avoir Fait retirer tout le monde , à l'exception
de l’interprète, il me demanda avec
beaucoup de mystère si je possédois des
drogues qui fussent de püissans aphrodisiaques.
Il m’assuroit que ces sortes de remèdes
étoient les seuls qui convinssent dans
son pays, 011, disoit-il, toutes les actions,
toutes les pensées se rapportaient aux plaisirs
de l’amour; et pour que rien ne manquât
à sa grossière imposture , il m’àjouta qué
son roi l’avoit chargé expressément de lui
rapporter force stimulans de cette nature,
* ^ ijyp v
C’étoit prendre mal son temps pour songer
à de pareilles provisions, que d’attendre, le
moment où la caravane avoit déjà * pour
ainsi dire, un pied dans le désert. Je ne fis
pas trop d’attention à des mensonges, dont
les gens de ces pays ne sont pas avares, et
je répondis au Kabir } qu’enchanté des douces
et importantes occupations de sa majesté
S enna arienne , j’emploierois toutes les ressources
de mon a r t , afin de le maintenir,
ainsi que ses sujets, dans de si heureuses
dispositions. Le nègre parut teÎlernent satisfait
de ma réponse , qué, sur-lÊ-champ,
il diminua tout d’un coupla moitié du prix
qu’il m’avoit demandé ; en sorte qù’én comptant
les provisions que j’aurois faites , un
voyage aussi long et aussi difficile ne me
seroit pas revenu à plus de i 5o pataquès,
ou à 800 francs environ.
J e m ’ emp re s sa i de porter a Ibrahim 1 annonce
d’une nouvelle qui me donnoit beaucoup
de satisfaction. Mais il ne parut pas
partager ma joie : i l me félicita assez froidement
; et du ton de l’inquiétude, i l me
recommanda de ne rien conclure sans son
intermédiaire.
Les ch o se s avoient changé d’une manière
étrange. Il ne m’étoit plus nécessaire de
témoigner l’envie de partir avec la caravane;
c’étoit le chef de cette caravane lui-même
qui me sollicitait, qui me persécutait pour
m’emmener avec lui. Il venoit me trouver
plusieurs fois dans la journée, et ses instances
devenoient chaque jour plus pressantes.
Les promesses qu’il croyoit les plus
engageantes n’étoient pas épargnées : il m’assuroit
que je serois très-bien à la cour de
son roi. Dans la description des agrémens
que je devois y rencontrer , cet homme
grossier et barbare me disoit que j’y man-
gerois toute la journée, et que les femmes
les plus belles y seroient sans cesse dévouées
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