de cette
forme, et, à ce titre, me paraît devoir donner lieu à une observation. Il est d’abord
évident que cette anomalie ne peut se constater que sur les quatre espèces précitées,
à tiges spicifères non conformes et vernales. La plupart des autres espèces sonl en
sporose à peu près pendant toute Tannée, je veux dire pendant toute la belle saison
depuis la mi-avril jusqu’à la fin de septembre, et dès lors leurs tiges ne peuvent se
distinguer en pnccoces et serótina. A mesure que leurs bourgeons apparaissent sur les
rhizomes, ils sortent et se développent en tiges stériles ou spicifères. Il n’en est point
de même des premières espèces, B . maximum, sylvaticum et arvense. Leurs bourgeons
de liges stériles ou spicifères apparaissent sur les rhizomes dès le mois de juin:
L spicifères sont, en août et septembre, si complètement formées que leurs épis ont
des sporanges parfaits et des spores vertes avec des élatères ¡'néanmoins, dans les cas
ordinaires, les tiges provenant de ces bourgeons ne sortent pas de terre à celte époque,
el elles ne se montrent qu’au printemps suivant. Comme alors elles sont en retard
presque d’un an sur les tiges spicifères de VE.palustre, par exemple, qui, après avoir
commencé en même temps à Tétat de bourgeon, .auraient répandu leurs spores en
août ou septembre, elles méritent plutôt le nom de serótina que celui de proecoces.
E t si, comme cela arrive en effet, quelque pied des B . arvense et maximum, favorisé
par les circonstances, vient à produire ses tiges spicifères dans le courant de l ’automne',
c’est prématuré et pracox qu’il faudrait le dire et non en retard et seroti-
< M. Milde a vu des .bamiies. d 'E. T e lm a te ia sortir de terre eu octobre; « elles provenaienl, suivant ce savant bota-
liisle, de bourgeons dont le développement avait été favorisé par un sol Irès-gras. [ K e m ln . E q ., p, 587). J 'a i vu le
même fait pendant un automne très-chaud cl luimide so produite en Alsace sur les E . m a x im u m et orreitse.
nmn'; à moins qu’il ne fût bien constaté que les bourgeons de ces tiges, déjà formés
pendant Tété précédent, ne sortent et ne se développent réellement qu’après les
autres.
6» Interruption des épis. — Au-dessus des verticilles inférieurs de Tépi apparaissent
une ou plusieurs gaînes, soit régulières, soit en partie passées à Tétat d anneaux ou de
sporanges, soit même quelquefois accompagnées de courts rameaux. Ces gaînes sont
ou rapprochées ou un peu espacées, et au-dessus d elles 1 épi recommence avec ou
sans anneau et se termine normalement. De telle sorte que la lige offre comme deux
épis placés Tun au-dessus de Taulre. J ’al vu sur TB. littorale une double interruption
qui simulait trois épis superposés. Ordinairement les gaînes de 1 interruption sont un
peu plus petites que les autres, et un peu moins vertes ainsi que les entre-noeuds qui
les séparent. Quelquefois encore Tépi est interrompu par un anneau plus ou moins
régulier ou chargé sur ses lobes de quelques sporanges.
7» Terminaison irrégulière des épis. — Les gaînes qui viennent remplacer les verticilles
de sporanges ne cèdent pas toujours devant un retour de ces verticilles, et souvent
elles les remplacent définitivement; ce qui a lieu de deux manières. Ou bien elles
sont espacées par des entre-noeuds, et, avec ou sans rameaux, elles constituent au-
dessus de Tépi une extrémité de lige stérile tout à fait semblable aux extrémités normales.
On a appelé, à tort selon moi, cette forme proliferum. Ou bien quelques gaînes
en très-petit nombre sont très-rapprochées et terminent Tépi par une houppe foliacée;
on a appelé cette forme comosum (voy. ci-dessus p. 144). Dans Tun comme dans
Tautre cas, quelques-unes des divisions des gaînes portent parfois des sporanges
plus ou moins mal formés. Celte anomalie et la précédente accompagnent assez souvent
l’anomalie n» 5, et elles sont toutes deux assez fréquentes sur les E. pratense et
littorale. M. Milde a décrit et figuré cette double anomalie sur TB. arvense (Kenntn.
B ? . ,p . 571,pl, L I¥, fig. 3-4).
Quelquefois encore le clypéole aplati qui constitue le sommet obtus de 1 épi de certaines
espèces est remplacé par un acumen tout à fait analogue à celui qui termine
normalement les épis du groupe des Hyemalia. Je renvoie à ce qui a été dit p. 143 de
cette anomalie constatée par M. Milde sur les E. sylvaticum et palustre (Gef Crypt.
Schl., p. 434 et 462), par M. Cosson sur TB. palustre (Flore envir. Paris, 2“ éd.,
p. 880, et Bull. Soc. bot. Fr., ’V’I I I , p. 297 et 368), et par moi sur les B. arvense, pratense,
sijloatieum et palustre. Comme je Tai trouvée sur des échantillons recueillis
au hasard ou envoyés par des correspondants, j ’ai lieu de coire que cette anomalie se
■ Par la même raison le N a rc issu s s e r o tin u s , qui forme ses bourgeons en été et produit des fleurs de suite , mente
le nom de p roe c o x , car il est en avance sur les plantes qui, comme le L e u c o ium v e r n u m , ont leurs fleurs, leurs étamines,
leur pollen complètement formés avant l ’hiver, i
toute la durée de l’hiver, se ro tinoe .
s ne sortent qu’au printemps, et sont dés lors en retard de