prête, à laquelle il falloit pourtant bien qu’il
consentit. Après beaucoup de détours , il me
dit qu’une belle esclave d’un harem, por-
toit dans son sein des preuves trop évidentes
d Un amour clandestin et indiscret. Le maître,
homme puissant, qui depuis long - temps
etoit au Caire, annonçoit son retour. La
crainte et les inquiétudes régnoient dans
toute la maison ; chacun y redoutoit la colère
inévitable du propriétaire, et les plus grands
malheurs devoient être les suites funestes
d’un accident bien naturel , mais qui ne se
pardorjne pas dans ces pays. Il finit par me
proposer de faire disparoître une cause prochaine
d’aussi grands maux, et par me promettre
une récompense considérable. « Je
»». fais profession, lui dis-je, de guérir les
» gens et non pas de les tuer ; va porter
»> ailleurs, si tu l’oses, ta proposition et tes
»>. offres »». Malgré le ton décidé avec lequel
je rendois ma réponse à l’interprète pour la
lui transmettre, cet homme insista, et il crut
me persuader; par un argument qu’il croèoit
invincible, et $ ’est-il- pas vrai, disoit-il, qu’il
»» vaut mieux faire perdre la vie à un être
»> qui ne la connoît pas , que d’en exposer plu-
»v sieurs qui en jouissent à une mort certaine;
( r* )
j » o r , l e retour du patron ne manquera pas
„ d’être l’époque du massacre de huit à dix
» personnes, au nombre desquelles sera l’es-
jjc la ve infortunée >»:Toutsurprisdece qu un
raisonnement semblable ne m’engageoit pas à
ê t r e moi - même assassin, afin d’empecher
d’autres de le devenir, et sur-tout de ce que
des poignées d’or ne me tentoiént pas, mon
homme me quitta fort mécontent, et je n’ai
pas su si les craintes qu’il manifestoit etoient
fondées ; c’eut été même une insigne imprudence
de m’en informer;
Dans le nombre des maladies que j’ai en
occasion de traiter, j’en ai observé une singulière
sur. la peau1 d’un habitant de Siout.
Il avoit, comme tous l e s naturels des meihes
cantons méridionaux de l’Egÿpte , tout le
corps d’un brun foncé. Mais depuis cinq à
six années, nne partie de cette peau noirâtre
avoit fait place à une autre parfaitement
blanche; ces taches blanches s’éténdoient de
plus en plus ; en sorte que lorsque je vis cet
homme, il avoit le visage , les bras et les
mains, ainsi que le corps entier, couverts,
et comme marbrés de larges plaques, brunes
et blanches; la teinte noirâtre diminuoit successivement,
etil esta présumer que sa peau