Sanio lul-mème (o. c., p. 399, 4M et 419), démontre très-évidemment, à ce qu’il me
semble, que les cellules slomaliques, comme les autres, sécrètent Tacide silicique
dissous dans Teau de végétation, mais seulement sur la partie de leur surface qui est
libre et à Tair; tandis que la partie des mêmes cellules qui n’est pas à Tair libre ne
sécrète pas cette substance. Je dois avoir la franchise d’ajouter que M. C. Sanio tire
du même fait une conclusion directement opposée à la mienne (o. c., p. 402).
Les modifications superficielles de cet encroûtement varient extrêmement avec
Tdge, la force, la station, ou la région de la tige des individus d’une même espèce.
Ainsi, sur les espèces aquatiques du troisième groupe, les entre-noeuds submergés ont
la croûte siliceuse très-mince et presque nulle, ou au contraire épaisse et couverte
de très-grosses saillies disposées en lignes transversales, si la submersion a été longtemps
interrompue. C’est pourquoi il convient, à mon avis, de ne pas trop s’arrêter
à ces petites difi’érences affectant la surface d’un dépôt dont les modifications ultérieures
deviennent étrangères à l’organisme végétal qui Ta sécrété.
Après la croûte siliceuse, ce qui frappe l’attention dans l’étude de l ’épiderme des
tiges, c’est que sur les espèces du deuxième et du troisième groupe, au-dessous de la
couche extérieure, notamment dans le voisinage des stomates, il semble y avoir une
seconde couche de cellules, qui par leur position et leurs dimensions correspondent
aux premières presque cellule à cellule (pl.IV, fig.2,4, 6 , 8,9,15). M. W . Hofmeister
mentionne ces deux couches, ajoutant que «les cellules qui les composent n’ont en
grosseur que le 1/8 de celles de la couche voisine intérieure, et sont huit fois plus
nombreuses que ces dernières [Yergl. ünters., p. 92).» Cette expression est trop absolue
; au-dessous de ces deux couches, quand elles existent, sont ou des fibres longues
et étroites, ou des cellules à chlorophylle dont la différence de grandeur est loin d’être
aussi considérable et souvent à peine appréciable (pl. I I I , fig. 1).
Sur tous les rhizomes d’une même espèce Tépiderme est constamment semblable,
parce que les tiges stériles et les liges spicifères s’élèvent indifféremment des mêmes
rhizomes. Mais il n’en est pas ainsi de Tépiderme des tiges ; et aux différences générales
d’aspect qui existent entre les tiges spicifères et les tiges stériles de certaines
espèces, répondent sur Tépiderme des différences tout aussi remarquables et aussi
profondes.
L ’épiderme des liges spicifères propres de \’E. maximum est composé sur toute la
surface de Tonlre-noeud d’une seule sorte de cellules très-étroites, très-longues, très-
résistantes , sans stomates. Leurs parois latérales sont peu ondulées et leur surface
extérieure est revêtue d’un encroûtement siliceux un peu pointillé (pl. I I I , fig. 5).
Sur TB. arvense les cellules épidermiques de la tige spicifère propre sont également
d’une seule sorte et sans stomates , mais elles ont le double de la largeur et
seulement la moitié de la longueur des précédentes. Leurs parois latérales sont beaucoup
plus ondulées; Texlérieure est très-délicale et la croûte siliceuse n’est souvent
représentée que par quelques petites saillies qui, sur les sujets les plus vigoureux, se
montrent comme des points brillants vers les sinuosités latérales (pl. I I I , fig. 2).
Si sur les tiges spicifères de ces deux espèces Tépiderme des enlre-noeuds est entièrement
dépourvu de stomates, composé d’une seule sorte de cellules, et si les entre
noeuds sont privés de matière verte e t , à ce double titre, diffèrent essentiellement
des entre-noeuds des liges stériles, il n’en est pas de même des gaînes do ces mêmes
liges. Elles ont des cellules épidermiques de deux sortes, des stomates; elles élaborent
la chlorophylle et, malgré Tampleur de leurs dimensions et la couleur particulière
qui les distinguent de celles des tiges stériles, elles en contiennent dans leur ensemble
tous les éléments (pl. I I I , fig. 11-15); j ’en parlerai avec plus de détails en traitant
des gaînes des tiges stériles, p. 27-29.
Les rapports généraux de ressemblance entre les tiges stériles et les tiges spicifères
des B . sylvaticum et pratense se reproduisent sur leur épiderme; et celui des liges
spicifères est tout à fait conforme à celui des tiges stériles jeunes, dont la description '
viendra en son lieu.
L ’épiderme des tiges stériles de TB. maximum offre une particularité qui n’appartient
qu’à cette espèce. Il ne présente que des cellules d’une seule sorte, avec absence
complète de stomates et de chlorophylle. Ces cellules sont à peu près de même forme
que celles des tiges spicifères; toutefois un peu moins longues et plus ondulées sur
leurs parois latérales. Leur cavité paraît unie et en même temps un peu dilatée à Textérieur
vers les extrémités'. La croûte siliceuse est'faible et marquée de petits points
mamelonnés disposés le plus souvent en lignes transversales (pl. I I I , fig. 6). Les cellules
épidermiques de la gaîne de ces tiges, comme celles des liges spicifères, sont
de deux sortes, avec des stomates et de la chlorophylle (pl. III , fig. 11, 12) ; U en sera
question p. 27-29.
L ’épiderme des tiges stériles de TB. arvense et celui des liges spicifères ou stériles
de toutes les autres espèces offre comme caractères communs ; 1“ deux sortes de cellules
; les unes plus longues, plus étroites et très-régulières, superposées aux faisceaux
de fibres corticales; les autres plus courtes, plus larges et moins régulières, superposées
aux bandes de cellules à chlorophylle; 2» parmi ces dernières des stomates
(pl. I I I , fig. 4); 3” à la surface du tout absence complète de la cuticule, remplacée
par une croûte siliceuse.
Les cellules de Tépiderme des entre-noeuds sont donc de deux sortes, ou , si Ton
aime mieux, présentent les deux aspects qui viennent d’être signalés et auxquels
* C’est à tort que M. C, Sanio a nié ces dilatations des cellules épidermiques (o. c,, p. 400) ; elles existent dans colle
espèce, aussi bien que sur les cellules épidermiques de certains rhizomes précédemment décrites.