qu’un froid subit l’avoit saisi en passant la
nuit dans un bateau , ce qui lui oçcasionnoit
de grandes douleurs. Un autre étoit étouffé
par la bile. Tous expliquèrent hautement et
à- leur manière , la cause vraie ou supposée
de leurs maux, afin que chacun fût à portée
de juger si ma science me les feroit con-
noître, ou plutôt deviner.
Le K ia sch e f me fit ap p ro ch e re t me
tendit son poignet : il attendoit que je m’ex-
' pliquasse avec l’impatience de la curiosité.
Je ne retardai l’oracle qu’autant qu’il le
falloit pour me donner l’air de le méditer,
et je fis dire au Riaschef, par l’interprète,
qu’il avoit besoin d’être saigné. J’assurai son
voisin que des douleurs inévitables étoient
la suite du froid dont il avoit été saisi depuis
peu de temps. Je conseillai à un autre de
' se débarrasser de la bile qui l’étoufi’oit :
enfin , en faisant le tour du cercle et des
poignets, chacun reçut la preuve qu’il re-
gardoit comme la plus convainquante de ma
science incomparable. L ’admiration qu’elle
excitoit fut unanime. Tous les poings fermés
et fortement serrés, parun petit mouvement
perpendiculaire en avant du corps, signe
d’applaudissement parmi les Turcs f marquoîent
l’approbation générale ; et des éloges ,
courts chez un peuple avare de paroles, mais
très-expressifs, se répétoient tour-à-tour.
Un événement aussi éclatant avoit donné
rin grand relief à ma réputation médicale ,
* v V • * " , ^ ' i 'é ' * * .* * • et répandïi le renom de mes hautes connois-
sances à Siout et dans les environs.
Ce n’est pas qu’il n’y eut en Egypte'des
gens du pays qui se mêlassent d’empirisme j
mais ils étoient peu considérés, et leur état
de dénuement montrait assez qu’ils exer-
?.# *1. 4 » - * * f’ . /Tm '
çoiènt un mauvais métier. Quând je paroissois
quelque part, la persuasion qu’un étranger
devoit avoir plusde.talens qu’eux, les faisoit
bientôt naettre à l’écart, et leurs malades
lès abandonnoiént pour recourir à mes lumières.
Mais je dois dire, à l’honneur des
médecins de tous les pays, qu’il est une
contrée où la jalousie n’entre point dans leur
ame, et où les succès d’autrui ne sont que
dès sujets de satisfaction et de confiance. .
Non-seulement les médecins Egyptiens ne .
portoîent point d’ envie à ma brillante renommée,
mais ils venoient franchement me
consulter , et me confier les inquiétudes qup
certains malades leur occasionnoient.
Uqe des méthodes curatives1 les plus en
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