qui n’auroït plus lieu, ils -se récrièrent beaucoup.
A les entendre, je leur en devois encore
pour les démarches qu’ils avoient faites ;
je les menaçai de porter mes plaintes au
prince Arabe, Ismaïn-Abou- AU ls me rapportèrent
cinq sequins. J’abandonnai les vingt
autres, plutôt que de rester plus long-temps
exposé aux trames de ces deux coquins,
et je pris le parti de continuer ma route
vers les ruines de l’ancienne ville de Thèbes.
En rassemblant mes effets, dans l’espèce
de chambre que j’occupois , je vis qu’une
espèce de grande guêpe, à ailes violettes,
avoit bâti son nid contre l’intérieur de la
bo'éte en bois d’une grande boussole. Le
gâteau étoit en terre, de forme à-peu-près
ovale, et percé d’une ouverture ronde dans
son milieu. Chaque cellule contenoit une
larve ressemblante à un petit ver de couleur
verte de pré.‘Autour de ce gâteau, il y en
avoit d’autres qui avoient été commencés et
abandonnés avant d’être achevés.
L ’ardeur excessive du soleil faisoit de la
contrée que je parcourois une région vraiment
torride. Pendant mon séjour à Kous,
le thermomètre de Réaumur, placé à l’ombre,
montoit à trente-rcinq degrés.
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Nous partîmes de Kous le 17 juillet, accompagnés
de quatre Arabes. Nous, suivîmes
le Nil, à cheval> du côté de l’Orient. Nous
nous arrêtâmes , au milieu du jour, dans
un village, dontle nom, Nouzariè , indique
qu’il est peuplé de Coptes ou de chrétiens
d’Egypte. Nous arrivâmes bientôt à KarnaJCj
misérable village , dont les chaumières ser-
viroient à réhausser l’éclat des superbes
ruines qui les entourent, s’il y avoit dans
le monde rien de comparable aux restes de
Thèbes, ville célèbre de l’antiquité, qui
fut chantée par Homère. Une lieue plus
loin est L u x or 3 autre'village, bâti à ^’extrémité
méridionale de l’emplacement que
cette ville fameuse occupoit de cç côté du
fleuve. Il auroit fallu plus de temps que je
n’en ai eu , et plus de sûreté qu’il n’en ré-
gnoit sur ce sol , couvert de ruines et de
brigandages, pour examiner en détail des
débris que l’immortalité a arrachés aux chocs
des siècles et aux fureurs de la barbarie. Il
ne seroit pas moins difficile de peindre les
sensations que produisirent en nioi la vue
d’objets aussi grands , aussi majestueux. Ce
n’etoit pas une simple admiration, mais une
extase qui suspendoit l’usage de toutes mes