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J’étens à cent trente-cinq ou à cent quarante
lieues du Caire, lorsque je cessai de
marcher vers le sud.
Rendrait où je débarquai étoit planté d’acacias
à gomme. Quoique le village ne fut
pas très-éloigné du fleuve, commo c’étoit le
repaire, des brigands les plus redoutés , je fis
inviter, et c’était un des conseils du §ckeick
de XiUiXOTt celui de Gournei , pour qui j’a-
vqis aussi une lettre d’Ismaïn de venir luiniême
au bord du Nil. Il y arriva à l’instant,
et il me conduisit dans le lieu le plus
cfiétif , le plus affreux , par spp aspect (de
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misère,que j’aie encore rencontré. Les huttes
qui le composent, mal construites en boue,
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couverture, que quelques branches de palmier,
Et les hommes ! je, n’en av-ois: pas vus
d’aussi mauvaise ruine. A demi-noirs; le çqrps
presqu’entièrement nu, de misérables haillons
en couvrant seulement une partie ; la physionomie
sombre et hagarde de la férocité;
n’ayant ni métier , ni goût pour l’agriçul-
ture , e t , comme les animaux farouches des
montagnes arides auprès desquelles ils tin
vent, ne paroissapt s’occuper que de rapines,
leur abord avoit quelque chose d’effrayant.
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L ’Arabe qui y rejirésentoit Ismàîti n’y avoit
pas une grande autorité; et ce qu’il nous disoit
de la horde de Gournei n’étoit guère
fait pour rassurer.
Mes compagnons, dont l’imagination avo.it
été frappée de tout ce qu’ils avaient entendu
débiter sur cet endroit vraiment
détestable , paroissoient fort inquiets : l’interprète
Syrién , aussi lâche que scélérat,
versoit des larmes de frayeur : tous me blâ-
moient hautement, et ne douaient pas de
notre perte, lorsqu’ils me virent assis sur le
sable au milieu d’une douzaine de ces vilains
fellahs 3 tirant à chaque instant ma bourse,
et payant le prix d’idoles 011 de médailles
antiques a tous ceux quj m’«en apportaient;
je fis ainsi qne assp? ample collection de fragmens
d’antiquité; et je dois dire, en faveur
des habitans d$ Gournei ^ qu’ils mirent dans
ces petits marchés, qui nous occupèrent une
bonne partie de la jpurnée, la même bonne
foi et ja même exactitude, que s’ils eussent
été les plus honnêtes gens d|u monde.
Presque toutes les médailles - dont je fis
l’acquisition, étoiept de peu de valeur. Le
plus grand nombre étoit eu enivre et des
■PtQlopioe* If y cq ^voit trois -on quatre.
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