Si l ’on compare l’accueil que je reçus de
ces prétendus missionnaires avec celui que
j’éprouvois journellement de la part des Arabes
, des Mameloucks et des autres habitans
de 1 Egypte , l’on aura bientôt la mesure de
1 hospitalité des uns et des autres. L ’étranger
étoit admis avec franchise, avec cordialité,
et meme avec desintéressement, dans la maison
ou sous la tente de l’homme à demi-policé
de ce pays, et il étoit exposé à l’humiliation
d etie rebuté par des Européens, près desquels
il devoit naturellement s’attendre à
trouver 1 affabilité qui fait dès amis , des
compatriotes de ceux qui se rencontrent dans
des pays éloignés, quelle que soit la partie
de 1 Europe d’ou ils soient originaires. La
veille, un farouche Musulman, dont l’orgueil
superstitieux regarde un Européen
comme presqu’indigne de l’approcher , m’a-
voit force de partager sa table et son logement
, et le lendemain, les seulsÊ^rcincs qui
existassent dans une grande ville où, comme
moi, ils étoient étrangers et tolérés , me firent
éprouver la réception la plus injurieuse.
Mais ces moines Italiens, de l’un des ordres
que la fainéantise et l’ignorance caractérisent,
et dont la règle là mieux observée
fest de nager dans l’abondance aux dépens
d’autrui, et par le moyen abject de la quête
et de la mendicité, avilis par leur institution
, étoient tirés, pour la plupart, de la
portion du peuple la plus basse et la plus
impure.
Au reste , ils n’étoient que trois dans la
maison ïïEchmimm. Ce que je vis de leur
habitation m’en donna une grande idée. Depuis
long-temps je n’en avois vu d’aussi belle*
Spacieuse autant que bien bâtie , elle poü-
voit pâsser pour un palais, en la comparant
aux maisons du pays. L ’occupation de ces
hommes, que M. Bruce a reconnus pour être
les plus dépourvus d’esprit et de savoir ( i ) ,
est de même qu’en Europe , de faire des
dupes et d’amasser des richesses ; et il n’est
pas douteux que la crainte d’exposer aux
yeux clair-voyans des Européens, un genre
de vie qui les eût rendus méprisables, n’eût
entré pour beaucoup dans la mauvaise réception
qu’ils m’ont faite.
Les Coptes catholiques sont en grand nombre
à Echmimm. L ’on m’a assuré qu’ils for-
moient la moitié de la population de la ville;
c’est en leur distribuant les mensonges et
( i) Voyages aux Sources du Nil.