p. 333). Il semble difficile de mieux caractériser le proléisme de cet Equisetum, si
justement nommé par le même auteur E. mnliifonne. Il faut cependant ajouter que
ces'différences de taille et d’aspect ne se trouvent pas seulement dans des terrains
différents, mais qu’elles existent à côlé les unes des autres et souvent sur un même
rhizome. De là l’impossibilité absolue d’établir ces différences en variétés dénommées,
et la nécessité de les mentionner comme de simples formes presque individuelles et
variables sous des influences qui sont loin d’être toujours appréciables.
La forme la plus vigoureuse et en même temps la plus ordinaire en France est très-
rameuse. Dans les haies, la moitié inférieure est nue, et les rameaux, commençant
vers le milieu, vont jusqu’au sommet en diminuant de longueur. Souvent, dans les
baies de Provence et d’Algérie, après que Tépi terminal s’est flétri et est tombé, des
rameaux latéraux se développent avec vigueur, portent à leur tour des épis, puis des
ramuscules qui se comportent de la même manière, et, au bout de deux ou trois ans,
la plante, ainsi ramifiée en tout sens, atteignant une dimension de 3 mètres et portant
de soixante à quatre-vingts épis, justifie pleinement le nom imposé par Desfon-
laines et cette assertion de Mutel qui la dit «presque grimpante» (Fl. d. Fr., IV,
p. -169). C’est particulièrement sur cette grande forme que les gaînes, fortement dilatées,
perdent leurs lobes pendant l’hiver et ensuite se colorent en marron sur la moitié ou
les trois quarts supérieurs de leur longueur et donnent ainsi à la plante un aspect
tout particulier, Vaucher avait fait de « ces belles gaînes d’un brun clair» le caraclère
essentiellement distinctif de l’B. ramosissimum Desf. [Mon. Prêl., p. 369).
Dans les terres cultivées, les tiges sont en général moins élevées, grosses, rameuses
dès la base et quelquefois même si complètement rameuses à leur base que les
rameaux constituent des groupes de tiges secondaires ayant la même grosseur et la
même direction verticale que la lige principale. Cette forme abonde en Provence dans
les interstices des pierres formant les murs de soutènement des champs cultivés (Arles,
Istres, Toulon, Grasse etc.).
Dans les prés, les lieux découverts, les sables et les graviers du bord des rivières,
dans les terrains salins des Bouclies-du-Rhône, elle a des formes plus grêles, plus
élancées et plus nues; quelquefois même elle est haute de plus de 75 centimètres,
sans avoir un seul rameau.
Enfin lorsque dans ces mêmes lieux elle est coupée, ou foulée aux pieds, ou
brûlée par le froid, ou mutilée vers sa base d’une façon quelconque, elle produit
à ses noeuds une grande quantité de petits rameaux souvent spicifères; ces touffes
cespiteuses ressemblent, à s’y méprendre, à celles de IB. variegatum et même
plus d'une fois ont été prises pour elles. Elles s’en distinguent cependant facilement,
même à l'extérieur et sur le sec, par la longueur de leurs gaînes, presque doubles
de celles de l’B. variegatum, et aussi par ce que ce dernier porte un sillon carénai
§ 4. — DESCRIPTION DES E S P ÈC E S . — E . RAMOSISSIMUM, 209
prononcé sur les côtes des gaînes ainsi que sur celles des entre-noeuds à leur partie
supérieure.
Formes anomales. — Les trois premières anomalies se présenlent très-fréquemment
sur cette espèce, où le développement excessif des rameaux est presque l’clat normal.
9' anom. Anneaux irréguliers. L ’anneau est ordinairement très-saillant, et sur la
plupart des sujets robustes celui de l’épi principal porte à ses lobes des sporanges et
des spores, mais toujours imparfaits,
17« anom. Infécondité des spores. M. Milde dit de son B. elongatum, qui paraît rentrer
dans celte espèce ; « Toutes les formes portent chez nous chaque année, comme
je m’en suis convaincu, des spores incolores, stériles et des sporanges à cellules sans
fibres spiralées» (Ge/'. Crgpt. Schl., p. 468). Il n’en est pas de même sur celte espèce en
France, et des semis de spores m’ont donné chaque année de très-beaux sporophymes ;
mais néanmoins il n’est pas rare de la trouver telle que la mentionne M. Milde. Ainsi les
épis dont la totalité ou la majeure partie des clypéoles sont très-noirs n’arrivent pas à
sortir de la gaîne. Leur «pédoncule» rosé ne se développe point; ils demeurent petits
etflasques,et,sur cette espèce elles suivantes, ne présentent alors que des sporanges
imparfaits. Au lien de spores ils contiennent des masses informes, composées de
quatre cellules agglutinées par une matière amorphe et renfermant quelques granulations
verdâtres. Ces épis paraissent avoir été frappés de mort avant leur complète
évolution, car leur couleur noire intense est toujours celle que, sur les espèces de ce
groupe, prennent les pai’ties lésées ou ne fonctionnant plus.
Habitat. ~ Cette espèce parait s’arrêter au Nord sur une ligne parlant de la vallée
inférieure de la Loire, et s’avançant obliquement par Mayence, Halle, la Silésie, «la
Lithuanie» (Lecoq, Géog. bol., IX , p. 313). En Suisse elle s’élève â 3000 pieds d’après
M. Bernoulli, et au pied du Mont-Blanc à 2000 mètres d’après M. V. Payot. Elle
abonde dans le sud de l’Europe, le nord de l’Afrique et y remplace l ’B. hyemale. Je
l’ai vue d’Abyssinie dans le riche herbier de M. Bucliinger avec un Equisetum de l’île
Maurice et un autre de divers points du cap de Bonne-Espérance qui doivent encore
appartenir à cette espèce, beaucoup plus répandue qu’on ne l’a cru jusqu’ici.
Limites d'extension.
S m î ; A b y s s in ie .........................10»
Écart en latitude : 44°
fVorrf; L ithuanie.........................54°
Occident : Espagne . . . . 8“ 0. ) ,
Orient: Sibérie de l ’Altaï . . 97» E. j '»"g'^ude : 105«
Carré d’expansion, 4620.
Station. — Je l’ai trouvée un peu dans toutes les positions; elle paraît toutefois
affectionner les terrains sablonneux et un peu caillouteux.
DUVAL-JOUVE 14