que les Egyptiens appellent le marc cîe l’huile
desúsame, auquel l’on ajoute du miel et du
jus de citron. Ge ragoût est fort en vogue, et
certes, il ne le mérite guère; car, désagréable à
la vue par sa couleur, et sa consistance à demiliquide
, il l’est encore au goût par sa saveur.
%
L ’huile que l’on tire de la graine du sésame,
et que l’on nomme en Arabe siritch , est
aussi fort estimée en Egypte. On l’y préfère
à celle d’olive, à laquelle elle est de beaucoup
inférieure, et, dans le vrai , elle ne
passera jamais chez les Européens que pour
propre à brûler et à faire des fritures.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que le sésame
et son huile ont été en recommandation en
Orient. Les Babyloniens (les anciens habitan
» de Bagdad ) ne se servoient, au rapport
d’Hérodote, que de l’huile qu’ils exprimoient
du sésame (i). Pline en parle comme étant ■ I
également bonne à manger et. à brûler (2) ;
et Dioscoride dit que les Egyptiens eu fai-
soient un grand usage (3). Il est probable que
les peuples actuels des mêmes pays, fort igno-
rans dans la manipulation des huiles, puisque
G) Lib. J. Traduct. et Note du cit. Earcher.
(2) Lib. X V I I I 5 cap 10.
(3) Lib. Z, cap. fZi.
, - celle
celle qu’ils retirent de l’olive est fort mauvaise
et propre seulement à la fabrique du.
savon et à l’usage des manufactures , ne savent
pas donner a l’huile de sésame les qualités
qu’elle-pourroit avoir, et qu’ elle possédoit
vraisemblablement autrefois.
Naturelle aux contrées les plus chaudes de
l’ancien continent, la plante que l ’on y appelle
semsem , est connue en Europe sous le
nom de sésame, et encore sous celui de
jugéoline 3 qui n’a aucun rapport avec sa
dénomination originaire. Elle a beaucoup de
ressemblance avec les digitales (1). Sa culture
est très-répandue en Egypte et dans plusieurs
cantons du Levant ; elle commence même à
se propager en Italie, mais j’ai vu des graines
de ce sésame d’Italie, lesquelles étoient moius
grosses et moins nourries que celles; d’Afrique.
Cette plante réussit aussi fort bien dans la
Guiane Françoise, colonie négligée, discréditée
, et de laquelle néanmoins la France
pourroit tirer de grands avantages et de
grandes richesses. Les nègres y cu lti voient le
sésame dans leurs jardins et en exprimoient
une huile qui étoit une douceur pour des
(0 Digjtahs orientalis, Sesamum dicta. Tournef
Inst. ra lierb. — Sesamum indicum. L, /
Tome I I I . ji