peint, dans des ouvrages célèbres, les grâces et
les manoeuvres séductrices de ces nymphes
de la volupté. Mais de quelque brillant coloris
qu’un pareil tableau soit animé, la vérité sévère
y passe l’éponge et le fait disparaître.
En effet, quoiqu’il soit vrai, comme on
l’a dit, que dans tous les lieux un peu considérables
de l’Egypte il y ait des courtisanes
en grand nombre, il est faux que destinées
aux plaisirs des voyageurs, ceux-ci ne soient
pas obligés de les payer ; qu’elles aient été
léguées à la prostitution par des hommes charitables
; que des messagers de la galanterie
Conduisent le* voyageur au temple où les
Jeunes prêtresses font si volontairement leurs
stations. L ’éloge que l’on lait de leurs charmes
, de leur taille dégagée, de leurs belles
hanches , de la chute ravissante de leurs
reins, enfin de leur unique envie de plaire
et de rendre sensible à leurs appas , est encore
une série d’erreurs; mais ce qui n’est
pas moins faux , est l’espèce de générosité
dont on a voulu honorer la conduite si peu
honnête de ces filles, en assurant que, satisfaites
d’être aimées et préférées à leurs compagnes
, elles n’eu vouloieiit pas du tout à
la bourse du voyageur.
Les misérables que l’on voit dans les places
publiques des villes d’Egypte , font métier -,
ainsi que nos coureuses d’Europe, de vendre
l ’apparence du plaisir. Elles cherchent à attirer
les hommes qu’elles agacent de leur
mieux, les rançonnent le plus qu’il leur est
possible, et souvent les dépouillent avec autant
d’adresse que nos courtisanes. D’un autrè
côté, l’on chercherait en vain, parmi celles
de la haute Egypte, les détails ravissans de
la beauté dont on les a fort mal-à-propos
gratifiées. L ’on n’y voit que des malheureuses,
laides pour la plupart, mal vêtues“,
rebutantes par l ’excès de leur effronterie *,
d’autant plus remarquable dans ces pays ,
qu’elles y sont les seules femmes qui m #
chent le visage découvert et qui parient aux
hommes en public; plus dégoûtantes<edcôi,é'i,
à raison des maux affreux et sans nombre
dont elles sont infectées ; en un mot, réunissant
toutes les horreurs du libertinage sans
en posséder le moindre agrément. Telles sont-,
dans le ré e l, ces femmes qui ne pèuVent
avoir d’attraits qu’aux yeux de' la brutalité;
Que des jeunes gens qui , séduits peut-être
f»ar la peinture mensongère que l ’on a faite
des Vinus égyptiennes, désireraient d’être
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