Avéc une cuirasse d’écailles qni repoussent la
balle, ils sont très-difficiles a tuer; j’èspérois
parvenir à leur fracasser la tête à coups de
fusil«,' chargé d’un lingot ; mais, soit qu’ils
fussent aussi impénétrables dans cette partie,
soit que blessés seulement ils allassent mourir
quelque temps après au fond des eaux, tous
ceux que je tirois plongeQient et disparoissoient
aussitôt.
Aux environs de Thèbes, le petit bateau
dans lequel je remontois le fleuve étoit souvent
entouré de crocodiles à fleur d’eau : ils
nous regardoien-t passer avec insouciance ;
ils ne témoignoient, à notre approche, ni
crainte, ni intention de cruauté^Le bruit
des coups de fusil pouvoit seul les déranger
dans leur apathique tranquillité. Us ne montent
jamais contre les barques , et, quelque
peu élevées qu’elles soient au-dessus de
l ’eau , l’on y est en sûreté contre leurs attaques.
Mais il faut éviter de plonger les bras
ou les jambes dans l’eau; on courroit risque
de les avoir emportés par leurs dents pointues
et tranchantes.
Trèsragiies dans l’eau, qu’ils fendent avec
rapidité, ils n’avancent que lentement sur
la terre; et, à- moins que jeu^r couleur de
limon et la couche de boue dont ils se cou- J ' f ’F t ; * ' » r
vrent en marchant sur les bords vaseux du
Nil, ne les déguise assez, pour qu’on ne les
apperçoive pas , et pour en être surpris,
ils sont peu dangereux hors de l’élément
dans lequel ils ont plus de force et plus de
liberté. '
.C’est sur les rives fangeuses du Nil qu’ils
déposent leurs oeufs; c’est là aussi qu’ils s’accouplent.
La femelle, qui, dans l’accouplement
, est renversée sur le dos, a beaucoup
de peine à se relever ; l’on dit même qu’elle
ne peut changer sa situation ni se retourner,
sans le secours du mâle. Croira-t-on que,
dans la haute Egypte , il se trouve des
hommes qui, entraînés par l’excès d’une dépravation
et d’une brutalité sans exemple,
profitent de cette position forcée de la femelle
du crocodilè , mettent en fuite le % ■ ~ 1 * p n . « ■ 1 ' . ^ * * i x D v l ’M t 0 » T V . * r • 4 ‘ r » . "* 1 * » 4 n N l » ' r ^ l ' I F . ■ • . * » i m 1 i . «£V*
mâle , et le remplacent dans de monstrueux
ébats? Horribles embrassemens, épouvantablesjouissances,
dont la connoissance manquoit
encore aux pages dégoûtantes de l’histoire
de la perversité humaine !
Là fécondité du crocodile seroit un terrible
fléau pour les pays qu’il habite, si des ennemis
nombreux, parmi lesquels la tortue du