(pl. v n , ilg. 28). Ces longues cellules persistent même dans un âge très-avancé et
font paraître les lobes de cette espèce terminés par d’assez longues soies.
Quelle que soit la longueur apparente sous le microscope des lobes ou divisions du
bord des jeunes gaînes, elle est en réalité très-peu considérable pour chaque espèce,
relativement à 1 ensemble d’une gaîne complète, attendu que cette longueur reste ce
que 1 ont faite les premiers développements, et que la plus grande extension ultérieure
de la gaîne en longueur se fait par la multiplication des cellules de la région inférieure.
Comme, d autre part; la multiplication des cellules vers la face extérieure l’emporte
de beaucoup sur celles de la face intérieure et force la gaîne à se recourber vers l’intérieur,
il s’ensuit que l’ensemble d’une gaîne complètement développée est comme
une coiffe ovoïde, presque fermée et à peine enlr’ouverte à sa partie supérieure; qu’une
gaîne enveloppe et recouvre ainsi toutes celles qui sont plus jeunes qu’elle, ou, en
d autres termes, toutes celles des entre-noeuds supérieurs, et que sa division en lobes
ou dents bien prononcées n’est que l’effet du développement ultérieur et de la poussée
des enlre-noeuds qu’elle recouvre et enveloppe.
L accroissement en longueur des gaines a lieu ultérieurement par la multiplication
des cellules de leur région inférieure, et les E. maximum et hyemale montrent d’une
manière frappante et irrécusable que cette multiplication continue à la base longtemps
après quelle a déjà cessé sur toute la partie supérieure. En effet, sur le premier les
longues cellules terminales des très-jeunes lobes sont frappées de mort et desséchées
de très-bonne heure, presque aussitôt après leur apparition, et, comme je l’ai déjà
dit, ne persistent que sous forme de soies déliées. Néanmoins le reste de la gaîne
décuple sa longueur depuis ce moment jusqu’à sa croissance. Sur l’E . hyemale ce ne
sont pas seulement quelques cellules terminales qui se dessèchent et se flétrissent;
toutes celles qui constituent la moitié supérieure de la jeune gaîne sont arrêtées dans
leur développement, et toute cette moitié, non-seulement se dessèche, mais le plus
souvent elle se détache entièrement, comme je l’ai exposé en 1860 [Eq. hyem.,
p. 165 et suiv.). Or la partie restante, qui forme une gaîne cylindrique non lobulée
à son bord, n’a guère à cette époque qu’un ou deux millimètres de long, et après
quelques semaines elle en aura atteint dix, et quatorze au bout d’un an. Lorsqu’à la
partie supérieure des tiges de cette espèce (et aussi des E . trachyodon et variegatum),
le développement des gaînes, arrêté par les fortes gelées de l’hiver, recommence
dans les premiers jours du printemps, on voit vers la base de chaque gaîne une zone
plus claire qui indique les tissus de nouvelle croissance. En disséquant cette zone,
on en trouve les tissus, cellules, fibres, vaisseaux, stomates, à tous les étals de développement.
En outre, les gaînes de l’E . hyemale ne peuvent point prendre leur
accroissement par la multiplication des cellules supérieures qui restent, attendu
qu aussitôt après la chute des cellules de la pointe, les cellules qui forment le bord
se chargent d’une matière colorée qui augmente
leur volume el constitue commode petits mamelons
charnus à l’extrémité de chaque côte (fig. 1 ci-contre);
caractère déjà signalé en ces termes par Linné :
édenticulis obsoletis atris gibbis'. » M. Hofmeister a
également établi l’accroissement de la gaîne par la
multiplication des cellules des régions inférieures,en
s’appuyant avec beaucoup de force sur des considérations
d’un autre ordre [Vergl. ünters., p. 91 et 92).
Revenons au développement de la tige. Les diverses
multiplications décrites plus haut avant
celles de la gaîne, ne sont que celles du bourgeon
terminal. Or la masse cellulaire qui en constitue la
partie centrale ne donnera, par ses multiplications
ultérieures, que des cellules médullaires occupant le
centre de la jeune tige avant l’apparition de la cavité
centrale. Tout le tissu du cylindre intérieur et du
r jx cylindre extérieur et cortical résulte, comme je
l’ai indiqué plus haut, de la multiplication de la
deuxième cellule, soeur de la cellule-mère des gaînes.
Les cellules qui en proviennent forment une masse intérieure à la base des jeunes
gaînes, et c’est sur la multiplication en longueur et en largeur de cette masse cellulaire
que repose exclusivement tout le développement ultérieur des entre-noeuds*.
Dans le tissu provenant ainsi de la multiplication des cellules de cette région, c’est
ordinairement vers le quatrième ou au plus vers le cinquième verticille ou noeud que
commencent à se montrer des vaisseaux; leur apparition dans le tissu de la gaîne est
en retard d'un verticille. Nous avons vu précédemment que les faisceaux fibro-vasculaires
sonl distribués en avant des lacunes intérieures ou essentielles, et que celles-ci
sont situées dans un plan mené du centre de la tige au milieu des côtes d’un entre-
noeud ou delà gaîne qui les termine. Sur les points où doivent se trouver les vaisseaux,
le tissu cellulaire commence de bonne heure (déjà au-dessous de la deuxième gaîne)
à montrer des cordons verticaux distincts et toujours reconnaissables par de très-
grands nucléus uniques dans chaque cellule, puis, après la prompte disparition de
» Sur le feuillet intercalaire (p. 1517) de l’exemplaire original du S p e d e s p la iiia r um conservé à Londres avec l’her-
hier de Linné. Voyez aussi M a n t. I I , p. 504.
* n est facile d'éludier en un même jour et de bien comparer la série des développements d’une gaîne (ou plus lard
celle des rameaux), attendu qu’il y a toujours sur un même bourgeon quinze ou vingt gaînes (ou sur une même tige
dix ou quinze verticilles de rameaux) à tous les états de développement, et qu’on peut ainsi suivre toute la série des
transformations; ce qui donne une certitude complète.