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très-beau rubis qu’il portoït à son doigt,
et que l’on avoit trouvé dans les. ruines de
Dendera.
Le caillou dont je viens de parler, n’est
pas le seul auquel on attribue des vertus qui
n’ont de réalité que dans l’imagination des
Egyptiens. L ’on me montra une petite pierre,
que l’on appeloit la pierre de venin par excellence
( hadsjar sem). Prise en poudre,
et en petite dose, elle passe pour détruire
le poison des serpens et des autres bêtes
venimeuses. Les charlatans de tous les pays
se servent de cette sorte de pierre pour
tromper la multitude ; e t, afin de lui donner
plus de crédit, ils disent qu’ils l’ont tirée
de la tête d’un serpent ou d’un dragon. Au
Vrai, ce n’èst qu’une concrétion spatheuse,
qui tient toute son efficacité de la superstition
et de la crédulité. '
Il en est de même de la pierre de Benâzir
( hadsjar Benazir ) , qui prend son nom
d’un village près duquel on la trouve communément.
Les habitans de l’Egypte la regardent
comme un autre antidote précieux.
Lorsqu’on la frotte contre un vase dans
lequel il y a quelques gouttes d’eau, elle
blanchit l’eau,, et la rend comme du lait*
Ma science médicinale fut mise à une rude
épreuve , avant mon départ de Kous. Le
nouveau Kiaschef tomba de cheval, et se
démit l’épaule. Il m’honora d’une confiance
qui ne pouvoit être plus importune.'J’eusse
fait valoir en vain la distinction que l’on a
établie entre la médecine et la chirurgie;
elle n’auroit pas été comprise, et l’aveu de
mon incapacité n’eût pas été sans danger. I l
fallut donc me transformer en chirurgien;
mes compagnons devinrent mes. aides. G’ètoit
un assez singulier spectacle de nous voir
tourmenter d’efforts'inutiles le Mamelouck,
qui , ne s’appercevant pas* de notre maladresse,
souffroit avec patience les douleurs
d’une opération mal faite. J’avois à Craindre
que-mon malade ne me retînt près"de lui*
et, de peur que la fantaisie ne lui en prît,
je partis, le soir même, pour Renné , où
j’arrivai dans la nuit du 23 Juillet.