j’ai rencontré des personnes très-instruites
qui ignoroient que les Nègres eussent de la
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barbe. Quoiqu’en général elle leur pousse
plus tard qu’aux Européens, et qu’elle soit
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aussi moins fournie, ils ne laissent pas que
d’en avoir le visage assez garni. Le chef de
la caravane que je vis à Siout, aussi bel
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omme qu’il étoit scélérat, portoit au menton
une barbe longue et épaisse. Comme il
étojt déjà avancé en âge, cette barbe étoit
du plus beau blanc, ainsi que ses mousta-
ches; et leur couleur, en opposition avec le
noir d’ébène du reste de la figure et du corps,
produisoit un effet singulier, et qui n’étoit
pas sans agrément. ,
■ * ' Ces mêmes Nègres suivent la religion de
Mahomet ; mais ils y ajoutent des pratiques
et des superstitions qui lui sont étrangères.
Ils vont à-peu-près nus. C’est un luxe de
porter une longue chemise de toile grise ou
bleue, dont les manches sont retroussées sous
les aisselles , de manière que le bras est nu
dans son entier. Ils ont pour l’ordinaire plusieurs
petits étuis de cuir attachés au pli du
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bras gauche. Ce sont autant de poches dans
lesquelles ils tiennent de l’argent, du tabac
et d’autres objets d’un usage journalier. Sur
le pli du bras droit, est fixé un poignard
dont la poignée et le fourreau sont aussi de
cuir. En voyage , ils sont armés en outre d’un
long sabre, dont la lame est droite et plate.
Tous ont la tête nue, et ils se nattent et frisent
les cheveux ou la laine, de différentes
manières. J’en ai vus dont la chevelure étoit
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arrangée de façon à lui, donner une ressemblance
complète avec les perruques que
l’on appeloit dans ce temps-là perruques à
l’angloise. Ceux des Nubiens qui s’adonnent
au commerce parlent l’arabe ; mais ils ont
entr’eux un idiome particulier.
La grande réputation que je m’étois acquise
comme médecin s’étoit répandue au
loin. Un Scheick d’Arabes .bédouins campés
aux environs de Manfclout, écrivit au Kias-
ch e f de Siout pour le prier de m’engager
à me rendre dans son camp. Je promis d’y
aller, si l’on m’ envoyoit des chevaux. Deux
jours après, des Bédouins m’en amenèrent
de fort beaux, et nous partîmes sous la cong
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duite de ces mêmes Arabes dans l’a près-
midi. Nous nous dirigeâmes au nord nord-
ouest, et nous arrivâmes à la nuit dans un
village dont le Scheick el Belled, prévenu
par nos conducteurs, nous reçut fort bien,