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jBêlianê, village considérable, à l’occident
du Nil, et près duquel, vers les montagnes,
l’on voit encore, suivant ce que m’en ont
dit quelques habitans, des ruines qui occupent
un grand espace de terrain, fut la retraite
où nous passâmes la nuit du 27.
Des cigognes et des pélicans se tenoient
immobiles pendant des heures entières sur
des îlots de sable ; des martins-pêcheurs,
noirs et blancs , des pluviers armés et à
collier, des aigrettes se voyoient çà et là;
et devant Bélianê même , des pigeons s'abattaient
sur le fleuve, quoique rapide et
agité , et restaient quelques instans sur la
surlace de l’eau.
De Bélianê, nous nous rendîmes, le 28,
à Girgé. Il y avoit encore un hospice de
.moines de la propagande , pour lesquels
j’avois aussi une lettre du Caire. J’étais curieux
de voir s’ils valoient mieux que ceux
ftEchmimm, et de Néguadé} et la réception
que l’on m’y fit ne laissa pas long-temps la
question indécise. Je me présentai au supérieur,
vieillard à longue barbe blanche et
d’assez bonne mine. Il se contenta de regarder
la date delà lettre que je lui remis,
et s’appercevant Qu’elle était un peu vieille,
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il me jeta le papier au nez , en s’écriant que
la lettre ne valoit rien» J’avoue qu’il me
fallut un grand effort de modération pour
ne pas punir une insolence aussi grande, et
dont plusieurs personnes étaient les témoins*
Le moine s’apperçut de mon émotion ÿ il ramassa
la lettre, la lu t, et il se répandit en
excuses , que je reçus en lui tournant le
dos et en sortant de la maison, bien résolu
de ne jamais rentrer dans aucun de ces séjours
de la sottise et de l’impertinence.
Après le Caire, la ville de Girgé, qui en
est éloignée de cent lieues, bâtie le long du
Nil, dont le bord est élevé et escarpé, est
la plus grande de l’Egypte. Elle est Ja capitale
du Saïd. Un Bey y résidoitj les Coptes
y avoient un évêque. Sa construction est
moderne et irrégulière , et l'étranger n’y
trouve rien qui mérite de l’arrêter.
Nous en partîmes le 29 au matin. Le vent
du nord, qui depuis plusieurs jours soufBoit
avec une impétuosité constante, soulevoitdes
vagues étonnantes, et que je ne me serois
pas attendu à rencontrer sur un fleuve, II
empêchoit la navigation des bateaux qui
suivoient le courant du Nil. Nous eûmes
beaucoup de peine à arriver à Menshië>
V S