9 6 C H A P . IV . — H E P RO D U C T IO N .
On pent appliquer ici ce que M. Alph. De Candolle dit des graines en général :
«La durée de la faculté de germer est le plus souvent en raison inverse de la faculté
«de germer vite» (Ann.sc. nat.,3‘ sér. bot,, V I , p. 382); car si, d'une part, les spores
des Equisetum perdent vite leur faculté végétative, d’autre pari cette faculté entre très-
promptement et très-facilement qn exercice. Dans le papier gris de dessiccation, les
spores qui se répandent à côté d’un épi un peu gros, trouvent là assez d’espace el
assez d’humidité pour commencer à végéter et à émettre leurs premières cellules. Ce
développement s’arrête bientôt, comme on peut le penser; les traces s’en retrouvent
à côté des épis desséchés, sous la forme de petites masses pulvérulentes, grisâtres.
Si, après un séjour de quelques minutes dans l’eau tiède, ces masses informes sont
placées sur le porle-objet, elles laissent voir soit les premières cellules des spores qui
ont commencé à se développer, soit d’autres spores qui n’ont pas végété, soit enfin
des élatères plus ou moins brisés qui feutraient le tout.
Des spores fraîches, prises au moment de la sporose et répandues sur l’eau ou sur
la terre humide, donnent après quelques heures les premiers signes de développement.
Elles se gonflent notablement, et les granulations vertes augmentent très-
rapidement en nombre et en volume, ün nucléus devient très-visible el présente le plus
souvent deux nucléoles; puis au nucléus primitif il en succède ordinairement deux,
dont la position est indiquée par les nombreux grains de chlorophylle qui s’amassent
à leur circonférence. Au bout d’un jour, la spore se dédouble en deux cellules très-
inégales et Irès-diflerentes (pl. IX , fig. 12). L ’une, de beaucoup la plus grande, contient
presque tous les grains de chlorophylle; l’autre, beaucoup plus réduite, n’en
renferme qu'un petit nombre, réunis près de la paroi de séparation; le reste de son
contenu ne paraît être qu’un mucilage à grains fins. C’est celle-ci qui donnera la
première radicelle. Le plus souvent les nucléus sont nettement visibles et se montrent
indifféremment contre les parois ou vers le centre ; mais souvent aussi je les ai cherchés
sans en pouvoir découvrir la plus légère apparence.
Pendant ces premiers développements le sporoderme extérieur, qui s’était un peu
élargi d’abord, se brise tout à fait et le jeune sporophyme s’en débarrasse (pl. IX ,
fig. 14 a). Ses débris incolores et ceux des élatères ne sont facilement visibles que
lorsqu’ils sont retenus dans des groupes de spores répandues très-dru et se développant
très-serrées. Le rôle des élatères paraît être nul dans le développement des spores
et se borner à en favoriser la sortie du sporange et la dispersion.
I l est assez ordinaire de voir, dès la fin du premier jour ou dès le second, l’appari-
üon de la première radicelle (pl. IX , fig. 12). Elle se montre d’abord comme une
grosse papille, puis comme une extension filiforme de ia cellule la plus petite; elle
est incolore, diaphane, arrondie à son extrémité inférieure, et offre quelques grains
d’apparence mucilagineuse accumulés vers ses deux extrémités. Quoiqu’elle naisse
§ 1. — d é v e l o p p e m e n t d e s s p o r e s e n s p o r o p h y m e s . 97
directement, et sans cloison aucune, de la cellule inférieure, dont elle n’est qu’une extension,
la chlorophylle de cette cellule n’y pénètre pas, et, d’abord accumulée contre
la paroi de séparation, elle finit par disparaître. La radicelle, évasée à son point d’origine,
se rétrécit subitement, et, ainsi que les radicelles qui la suivront, elle est sur
toute sa longueur sans aucun diaphragme et d’une grosseur égale. Toutefois j ’en ai
vu, à des sujets semés sur Teau, qui présentaient vers leur tiers inférieur des renflements
d’un diamètre plus que double, renfermant une matière verdâtre et comme
des grains de chlorophylle en voie de formation.
Les premières cellules du sporophyme sonl très-riches en chlorophylle, et la parfaite
transparence de leurs parois rend très-facile l’observation des granules de cette
substance. Dans les premiersjours ils ont ordinairement une forme elliptique, et
plusieurs, après qu’on les a fait sortir des cellules et qu’on les a écrasés, laissent voir
très-nettement de deux à cinq nucléoles peu transparents, dont la teinture d’iode
révèle la nature amylacée. On voit tout aussi nettement une cloison transversale de
séparation apparaître entre ces deux nucléoles, et partager ainsi les granules de chlorophylle
comme en deux petites cellules, contenant chacune un nucléole. Ce fait a
déjà été très-exactement observé et décrit par M. Milde, en 1852 (Entw. Eq., p. 624
et 625). Des faits analogues sont mentionnés par MM. Nâgeli (Zeitschr. f. Bo-
tanik, Hetl I I I , S. 110), Gôppert et Cohn (Bot. Zeil., 1849, p. 665), et enfm par
M. Hofmeister, qui cite même la chlorophylle des Equisetum (Vergl. ünters., p. 10
et H , note).
L ’apparition des cellules ultérieures manifeste dès le principe une assez grande
variété dans la forme de Tensemble (pl. IX , fig. 13,14, 15,16). Elle a lieu, sans
ordre bien déterminé, par muUiplication le plus souvent transversale d’une ou de
plusieurs cellules du sommet, et il n’est pas rare de trouver jusqu’à sept cellules superposées
et dues uniquement à ce mode de muUiplication. La muUiplicalion longitudinale
est moins fréquente el n’a guère lieu que pour les cellules de second degré;
mais les cloisons transversales de séparation sont souvent si obliques qu’elles simulent
des cloisons longitudinales. Les bifurcations et les ramifications latérales se produisent
bientôt et en très-grand nombre. Les premières sont dues ordinairement à la muUiplication
de deux cellules de l’extrémité, divariquées à leur origine. Les secondes
paraissent dues à un dédoublement, qui a lieu tardivement et sur le côté d’une cellule
marginale déjà ancienne et surmontée d’autres cellules. La nouvelle cellule latérale
est le point de départ d’une expansion en forme de rameau, laquelle suit dans
son développement ultérieur le même mode de muUiplication que les expansions primitives,
qu’elle dépasse souvent en vigueur et en dimension. En général le dédoublement
d’une cellule quelconque est précédé, à l’endroit et dans la direction où doit se
montrer la cloison de séparation, d’une agglomération de grains de chlorophylle, dis