ce célèbre et élégant historien de la nature ,
et je penserois que les voyageurs ont pu
prendre de loin des hyènes pour des ours.
En effet, comment se persuader qu’un animal
, dont la fourrure épaisse indique assez
qu’il est naturel aux pays froids, qui se plaît
dans les forêts montueuses et très-ombragées,
se fût également habitué à vivre dans des
plaines sablonneuses et découvertes, qu’un,
soleil ardent échauffe et dessèche , et dans
lesquelles il n’auroit pas de moyens.de subsistance?
Des deux races d’ours qui existent,
celle des ours noirs et celle des ours rouges,
la première ne poui’roit exister dans des solitudes
qui ne lui offriroient ni l’épaisseur
des forêts , ni les fruits , m les racines , ni
les graines dont les animaux qui la composent
font leur nourriture. S’il s’agissoit de
larace des ours roux ou bruns, « lesquels
» se trouvent non-seulement en Savoie,
>5 mais dans les hautes montagnes, dans les
j j vastes forêts, et dans presque tous les dé-
» serts de la terre , dévorent les animaux
j j vivans, et mangent même les voiries les
j j plus infectes' (i) » , peut-on supposer que
(i) BuîFouj liist. Bat. des Quadrupèdes article de
l’Ours.
les montagnes et les déserts de l’E'gypte leur
présentassent des retraites et une nourriture
convenables ?
Quelque puissante que soit une induction
tirée des habitudes , dont la comparaison
trompe rarement l’observateur sur les conséquences
qui en résultent, quelque fortes
que soient ces sortes de preuves en faveur
du sentiment de Pline , que ce que j’ai v u ,
et ce que j’ai lu me fait pencher à adopter,
il faut pourtant convenir qu’une foule d’au-,
torités ne laisse guère de doute sur l’existence
des ours en Afrique.
La connoissance de la véritable position
de l’ancienne ville de Papremis, où les ours
étoient plus honorés qu’ailleurs, ne dissipe-
roit pas mes doutes, s’il pouvoit m’en rester ;
car, en supposant qu’elle ne fût pas éloignée
du nome nitriotique, ou du désert de Saint-
Macaire , ainsi que M. Paw le conjecture
( i) , la même difficulté subsiste toujours.
En effet, dans le nombre des animaux que
j’ai rencontrés dans ce désert, l’ours ne s’est
point présenté à mes regards. Les Bédouins,
habitués à fréquenter cette partie des solitudes
de la Lybie , m’ont "assuré qu’ils n’avoient
jamais vu cet animal; et les moines Coptes,