C H A P I T R E L I V.
C o u p - d ’oe i l s u r l ’E x p é d i t i o n d e s
F r a n ç o i s e n E g y p t e . — V o y a g e du
C a i r e a R q s s e t t e . — M a c h i n e s ; 4
A r r o s e MENT i f— P e r t e d e p l u s i e u r s
A n i m a u x . — A t t a q u e d u C o n s u l d e
R o s s e t t e p a r l e s B é d o u i n s . — Gi-
s e a u x d e p a s s a g e . — H é r i s s o n . —
G r e n o u i l l e s . — R o s e a u x . — M a s t i c .
— R a m a d a n — D é p a r t d ’A l e x a n d r i e .
P lus de cinq mois passés à parcourir
l’Egypte supérieure, c’est-à-dire une étendue
en latitude d’environ cent quatre-vingts lieues,
arrosée par le Nil au-dessus du Caire-, et se
terminant aux Cataractes ou au Tïopique,
plusieurs séjours sur les principaux points
de cette contrée , ont pu m’instruire assez
pour énoncer mon opinion sur l’expédition
des François. Il est tant de gens qui en
parlent sans connoître ni la nature du sol
et du climat de l’Egypte, ni les moeurs de
ses habitans ; il est tant de louangeurs aussi
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fades qu’ignorans ; il est tant de détracteurs
de mauvaise foi , que l’on entendra peut-
être avec quelqu’intérêt le langage franc et
libre d’un observateur jaloux de la gloire
et de la puissance de sa patrie , auquel
l’adulation de l’esclavage et l’humeur sombre
du frondeur sont également étrangères, et à
qui l’on ne peut contester des droits, sinon
à être écouté ou consulté, du moins à parler
avec quelqu’avantage sur un sujet qu’il a
appris à connoître.
L ’on a vu dans le cours de cet Ouvrage
que je regardois le projet de remplacer des
colonies lointaines et peut-être mal assurées,
par une autre colonie que sa proximité de
la métropole, la fécondité presque miraculeuse
dç son territoire , la facilité de sa
culture, sa position unique qui la rend l’entrepôt
du commerce dès nations; les plus
riches, son voisinage des contrées les plus
fécondes en productions précieuses ; enfin,
des moyens prompts de communication rendaient
bien plus importante ; l’on a vu;,
dis-?je , que .je regardois ce projet, comme
une pensée sublime, comme une conception
heureuse , et son exécution comme un de
ces actes rares.qui illustrent les nations, et