au nôm de ce dernier , l’ordré à d’autres
officiers Mameloucks , embarqués sur un
autre bateau qui alloit voyager de conserve
avec le nôtre , de veiller à ce qu’il ne me fût
fait aucune insulte. Il fut convenu qu’an
cas de mauvais procédés, je déploierois mon
schale à la poupe, et. qu’aussi tôt l’on viendroit
à moi. Ces précautions prises , nous
quittâmes la rive de Miniet. Je n’eus pas
besoin, dans le; reste du voyage , d’avoir recours
à une force .étrangère, A quelques
murmures près dont je ne me souciois
guères, ma tranquillité ne fut point troublée,
et je pus.jouir en paix de la satisfaction que
j’éprouvois d’être sorti , ayec tant de succès ,
d’une aventure qui pouvoit me devenir extrêmement
funeste , et d’avoir échappé au
supplice auquel il paroissoit que je ne pourrois
me soustraire.
A quelque distance au-dessous de Minietf
la chaîne de montagnes, à l’orient du Nil,
s’avance dans le fleuve, en masse de roches,
exhaussées et coupées à pichet ne laisse aux
eaux qu’un cours contraint et rapide. C’est la
montagne des oiseaux, dont j’ai déjà parle (i).
Sur le sommet d’une des piles, de roche donf
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elle est formée , des solitaires Coptes ont
établi un monastère peu fait pour en adoucir
l’aspect rude et sauvage.
Une large coupure sépare cette file de
rochers d’une autre que l’on appelle JDsjé-
bel Keranat (montagne des piles) , parce
qu’en effet les masses de pierres y paroissent
empilées.
Nous nous arrêtâmes , le soir du 30, près
d’un canton couvert de dattiers. Ce bosquet
naturel auroit passé pour fort agréable dans
tous les lieux de la terre; mais, près de
montagnes arides qui fatiguent la vue e,t
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effraient l’imagination , il paroît vraiment
délicieux. Aussitôt que nous eûmes pris terre,
les Mameloucks de notre conserve vinrent
s’informer si j’avois eu quelque sujet de
plainte : ils exigèrent que le reis vînt me
faire des excuses des mauvais propos qu’il
s’étoit encore permis. Je les reçus avec dédain;
mais je n’étois pas fâché de voir qu’après
avoir cherché à me faire tant de m a l,
cet homme fût humilié en ma présence.
Le lendemain, on se remit en route dès
le matin. Mais , vers midi, le vent du nord
devint si impétueux, et le fleuve si houleux,
* 0
que les deux bâteaux furent obligés de cher