j» doute sur l’atroce perfidie de çe chien
» que tu nourris pour te trahir, je vais te
>ï le faire venir, et je veux qu’il déclare tout
*> en notre présence. >»
Le Syrien arriva en effet un instant après.
Sa figure étoit celle du contentement; le rire
stupide qui lui étoit ordinaire agrandissoit
sa bouche. Il pensoit que le jeune Egyptien
, n’étant pas en état de soutenir une
conversation importante, l’on étoit obligé
d’avoir recours à ses talens. Le Kiaschef
lui adressa quelques questions qui firent
bientôt disparoître les signes de sa joie : il
devint pâle et tremblant; mais quand Ibrahim
termina par lui déclarer qu’il n’étoit plus
temps de feindre; que le Kabir l’a voit instruit
des moindres détails de sa perfidie, il
tomba comme frappé de la foudre aux pieds
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du Kiaschef, A l’aveù de son crime , il
ajouta des circonstances que l’on ne con-
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noissoit pas , en accusant le Kabir d’être
l’auteur du, complot , et de ce qu’il appéloit
son malheur. Ibrahim, prenant un ton terrible,
ordonna qu’on fît mourir le soélérat
sous le bâton. Je laissai à la frayeur le temps
de porter le trouble et les plus cruelles angoisses
dans l ’ame du lâche coquin ; mai«
lorsque je vis que les instrumens du supplice
étoient disposés, je demandai grâce. Ibrahim
jndigrfé ne vouloit pas entendre parler de
pardon, et il ne consentit à l’accorder, que
sur la parole qu’il me fit donner de faire
punir moi-même le coupable* Je témoignai
au Kiaschef toute ma reconnoissance , et
je chassai de chez moi le
Kabir
sachant pas ce qui venoit de se passer, y
étoit encore venu pour m’ engager à partir
avec lui. C’est ainsi que mon projet de
voyage en Abissinie resta s a n s exécution.
Je ne quitterai pas ce sujet sans dire encore
un mot sur ces Nubiens qui, du fond
de l’Afrique , viennent apporter dans la capitale
de l’Egypte les objets précieux que
la nature semble avoir placés dans leurs contrées
pour lés dédommager de la chaleur insupportable
du climat, et de la rudesse aride
et brûlante du sol. Et d’abord je dois relever
la méprise d’un voyageur Anglois qüi se trou-
voit, quelques années avant moi, dans la
haute Egypte, parce qu’ elle intéresse l’histoire
et le commerce. En parlant de Siout*
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M . I îruce dit que la caravane de Sennaar
s’y rendoit autrefois, et que ceux qui la
embloient