que ceux qui, par leur nombre, la couleur
sombre de leur plumage et leur cri plaintif
et lugubre , rendent le séjour des villes de
l’Egypte plus attristant, au lieu de l’égayer.
Ceux-ci se tiennent en troupes sur le bord de
l’eau et presqu’immobiles pendant une partie
de la journée , sans doute pour attendre le
poisson au passage.-Vers le soir, je vis une
troupe d’oies sauvages.
J’observai que les babitans de ces contrées
élevées de l’Egypte nourrissoient une espèce
de chiens assez approchante de celle du chien
de bergfer. Leur voix est extrêmement affoi-
blie ^ ils peuvent à peine aboyer. Tel est,
cçmme l’on sait, l’effet que produit sur les
chiens l’influence des climats très-chauds.
Nous avions été contrariés par le vent pendant
toute la journée. Le soir il devint favorable,
et nous en profitâmes pour continuer
notre navigation. La nuit étant très-obscure,
nous nous arrêtâmes à une île de sable en
attendant le lever de la lune.
Au-dessous de cette île , le Nil fait une
grande sinuosité ; le courant mine le bord
occidental, lequel est escarpé dans ce large
coude, et il en détaché d’énormes morceaux
de terre limoneuse. La chute fréquente de
pareilles masses rend le passage de cet en- '
droit fort dangereux pour les bateaux, qui
risquent d’en être submergés. Nous l’avions
franchi sans accident, quoiqu’à chaque instant
il tombât devant et derrière nous de
grandes pièces séparées du bord : je m’ap-
plaudissois d’être quitte d’un péril contre
lequel l’on n’avoit pas à lutter ; rirais nous
nous y trouvâmes exposés de nouveau et
d’une manière bien désagréable, par le peu
de prévoyance de l’équipage du bateau.
Le reis et les matelots dormoient sur le
sable ; je venois de passer la moitié de la nuit
à veiller, et je m’étois endormi après avoir
remis la garde à deux de mes compagnons ;
mais ceux-ci avoient eédé au sommeil. Le
kanja , mal fixé contre le rivage, se détacha,
et le courant l’emporta avec beaucoup
de rapidité. Nous dormions tous ; personne
de nous , non plus que les matelots couchés
sur le sable, ne s’appereut de notre manière
de naviguer à l’abandon. Après avoir flotté,
au gré du courant, l’espace d’une bonne
lieue, le bateau, entraîné avec vitesse, donna
un chqp terri blé contre le rivage , précisément
un peu au-dessous de l’endroit d’où la
plus grande partie des terres s’ébouloit.
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