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150 CIIAP, Y, — DE QUELQUES OPINIONS MORPHOLOGIQUES ET DES ANOMALIES,
renconli’crait assez fréquemment si on reclicrcliait avec attention. J'ai quelquefois
trouvé des épis d’E. ramosissinniin terminés par un clypéole obtus.
8“ Anneau uu milieu des tiges. — Je n’ai vu qu’un seul cas de cette anomalie sur
un E. littorale, et comme l’épi portait moins do verticilles qu’à l'ordinaire, il m’a
paru que cette anomalie peut rentrer dans le n“ 6 , Interruption des épis, et que des
gaînes sonl venues remplacer les verlicilles inférieurs d'un épi dont l’anneau seul avait
abouti.
9° Pluralité des anneaux et anneaux incomplets. — La pluralité des anneaux est
très-fréquente sur les tiges spicifères propres de VE. maximum. J ’en ai vu jusqu’à
trois assez distants les uns des autres et parfaitement réguliers. M. Milde fait mention
d’un épi d’B . pratense au-dessous duquel étaient quatre anneaux écartés ; «l’inférieur
et le supérieur avaient la forme normale; les deux intermédiaires étaient à moitié
transformés en gaînes» (Gef. Crypt. Schl., p. 442). Le plus souvent, et particulièrement
sur les B. arvense et littorale, la pluralité des anneaux est accompagnée d’irrégularités
consistant en ce qu’une partie des lobes de Tanneau s’est élevée à l’état de
sporanges. Alors la gaîne immédiatement inférieure passe à Tétat d’anneau, mais seulement
du môme côté et sur une largeur correspondant exactement à celle de la partie
de Tanneau chargée de sporanges (pl. X , fig. 14). Entre cette partie et le premier
verticille de sporanges, d’une part, et la gaine infraposée, d’autre part, les entre-noeuds
ne se sont pas allongés. Du côté opposé, et sur lequel chaque verticille est resté à
l’état normal, les entre-noeuds se sont allongés à peu près comme à Tordinaire; il en
résulte que le «pédoncule» se courbe et que Tépi s’incline. C’est un signe qui permet
do reconnaître facilement et de loin les sujets sur lesquels existe une de ces anomalies.
10” Entre-noeuds du rhizome renflés en tubercules (voy. p. 6 et 7, et pl. I , fig. 1,
2 ,4 ,5 ) . — La tuberculisation qui, chez certaines plantes, est un état habituel, n’a
pas été observée sur toutes les espèces d’Equisetum, et n’est pas également constante
sur tous les sujets des espèces où elle a été constatée.
11” Gaines disposées en crête. — A la suite d’une lésion ou d’une gêne qui a existé
pendant Tévolulion des organes, un ou deux entre-noeuds demeurent très-courts. Sur
la mémo région la tige se courbe et se tord ; les gaînes se détachent et sont refoulées
sur un des côtés en forme de crête ondulée. M. Moquin-Tandon cite des faits semblables
sur des Galium, des Mentha et des Valeriana (Téral. vég., p. 181 et 182).
M. Milde a signalé et figuré cette déformation (Kenntn. Eq., pl. L V I , fig. 44), et je l’ai
moi-même assez fréquemment rencontrée sur les B. arvense, limosum, palustre.
Quelquefois la crête latérale formée par la gaîne obéit un peu elle-mêfne à la torsion
et forme ainsi un passage à Tétat anomal suivant. D’autres fois les divisions de ces gaînes
refoulées latéralement sont séparées par des déchirures si profondes qu’elles sont
presque isolées jusqu’à leur base. M. Milde, après avoir cité et figuré (Kenntn. Eq.,
p. 608,.pl. LV) une déformation de TE. littorale sur laquelle les divisions de la gaîne
étaient isolées, ajoute; «Cette monstruosité montre très-bien que la gaîne en général
peut être considérée comme une soudure (Complex) de petites feuilles réunies par la
croissance et dont les bouts libres forment les dents. » En matière d’interprétation
d’une anomalie, j ’avoue la faiblesse de mon esprit et son Impuissance absolue à comprendre
qu’une déformation accidentelle et sans permanence nous montre comment
nous pouvons considérer Tétat ordinaire et permanent des choses. En suivant l’évolution
des gaînes, je vois leurs divisions se développer en restant unies et se déchirer
ensuite mécaniquement, et je ne puis les considérer comme essentiellement soumises
à une autre loi. L ’isolement accidentel des divisions de la gaîne, leur disposition anomale
en ligne latérale ou en spirale ne peuvent me porler à soustraire par la pensée
les organes foliaires des Equisetum à la loi constante qui les force à se développer
unis et à se disposer en verticilles, pour les considérer comme soumis à la loi de la
disposition en spirale. Une bifurcation accidentelle ne peut me faire regarder les tiges
des Equiselum comme soumises à une loi de dicliotomie. Je ne puis considérer les
choses autrement qu’elles se montrent, une anomalie autrement que comme une
anomalie, c’est-à-dire comme une déviation dans l’application de la loi permanente,
par défaut, par excès, ou par intervention de toute autre circonstance accidentelle,
et non comme la révélation d’une loi autre que la loi permanente.
12” Gaînes disposées en spirale. — Vaucher, qui paraît avoir le premier constaté
cette anomalie sur une tige stérile de TB. maximum recueillie près de Thun, l’a
décrite en ces termes ; « Les verticilles sont contournés en spirale depuis la base de
«la plante jusqu’à son sommet» (Mon. P r ê l, p. 364, pl. I I A). M. Moquin-Tandon
mentionne «la même anomalie retrouvée à Heudon par A. de Jussieu (Térat. vég.,
p. 181). M. Milde a mentionné et représenté à plusieurs reprises cette anomalie,
notamment Kenntn. Eq., p. 593, pl. L V I , fig. 40, 41 (B. Telmateia) ; fig. 43 (B. pratense);
flg. 44 (E. palustre); p. 601, fig. 45 et p. 602 (B. limosum); Gef. Crypt. Schl.,
pl. X X X V I, fig. 55 (E. limosum). Dans le Flora de 1858 (n” 5, 4 février, p. 69; et
fig, 3 et 4 de la pl. I l) M. D. Reinseh publia une notice Sur le passage des verticilles
d’une tige estivale d’B. Telmateia en une spirale non interrompue, avec des considérations
mathématiques sur ce phénomène. Cette notice peut se résumer en ce qui
suit. Après le douzième entre-noeud se trouvait une spirale continue, occupant la
place de plusieurs entre-noeuds et au-dessus de laquelle les vertieilles recommençaient.
Le verticille immédiatement inférieur à la spirale comptait vingt-huit parties
ou divisions, et celui qui lui était immédiatement supérieur en présentait trente. La
spirale en portait deux cent trois. En divisant ce nombre par vingt-neuf, moyenne des
deux verticilles extrêmes, M. Reinseh montre que la spirale représentait sept verticilles.