Mourat bey. J’en reçus un trës-bon accueil,
Désirant de m’entourer du plus de considération
et d’appui qu’il me seroit possible,
dans une ville où je voulôis faire quelque
séjour, je me rendis aussi chez Ibrahim
3 K ia s ch e f préposé au recouvrement
des droits dus par les caravanes de Nubie.
C étoit bien le meilleur homme du
inonde.
Ce dernier me prêta ses chevaux pour
nous rendre aux montagnes qui forment,
derrière 'Siout, un amphithéâtre de roches
et de stérilité, et dont le pied-est à un grand
quart de lieue de la ville. Le revers de ces
montagnes qui regarde le Nil, paroît de
loin comme criblé de trous de différentes
formes. Ce sont les ouvertures d’excavations
pratiquées dans le roc , qui est calcaire.
Quelques-unes de ces entrées sont en voûte;
les autres sont en carré long. Elles sont
d un beau travail et chargées de figures
symboliques enfre lesquelles on remarque-,
au dehors comme au dedans, celle d’un
homme de grandeur naturelle ¿ appuyé d’une
main sur un bâton. La plupart des cavités
forment des salles * très-spaçieùsps et hautes
d’environ trente pieds. Quelques-unes ont
leur intérieur couvert de figures et de carac-*
tères hiéroglyphiques, que le temps a effaces
en grande partie. L ’on y distingue encore
des restes de peinture sur les plafonds et
dans les creux des figures. Ces salles reçoivent
la lumière par des soupiraux ménagés
dans le rocher ; elles ont aussi des
puits profonds creusés en carré , et dans lesquels
il n’est pas possible de rien voir ni
de descendre. J’ai visité quatre à cinq de
ces vastes souterrains, et je ne crois pas
qu’il y en ait davantage sur le revers de la
montagne près de Siout ; mais ils sont environnés
d’une multitude de grottes plus
petites et dont les ouvertures sont en ceintre,
tandis que celles des grandes sont toutes en
lignes droites.
Ces excavations si nombreuses dans la
plupart des montagnes de la Thébaïde, ont
parues des choses fort extraordinaires aux
.Voyageurs un peu anciens. Paul-Lucas y
voit l’habitation des premiers hommes après
le déluge, et par conséquent les premières
villes.du monde (i). Vansleb, penchant toujours
vers le merveilleux, et disposé à croire à
la-sorcellerie,y a entendu des bruits étranges,
(i) Voyage en 1714, tome* II,