moderne çfoit abandonné et renversé ; ses
ruines de limon durci contrastaient singulièrement
avec les débris magnifiques de l’ancienne
ville de Tentyris. L ’on y voyoitavec
douleur la preuve la plus complète de l’entier
anéantissement des arts dans un pays où
ils avoient pris naissance et une si étonnante
perfection , et la décadence plus déplorable
encore de l’esprit humain.
Un établissement d’hommes barbares ne
pouvoit manquer d’être funeste au monument
qu’ils profanoient de leur présence plutôt
qu’ils ne le fatiguoient du poids de leurs légères
cahutes. Une quantité de figures a disparue
sous les efforts de l’horreur qu’ils ont
vouée aux arts en général, et aux représentations
des choses animées en particulier. Toutes
celles de ces figures qui se sont trouvées à
leur portée, sont dégradées. Celles du plafond,
et celles du haut des murs, ont été
épargnées par l’impossibilité d’y atteindre.
Mais les Fellahs n’ont pas été les seuls qui
se soient attachés à mutiler l’un des plus
beaux et des plus intéressans ouvrages de
l’antiquité ; ils ont été aidés, dans leur fureur
de destruction, par les troupes du Caire,
qui, pour servir un Bey usurpateur et sa»-
guinaire, alloient souvent, dans la haute,
Egypte, chercher et combattre un Bey fugitif.
Ces soldants farouches exçrçoient leur
barbarie à tirer des boulets et des balles sur,
plusieurs parties du temple, dans l’intention
de le renverser. Le beau plafond, dont les
couleurs sont encore si éclatantes, étoit gâté,
en différentes places , par le choc de ces
balles, dirigées par l’ignorance et la brutalité;
et dans cette lutte de destruction,
l’on ne pouvoit trop, admirer l’extrême solidité
d’uu bâtiment qiii avoit tout-à-la-fois
à soutenir, et les ravages du temps, et les
efforts d’une stupide férocité.
\2Emir, avec lequel j’avoisde fréquentes
conversations, me parloit avec douleur des
désordres commis par les Mameloucks, lorsqu’il
avoit le malheur de les, voir passer
dans son petit état. Ce prince vint un jour
me faire visite dans mon bateau qui me
servoit de logement : il s’étoit fait précéder
par des corbeilles de toutes sortes de fruits,
comme des raisins fort bons, des figues délicieuses
, des abricots (mischmisch) fort
petits et sans goût, des grenades, dont la
pulpe n’étoit pas très-savoureuse, etc. Il me
donna aussi une petite pierre gravée, et