de Guinée , elle y étend ses ravages aux;
Nègres des autres parties de l’Afrique comme
à ceux qui naissent en Amérique , et jusqu’aux
Européens qui ont des habitudes avec
les femmes noires. Le peu de malignité qu’une
maladie, cruelle dans d’autres climats, conserve
en Egypte , est donc une exception
favorable pour celui de ce pays, déjà privilégié
sous d’autres rapports. Il paroît même
que cette influence de l’atmosphère ne se
borne pas à l’Egypte seulÊ, et qu’elle s’étend
à d’autres contrées de l’Orient. En effet,
M. Niébur a remarqué qu’à Bombai, où la
lèpre n’est pas rare parmi les Indiens du commun,
il faut qu’elle n’y soit pas maligne, car
on permettoit, sans difficulté, aux malades de
travailler avec ceux qui se portoieni bien (i).
Pendant que je suis à parler d’une des
plus horribles maladies dont l’humanité soit
affligée, et pour ne plus y revenir, j’ajouterai
que j’ai eu occasion de voir encore, dans la
Thébaïde, deux personnes rongées par une
autre sorte de lèpre que j’ai retrouvée depuis
dans l’île de Scio, où elle est plus commune
que la lèpre ordinaire, celle des Juifs, et où
les Grecs l’appellent lovia. Ceux qui en sont
(i) Description de l’Arabie, page lai.
atteints ont la voix rauque ; la toux les tourmente
; leurs sourcils disparoissent ; de grosses
élevmes charnues se montrent sur tout le
corps ; les nerfs se contractent, et les mains
et les pieds se retirent d’une manière extraordinaire
; mais les phalanges des doigts
ne tombent pas, comme dans la lèpre des
jointures. Il est probable que cette espèce est
celle qu’Jdillary à distinguée par la dénomination
de lèpre des Arabes ( 1 ) . Elle n’est
point rare dans l’Orient ; mais elle n’y passe
pas, comme la première espèce , pour être
très-contagieuse : j’ai vu qu’à Scio on ne sé-
paroit pas de la société les malades qu’elle
avoit attaqués.
Ces mêmes malades ne sont pas non plus
tourmentés par les mêmes désirs que les autres
lépreux , par rapport au mécanisme de
l’amour. C’est pour n’avoir pas fait attention
aux diverses espèces de lèpres, et aux divers
symptômes qu’elles produisent, que l’on est
tombé dans des contradictions sur le tempéi-
ramen.t des lépreux. Il est certain que ceux-
ci n’ont aucune disposition à la lubricité. Les
souffrances occasionnées par les spasmes vio-
lens dont leur maladie est accompagnée, et
(1) "Voyez l’ouvrage ci-devant cité.